La fouille archéologique préventive réalisée du 25 au 29 avril 2016 dans le cadre du projet d’extension du Conservatoire à rayonnement départemental d’Alençon (Orne), « Cour carrée de la dentelle » a porté sur une emprise de 150m². Ce projet d’aménagement était conduit par la ville d’Alençon. Une portion de l’enceinte urbaine médiévale était le principal objet de cette opération. Elle avait été repérée en 2013 après la démolition d’une maison dans laquelle elle avait été englobée.

L’intervention archéologique a mis en évidence trois phases d’occupation comprises entre le Moyen Âge et la période contemporaine. Les principaux vestiges dégagés concernent l’occupation contemporaine intra-muros de ce secteur de la ville. Toutefois, le vestige du rempart urbain, le seul rattaché à l’occupation médiévale, est l’élément qui a apporté les données les plus intéressantes. L’étude de ses maçonneries lors du diagnostic (Chauveau 2015) et la fouille ont permis de dégager trois phases de construction. Dans un premier temps, une butte de terre identifiée à la base de la fortification semble être le vestige d’un talus primitif. Deux datations par mesure radiocarbone ont confirmé le caractère ancien de cette construction . Une fourchette s’échelonnant entre 1042 et 1149 est commune aux deux échantillons datés. Ce premier talus de terre se serait développé dans une partie de la ville comprise entre le château et la porte de Lancrel, deux constructions dont les mentions les plus anciennes datent de la seconde moitié du XIe siècle. Il s’agit de la première fortification de ce type reconnue à Alençon. Par la suite, une maçonnerie est installée, englobant ainsi le talus en terre. Une datation par mesure radiocarbone, réalisée lors du diagnostic, permet de proposer la fourchette 1085-1150 pour cet aménagement . Enfin, dans un dernier temps, cette partie du rempart urbain est rehaussée par l’adjonction d’un chemin de ronde à parapet entre le XIII^e et le XV^e siècle.

L’occupation moderne intra-muros de ce secteur de la ville est illustrée par une fosse subquadrangulaire et par les vestiges d’un bâtiment maçonné rectangulaire interprété comme un ouvrage avancé pouvant être en lien avec les mouvements de la Chouannerie à l’aube du XIXe siècle. La fosse a, quant à elle, livré un lot conséquent de mobilier céramique caractéristique de la période allant du XVIe siècle au premier quart du XVIII^e siècle.

Enfin, l’occupation de période contemporaine est clairement à mettre en relation avec une maison construite aux XIXe ou XXe siècles, puis détruite en 2013. Trois pièces de cette construction ont été retrouvées lors de la fouille.