Saint-Savin - Les Communaux de Sartine
L’opération a été réalisée à Saint-Savin (Isère), dans les lieux dits « Les Communaux de Sartine et les Grands Marais », localisés à l’ouest du village actuel. Celle-ci a été menée dans le cadre d’un projet d’extension d’une carrière d’extraction de sable initié par la société Xella Thermopierre. La fouille a été réalisée à la suite d’un diagnostic effectué par l’Inrap sous la responsabilité de Stéphane Bleu. La mise en évidence de vestiges se rapportant à une occupation antique, a entrainé la prescription par le Service Régional de l’Archéologie de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, d’une fouille préventive portant sur une surface de 10000 m2.
Le site s’inscrit dans le contexte des anciens « grands marais » de Bourgoin-La Verpillière, au sein du bassin oriental, d’orientation sud-ouest - nord-est. Ce bassin s’étire sur une dizaine de kilomètres de longueur entre l’Isle d’Abeau et Soleymieu. La commune de Saint-Savin s’étend en partie dans cette dépression, ainsi que sur les collines molassiques du Bas-Dauphiné qui la dominent de plus de 150 m. Le site est localisé plus précisément vers le centre de la dépression, à moins de 2 km à au nord-ouest du débouché du ruisseau de Saint-Savin au sein du marais. Le substrat géologique du site se compose d’alluvions sableuses périglaciaires.
Malgré un arasement marqué du terrain lié à plusieurs facteurs (labours, exploitation de la carrière, érosion de la butte sableuse), une petite exploitation rurale couvrant une période allant de la fin du Ier à la fin du IIe siècle a pu être documentée.
L’occupation du site semble couvrir une période relativement courte. En effet, les marqueurs chronologiques ont livré des datations extrêmement proches, ce qui sous-entendrait que l’occupation s’est faite sans discontinuité dans un laps de temps réduit.
Les premières traces d’occupation n’ont été identifiées sur le site que de manière résiduelle. Il s’agit essentiellement de mobilier (TCA, céramique…) utilisé comme éléments de calages, remblais ou découverts en situation secondaire dans les niveaux fouillés. Ainsi, un premier horizon chronologique se dessine au cours de la seconde moitié du Ier siècle et le début du IIe siècle de notre ère bien que les traces effectives en soient quasi absentes. Seules exceptions à cette absence, trois structures bien identifiées comme une sépulture à inhumation, un puits et un fossé qui lui préexistait avant cette phase et a contraint l’orientation générale de l’occupation. Il est possible que les traces de cette première phase aient complètement disparu à la suite de l’arasement du site, de la spoliation des vestiges ou qu’elle ait été située en dehors de l’emprise de fouille.
Une occupation plus marquée du site débute par une succession de remblais venant combler une dépression naturelle à partir du milieu du IIe siècle. Des structures en creux éparses semblent correspondre à cette phase.
Immédiatement à la suite de ces travaux est implanté un bâtiment maçonné (ENS. A) au début du troisième quart du IIe siècle. Ce bâtiment s’est avéré très arasé mais ses dimensions reconnues (environ 12 x 14 m) ainsi que les bribes de son plan ont motivé à le rapprocher des granges carrées à porche entre deux pavillons. La présence de sépultures, ainsi que du puits, d’un éventuel silo et de fosses à inhumations animales couplés à un mobilier varié découvert sur le site plaident pour une utilisation plurifonctionnelle de cet ensemble en tant que bâtiment d’exploitation et d’habitat.
Le reste du site semble s’organiser autour de ce bâtiment nouvellement créé. Les réseaux de fossés ainsi que les structures en creux éparses, les sépultures à incinération et à inhumation, le puits et le silo sont à mettre en relation avec ce bâtiment qui polarise ces éléments durant la seconde moitié du IIe siècle. L’ensemble des structures du site a vraisemblablement été implanté selon une orientation générale dictée par le réseau de fossés et canaux fossiles préexistant dont le fossé F1103 est un représentant. Ce réseau devait participer au drainage et à l’assainissement des marais afin d’en assurer l’exploitation au cours de l’Antiquité. Plusieurs fossés identifiés sur le site devaient ainsi se connecter au fossé F1103.
Cette occupation ne semble cependant pas perdurer au-delà du IIe siècle. Le mobilier issu des phases de spoliation ne dépassant jamais la fin du IIe siècle de notre ère.
Contrairement aux indices qui ont été découverts en prospection, la période du IIIe siècle s’est avérée absente sur le site. Il est possible que les vestiges liés à cette phase aient complètement disparu en amont de l’opération ou qu’ils se soient situés en dehors de l’emprise de fouille.
La dernière phase se situe vraisemblablement après l’Antiquité. Plusieurs linéaires fossoyés d’orientation nord-sud et un est-ouest viennent couper les vestiges antiques à l’est et à l’ouest de l’emprise de fouille. Ces linéaires postérieurs n’ont pas été datés bien qu’ils soient sans doute liés à la mise en culture des parcelles et au drainage des terrains des marais de Bourgoin-La Verpillère mis en place dès le XIXe siècle.
Commune : Saint-Savin
Adresse/lieu-dit : Les Communaux de Sartine
Département/Canton : Isère
Année de fouille : 2019
Période principale d'occupation : Antiquité
Autres périodes représentées : Epoque contemporaine
Responsable d'opération : Elio POLO
Aménageur : Xella Thermopierre SA
Raison de l'intervention : Aménagement de carrière
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)