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Eclepens/La Sarraz - Le Mormont


Situé près du sommet de la colline de calcaire éponyme, le site du Mormont a fait l’objet de recherches archéologiques programmées entre 2006 et 2016. Les fouilles ont permis de documenter près de six cent cinquante structures qui attestent une occupation discontinue entre le Mésolithique et le Moyen Âge.

L’occupation principale du site est datée de la fin de l’âge du Fer. Le mobilier est caractéristique de La Tène D1b (120 - 80 av. J.-C.), dont la fibule de Nauheim constitue l’un des meilleurs fossiles directeurs. Des dates dendrochronologiques obtenues sur des éléments mis au jour dans quatre fosses suggèrent que la colline n’aurait été occupée qu’à partir de la dernière décennie du 2e siècle av. J.-C..

Matérialisé par près de 250 fosses à dépôts de mobilier, le site comprend également des trous de poteau, des foyers, des fosses dépotoir et à rejet de déchets de métallurgie, ainsi que des zones de rejet à l’air libre. À ce jour, ses limites ne sont pas connues. La répartition des structures permet d’entrevoir une extension vers l’ouest.

Les fosses, à leur sommet, sont circulaires ou ovales, rarement rectangulaires. A l’exception d’une fosse de 4,50 x 4,80 m, leurs diamètres sont compris entre 1,00 et 1,80 m pour des profondeurs variant entre 0,30 et 5,15 m, la majorité n’excédant pas les 2,80 m. De nombreuses fosses ont été creusées jusqu’à la roche calcaire, qui a parfois été entaillée sur des profondeurs oscillant entre 0,20 et 1,80 m. Certaines d’entre elles sont marquées à leur sommet par un bloc ou par plusieurs cailloux, rarement par un poteau, dans un seul cas par un foyer. 

Elles renferment un à six dépôts de mobilier d'ampleur variable. Plusieurs fosses n’ont en revanche livré qu’un ou quelques éléments isolés. 

Des objets, des animaux et des hommes 

La majorité des objets sont liés aux activités de la vie quotidienne d’un habitat prospère de la fin de l’âge du Fer. Ils se retrouvent en composition variée dans les dépôts : meules en pierre, outils et parures en fer et bronze, récipients en céramique et en métal, déposés entiers ou fragmentaires, éléments de quincaillerie, graines carbonisées, mais également des restes humains et animaux. 

Signalons en revanche la rareté des objets en argent et l’absence de l’or, ainsi que la faible représentation du verre (quelques perles et fragments de bracelets). Les objets liés à l’équipement guerrier sont très rares et ne consistent qu’en quelques bouterolles, une cotte de mailles en fer et un casque en bronze. Les monnaies illustrent un faciès très homogène, consistant essentiellement en potins « à la grosse tête » et en demi-deniers (quinaires) à la légende KALETEDOU. Alors que les restes animaux et les tessons de céramique sont présents dans presque tous les ensembles, la représentation des autres objets varie sensiblement. 

Les ossements animaux et humains sont très nombreux et sont souvent associés dans le même dépôt. Ils sont présents aussi bien sous la forme d'os isolé que de corps entier ou partiels et témoignent de traitements similaires : découpe, exposition, brûlure ou véritable crémation notamment.

Le cheptel domestique rassemble 220 bœufs, 109 caprinés, 97 porcs, 46 chevaux, 1 âne et 8 chiens. Si la plupart sont de petit format, notons la présence de quelques grands bœufs et chevaux, certains probablement issus du monde méditerranéen. 

En dehors de restes de repas, on dénombre 81 animaux qui n’ont pas été consommés et 324 dépôts qui ne comportent que quelques os, voire un seul (70 cas). Enfin, une dizaine de dépôts d’os calcinés sont à signaler. Avec dix restes, la faune sauvages (ours, loup, chevreuil et cerf) est très peu représentée. 

Femmes, hommes et enfants, une cinquantaine d’individus de tous âges ont été mis au jour dans près d'un tiers des fosses. Dix corps complets, dix corps incomplets et quatre parties de corps, ainsi que quatre têtes coupées et quelques 140 os isolés ont été retrouvés dans les fosses. Les traces de manipulations diverses sont nombreuses. Les crânes et les jambes portent régulièrement des entailles réalisées par des objets tranchants. Les traces de brûlure sont rares et affectent deux calottes morcelées avant leur exposition au feu et deux corps incomplets. Deux ensembles ont subi une véritable crémation, analogue à un traitement funéraire. 

Les agencements observés, insolites et variés, sont difficiles à interpréter et il convient de ne pas oublier que les restes humains ne sont souvent qu’une partie d’un dépôt plus vaste. 

La perception du site 

Bien que le site ne réponde pas à la définition classique d’un sanctuaire – un lieu de culte structuré, délimité par un enclos et pérennisé sur plusieurs générations – le caractère exceptionnel des dépôts conduit vers l’hypothèse d’un lieu sacré. Les vestiges expriment l’accomplissement de gestes à caractère rituel, qui s’inscrivent dans une réalité plus complexe, dont on peine encore à saisir la nature. 

Equipe de recherche Mormont

Caroline Brunetti, Sylvie Barrier, Olivier Buchsenchutz, Anika Duvauchelle, Matthieu Demierre, Audrey Gallay, Anne Geiser, Julia Genechesi, Michel Guélat, Gilbert Kaenel†, Patrice Méniel, Patrick Moinat, Claudia Nitu, Geneviève Perréard-Lopréno, Vincent Serneels. 



Revue de presse :


Quelques images du site :




Commune : Eclepens/La Sarraz

Adresse/lieu-dit : Le Mormont

Département/Canton : Vaud

Année de fouille : 2006-2016

Période principale d'occupation : Age du Fer

Autres périodes représentées : Mésolithique,Néolithique,Age du Bronze,Antiquité,Moyen Âge

Responsable d'opération : Claudia NITU

Aménageur : Holcim SA

Raison de l'intervention : Extension de carrière

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)


Plaquette de présentation