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Ollioules - Quartier Quiez


Des occupations du Ve millénaire et du Néolithique final, un vignoble et une nécropole antiques.

L’opération de fouille archéologique préventive qui s’est déroulée sur le site de Quartier Quiez à Ollioules (Var, 83) entre le 6 mai et le 29 novembre 2019 s’inscrit en amont d’un projet immobilier de construction. L’emprise du projet piloté par COGEDIM a fait l’objet d’un diagnostic archéologique réalisé par l’INRAP en 2018 sous la direction de F. Conche et L. Ben Chaba. Ce diagnostic a permis d’identifier de nombreuses structures matérialisant une occupation longue depuis le Néolithique ancien jusqu’à l’époque contemporaine, avec notamment la découverte d’une nécropole antique. Ces résultats confirment les données obtenues lors d’un diagnostic mené en 2014 par l’INRAP (F. Conche) sur la parcelle voisine et de la fouille qui s’ensuivit (Chronoterre, B. Gourlin).


  Une première étape de fouille a été consacrée à l’étude du bâti, une bastide des XVI/XVIIe siècles occupée continuellement jusqu’à nos jours, puis deux autres phases de fouille sédimentaire (liées aux contraintes techniques de décapages) se sont succédé. Au total ce sont ainsi 1441 structures qui ont été mises au jour pour 3509 unités stratigraphiques enregistrées.
  La fouille a été réalisée sur une surface de 17 305 m². Elle a révélé la présence de nombreux vestiges répartis sur l’ensemble de l’emprise. Les différentes occupations semblent se poursuivre en dehors des limites d’emprise, dans toutes les directions. Les parcelles fouillées en pente présentent des qualités de conservation différentielle différente. Le nord est plus arasé que le sud qui a accumulé une importante sédimentation. Le sud-ouest est marqué par un léger replat, vestige d’une ancienne zone humide héritée de multiples dépressions sédimentaires. Cette zone était déjà complètement asséchée dès l’installation des premières structures néolithiques, mais elle devait probablement conserver préférentiellement un peu d’humidité, favorisant notamment la plantation des vignes antiques dans ce secteur.

 Du Néolithique ancien au Néolithique final à Ollioules

Une première occupation datée de la transition entre le Néolithique ancien et le Néolithique moyen a été identifiée par quelques structures situées en partie sud de l’emprise fouillée. Il s’agit notamment de deux structures de combustion à pierres chauffées en secteur 2 et d’un silo et d’une fosse plus au sud en secteur 1. La détermination chronologique de cette occupation est confrontée à la ténuité d’un mobilier peu caractéristique, mais se trouve confortée par plusieurs datations par méthode radiocarbone pointant la première moitié du Ve millénaire. Le faible nombre de vestiges attribués à cette première occupation ne permet pas d’en établir une structuration particulière.
  Quelques indices, perceptibles dans le mobilier céramique notamment, semblent indiquer que le site est peut-être toujours fréquenté durant le début du Néolithique moyen. Néanmoins c’est durant la première moitié du IIIe millénaire que le site semble considérablement réinvesti. Cette occupation se traduit par la présence d’une trentaine de structures réparties depuis le secteur 3 jusqu’au secteur 1 en se densifiant au sud. Onze structures de combustion à pierres chauffées accompagnées de fosses, d’un puits, de trous de poteau, de silos et de quelques lambeaux de paléosol témoignent de l’aménagement à vocation domestique de cette partie de l’emprise de fouille durant le Néolithique final. Une sépulture dans un silo réinvesti complète cet ensemble. La chronologie établie par le mobilier céramique notamment et les datations radiocarbones permettent d’attribuer cette occupation au Couronnien, culture du Néolithique final provençal. Une structure particulière par ses dimensions et la nature de ses comblements se démarque des autres. Il s’agit d’une grande fosse sub-circulaire d’environ une quinzaine de mètres de diamètre qui recoupe d’autres structures, fosses et silos notamment. Sa puissance stratigraphique de plus de deux mètres témoigne d’une première phase de comblement liée au nettoyage et à la vidange d’éléments architecturaux (en terre crue notamment) incendiés et en provenance des abords proches de la structure. Cette partie de l’occupation du Néolithique final semble marquée par la destruction par un incendie d’un bâtiment à l’architecture mixte à proximité, mais qui n’a pu être identifié. Les environs immédiats de cette fosse semblent connaître une baisse des activités anthropiques avant de reprendre avec intensité, terminant de combler cette vaste substruction.
  Quelques témoins discrets d’une occupation durant les trois derniers siècles avant le changement d’ère ont été identifiés dans les comblements supérieurs de structures en creux comme un puits en secteur 1 et un grand linéaire dont la nature exacte entre fossé et rivière entretenue n’a pu être tranchée. Une datation radiocarbone cible les trois derniers siècles avant le changement d’ère. Il a été obtenu sur une structure de combustion identifiée comme un four très arasé et à la destination imprécise, probablement pour une petite production domestique.

Des vignobles et une nécropole antiques

  L’emprise anthropique du site se densifie considérablement durant le premier siècle de notre ère avec la présence d’une voie d’environ quatre mètres de large et encadrée de fossés bordiers entretenus dans l’angle nord-ouest de l’emprise fouillée. Au sud de celle-ci se développe un vignoble conséquent et dont la culture s’étale sur le temps long comme en témoignent les très nombreuses reprises de fosses et les fosses de provignage conférant par endroit un aspect de réseau quadrillé très dense de plantations de vignes. Le nord de l’emprise fouillée semble changer de statut vers la fin du IIe siècle de notre ère avec l’installation des trois premières sépultures orientées parallèlement à la voie située immédiatement au nord et la construction d’un probable grand mur d’enclos. Ce secteur sera continuellement utilisé comme nécropole jusqu’à la fin du VIe siècle ou au tout début du VIIe siècle. Le mur d’enclos ceint un espace contraignant l’installation des sépultures dans un espace restreint ce qui se traduira par la reprise de nombreuses fosses sépulcrales et la remobilisation des squelettes des précédents défunts alors réduits et redéposés dans les fosses les plus récentes. Une partie de cet espace est occupé par plusieurs fosses de travail superposées et accompagnées de leurs fours, mais dont la production ne peut être déterminée. Les liens entretenus, ou pas, entre ces zones d’activités « artisanales/domestiques » et la nécropole ne sont pas clairement établis. Plusieurs autres structures gravitent autour de la nécropole durant son utilisation, essentiellement des fosses et des trous de poteau. Durant le Ve siècle une réorganisation de l’espace se traduit par l’abandon de la voie au nord, qui est alors recoupée par un puits et par un mur, et l’utilisation d’un nouvel axe viaire perceptible par ses deux fossés bordiers immédiatement au sud de la nécropole. Les sépultures contemporaines s’alignent alors selon son tracé. Cet axe se fond totalement dans l’extrémité orientale de la RN8 peu après le giratoire de la Coopérative et avant son inflexion vers le nord après un deuxième rond-point. L’enclos n’est plus en état, la voie le recoupant son angle sud.

La perduration du site durant les époques médiévales et modernes

  Durant le VIe siècle, plusieurs structures témoignent d’une intense phase de spoliation. Tout d’abord l’énorme ensemble fossoyé ENS3353 d’une superficie de 410 m² montre l’ampleur de ces atteintes. Il semble qu’il s’agit d’une substruction destinée d’abord à la récupération d’un probable bâtiment puis à l’exploitation d’autres ressources en sous-sol. Plusieurs tranchées de récupération ont été identifiées en partie nord du secteur 3 qui concentre l’essentiel de l’occupation antique postérieure aux vignes.
  Cette phase de récupération marque l’abandon du site jusqu’à un réinvestissement beaucoup plus tardif perceptible au cours du XVIe au plus tôt. Cet abandon est probablement à mettre en lien avec un phénomène de déprise observé à Toulon pour la fin du Ve et le courant du VIe siècle. Au cours du XVIe siècle ou de la première moitié du XVIIe siècle, une construction de plan plus ou moins carré s’installe dans la zone centrale de l’emprise de fouille. Ce bâtiment évolue suite à plusieurs programmes d’aménagement en une habitation plus confortable. Ce bâtiment est longé au sud par une voie caladée établie en terrasse à flanc de pendage. Au XIXe siècle, la perte de surface d’activité ou de réserve a conduit d’une part, à l’agrandissement du mas et d’autre part, à la construction de bâtiments annexes. Une imposante substruction linéaire voit l’installation d’un système d’adduction d’eau traversant une bonne partie de l’emprise fouillée et débouchant au niveau d’un bassin documenté par le cadastre de 1829. Les bâtiments seront continuellement occupés jusqu’à notre intervention en 2019.


Commune : Ollioules

Adresse/lieu-dit : Quartier Quiez

Département/Canton : Var

Année de fouille : 2019

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Néolithique,Période moderne

Responsable d'opération : Bruno BOSC-ZANARDO

Aménageur : Cogedim

Raison de l'intervention : Construction de logements

Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)


Plaquette de présentation du site


Sous le Clos des Oliviers à Ollioules : plusieurs milliers d’années d’histoire humaine.