Dans les faubourgs de la ville antique de Vienne se déroule actuellement une fouille archéologique préventive sur une parcelle de 5500 m², en préalable à la construction de quatre immeubles de logements. La commune de Sainte Colombe est connue depuis le XIXe siècle pour sa sensibilité archéologique, notamment après la découverte de plusieurs mosaïques témoignant de la présence de riches demeures appartenant à la colonie romaine de Vienna.
Un vaste espace public au bord du fleuve
A la suite du diagnostic réalisé par Michel Goy (Inrap), les premières investigations conduites par Archeodunum, sous la responsabilité de Benjamin Clément, ont révélé un secteur public à l’est, en bordure des quais du Rhône, qui correspond à une vaste place dotée d’une fontaine monumentale et bordée de portiques soutenus par trois rangées de colonnes. Cet aménagement d’envergure correspond sans doute à un vaste gymnase en lien avec les Thermes du Sud qui bordent l’emprise de fouille. Il est implanté au début du IIe siècle et se développe sur une surface restituée de prés de 1350 m².
Il vient supplanter un premier espace public du Ier siècle qui prend la forme de séries de boutiques (tabernae) dédiées à la production artisanale (métallurgie, vente de denrées alimentaires, etc…) et entourant une vaste place dotée d’un bassin d’agrément. Un entrepôt vient compléter ces aménagements qui sont sans doute liés à la présence toute proche des quais du Rhône. Au IVe siècle, le gymnase est abandonné et un grenier sur plancher et vide sanitaire est implanté dans la partie nord-ouest du secteur. Enfin, une nécropole du haut Moyen-Âge comprenant une quarantaine de sépultures constitue la dernière trace d’occupation du site.
La voie de Narbonnaise et ses abords
La voie de Narbonnaise, édifiée par Agrippa autour des années 10 av. J.-C., limite cette opération à l’ouest. Elle est pavée de larges dalles de granite et longée par un portique monumental ouvrant sur des espaces à destination économique et artisanale. En fond de parcelle, une première domus organisée autour d’un petit jardin de 70 m² a été reconnue dans son intégralité. Sa décoration est soignée comme en témoigne la découverte d’un cubiculum (bureau) de 16 m² dotée d’une mosaïque dont le médaillon central représente l’enlèvement de Thalie, la muse de la comédie, par Pan, une divinité de la suite bachique.
Une seconde domus organisée autour d’un vaste jardin est en cours d’exploration plus au nord. Elle a été détruite par un incendie dans la seconde moitié du IIe siècle, préservant sa riche décoration ainsi que ses étages effondrés sur les sols du rez-de-chaussée. Cet état de conservation exceptionnel laisse présager de nombreuses et riches découvertes et permettra d’appréhender avec une grande précision la vie quotidienne dans la ville antique de Vienne.