Pontivy - Tracé RD 764- Kernaud
Le site de Kernaud1 est localisé au nord de la commune de Pontivy dans le nord du Morbihan (56), en limite de la plaine alluviale du Blavet (canal Nantes-Brest). Il est positionné entre les formations alluvionnaires anciennes et celle du Briovérien au niveau des premières courbes de niveaux qui vont ensuite s’accentuer légèrement en direction du sud et du sud-ouest. Le secteur est connu depuis les campagnes de prospections des années 1980’ avec une multiplication des indices de sites au cours des deux dernières décennies (Naas, 1990 à 2015). La prescription de fouille (2016-139 du 29 mars 2016) portant sur le site de Kernaud 1, fait suite aux aménagements en lien avec le contournement nord de la commune entre les routes départementales D764 et la D768A. Le diagnostic réalisé en deux tranches (2011 et 2015) a permis d’enrichir notre connaissance du secteur avec l’identification de nombreuses traces d’occupations depuis la préhistoire jusqu’à la période contemporaine. Le tracé du projet traverse la plaine alluviale du Blavet sur le territoire de plusieurs communes (Malguénac, Cléguérec, Neulliac et Pontivy) et en contournant au nord celle de Pontivy. Le site de Kernaud1 a été découvert au cours de la deuxième tranche des travaux de diagnostic. La présence de nombreux fossés sur cette portion du diagnostic (Crowch 2016) a nécessité une investigation plus approfondie. En effet, plusieurs indices concordaient pour l’identification d’une ou plusieurs enceintes sur le secteur 4.
La fouille a permis de mettre au jour la présence d’un réseau de systèmes fossoyés qui peuvent correspondre à un ou plusieurs établissements. Il faut préciser que l’emprise tout en longueur, n’a pas permis d’appréhender dans leur totalité les grands aménagements qui structurent l’espace. Il est possible de distinguer trois groupes de réseaux fossoyés qui semblent fonctionner selon un schéma distinct.
Le premier ensemble de fossés est localisé au centre de l’emprise avec plusieurs tronçons de fossés présentant soit une orientation commune, soit une morphologie proche. L’analyse spatiale de ces structures permet de proposer au moins trois hypothèses de regroupement. La première proposition repose sur l’idée d’une seule enceinte avec un système d’entrée à l’ouest ouvrant sur un espace intérieur se développant à l’est. La façade ouest présente une seconde barrière interne qui flanque à l’est la porte d’entrée. Le côté ouest offre ainsi soit deux états distincts d’aménagement, soit un fonctionnement concomitant. La seconde proposition est fondée sur un système d’enceinte avec deux enclos accolés offrant un établissement avec deux espaces contiguës. La troisième hypothèse serait d’y voir deux enceintes distinctes et non contemporaines dont l’étendue reste indéterminée. Les deux premières propositions sont appuyées par l’étude du mobilier céramique qui précisons-le, est peu conséquent. En effet, la grande homogénéité du corpus permet de dater ces vestiges entre la fin du IIe et le début du Ier siècle a. J.-C. permettant de proposer l’existence d’un seul établissement avec une organisation qui reste largement incertaine. L’espace de fouille n’a pas permis d’observer les retours des fossés qui auraient pu offrir plus de renseignement sur l’agencement de l’occupation. Il faut compléter ces aménagements avec deux structures de combustions découverte de part et d’autre de l’entrée. FY1152 est constitué d’une succession d’au moins deux niveaux de sole sur un niveau de préparation en pierre, le tout inséré dans une fosse oblongue. La seconde est mise en place à l’intérieur du fossé sud de l’entrée (FO1035). Elle est réalisée avec une épaisse sole en terre qui épouse le fond du fossé.
Le second groupe de fossés est situé dans l’angle nord-ouest de l’emprise. Comme le précédent, le tracé des aménagements est incomplet. Les tronçons se poursuivent au-delà des bermes ouest et nord. Là encore trois hypothèses sont envisageables. Deux tronçons de fossés principaux se succèdent dans le temps mais semble garder un schéma commun. Le plus ancien de forme curviligne et l’autre quadrangulaire enserre un espace ouvert vers le nord-ouest. La première hypothèse correspond à deux états successifs d’une seul et même enceinte. La seconde accepte ces aménagements comme partition interne d’un espace plus vaste. La troisième probabilité réside dans deux enceintes distinctes. Encore une fois, l’étude de la céramique date les rejets découverts dans les comblements entre la fin du IIe et le début du Ier siècle a. J.-C. Si l’on s’arrête à la datation du mobilier, ces aménagements pourraient appartenir à une partition interne d’un système d’enclos plus vaste et englobant les tronçons du centre et ceux de l’angle ouest.
Le troisième groupe de fossé est découvert dans la partie est de l’emprise. L’orientation de ces aménagements coïncide avec ceux du centre de l’emprise. Ces tronçons se poursuivent au-delà des bermes nord et sud. Deux hypothèses sont probables, si l’on admet qu’ils participent à une gestion commune de ce secteur. La première proposition admet ces aménagements comme faisant partie intégrante de ceux du centre de l’emprise offrant un extension d’un seul établissement vers l’est. La seconde permet de rattacher ces fossés à une gestion du terrain plus vaste et qui reste indéterminée. L’absence de mobilier dans le comblement de ces structures n’apporte pas plus d’information.
La fouille a permis de découvrir plusieurs ensembles de trous de poteaux dont l’identification est parfois incertaine. Il est clair que les concentrations de structures marquent l’emplacement de construction. Toutefois, l’analyse spatiale s’est souvent révélée infructueuse. Il faut signaler la présence de trente trous de poteau localisé au centre de l’emprise. Ils forment un plan en U très irrégulier, couvrant une surface d’environ 200 m² ouverte au sud-ouest. Il est possible d’y voir les vestiges d’une probable palissade qui aurait subi des réfections. L’identification est incertaine avec des structures très arasées et une absence de mobilier dans les comblements. Néanmoins, il est clair qu’un aménagement est positionné à cet endroit contre les vents dominant de l’ouest et du nord-ouest, offrant un large espace protégé.
Deux autres ensembles de trous de poteaux appartiennent à de probables annexes. Au centre de l’emprise, l’UNF1115 est réalisé sur deux tierce de poteaux couvrant une surface d’environ 9,8 m² sur un axe NO-SE. La construction semble subir une réfection de l’angle nord-ouest et la façade ouest. En effet, un quatrième poteau vient flanquer à l’ouest la tierce nord. Un cinquième poteau est ajouté à la tierce sud, entre les deux poteaux les plus à l’est. Cet aménagement peut être assimilé à une annexe dont la fonction reste indéterminée. La forte puissance et le diamètre des poteaux a sans doute permis le support d’une lourde charge. Le deuxième ensemble est positionné à l’ouest, contre la berme nord. L’UNF1007 regroupe dix poteaux formant un plan en U d’axe NE-SO sur une aire de 7,4 m². La faible surface laisse envisager une structure de type annexe dont la destination est inconnue. Il reste à présenter deux paires de poteaux massifs découvert le long de la berme nord présentant un écartement respectif d’environ 2,5 m. Ils sont sans doute à rattacher à un plan quadrangulaire à au moins quatre poteaux. Il est aisé d’imaginer la présence sous la berme nord des paires manquantes.
Le mobilier est principalement composé de restes de céramique, de quelques éléments en lithique (dont une meule rotative) et de restes de terres cuites indéterminée. Les données chronologiques n’ont pas permis d’identifier les probables phases d’occupations. La grande homogénéité de la céramique laisse penser à la présence d’une seule occupation qui s’étendrait au-delà de l’emprise de fouille. Toutefois, la vision tronquée du terrain ne permet pas d’être affirmatif. Comme nous l’avons vu, l’analyse spatiale reste assez incertaine avec plusieurs choix possibles. L’absence de tracé complet des fossés ne permet pas rattacher ces réseaux fossoyés aux différentes nomenclatures existantes (Arbousse-Bastide 2000 et Gauthier et al. 1999)
Ces données reflètent la présence d’au moins un établissement à vocation agro-pastorale, mais celle-ci ne peut pas être exclusive. Toutefois, les données ne permettent pas d’avancer une fonction différente en l’état de nos investigations. La chronologie provenant de l’étude céramique place cette occupation au cours d’un mouvement « généralisé » et identifié sur l’ensemble du territoire national. En effet, au cours du IIe s. a. J.-C., une multiplication des établissements à la vocation agro-pastorale permet de rattacher le site de Kernaud1 à ce mouvement (Colin et Verdin 2013).
Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :
Quelques images du site :
Commune : Pontivy
Adresse/lieu-dit : Tracé RD 764- Kernaud
Département/Canton : Morbihan
Année de fouille : 2016
Période principale d'occupation : Age du Fer
Responsable d'opération : Mohamed SASSI
Aménageur : Département du Morbihan
Raison de l'intervention : Aménagement routier
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)