Étude archéologique du bâti préalable aux restaurations

Ancenis-Saint-Géréon est une commune située sur la rive nord de la Loire formant à cet endroit la limite entre les départements de la Loire-Atlantique au nord et du Maine-et-Loire au sud, équidistante d’une cinquantaine de kilomètres de Nantes et d’Angers. Historiquement, la ville occupe une position stratégique des marches de Bretagne, en verrouillant l’accès à Nantes par la Loire. La commune compte parmi son patrimoine un château, placé au bord du fleuve, dont la plus ancienne mention remonte au X^e siècle.

Aujourd’hui, cette place forte est délimitée par d’anciennes courtines qui enserrent un parc ouvert au public. Les aménagements successifs ont fait disparaitre les principales caractéristiques du château médiéval et de l’époque moderne, à l’exception du châtelet d’entrée qui compose le front ouest et du logis Renaissance édifié dans les années 1530 par Claude I^er de Rieux et son épouse. Classé Monument Historique en 1977, le château devient propriété de la ville en 1986. Ce rachat marque le point de départ des restaurations et réaménagements du site.

Le châtelet d’entrée, dont fait l’objet le présent rapport, est composé de deux tours circulaires encadrant un passage coudé. Ce vestige se trouve aujourd’hui dans un état sanitaire alarmant, et ce malgré les restaurations de ses parties sommitales dans les années 1990. C’est pourquoi la mairie d’Ancenis a confié la maîtrise d’œuvre au cabinet d’architecte Post, qui doit remettre en 2025 un diagnostic sanitaire et architectural ainsi qu’un projet de restauration. Dans ce cadre, une pré-étude archéologique du bâti, encadrée par un cahier des charges, a été diligentée par le Service Régional de l’Archéologie pour accompagner ce diagnostic architectural. L’objectif est de permettre aux différents acteurs en charge du dossier d’avoir des données factuelles sur les différents programmes de construction et un premier phasage du monument, ainsi que des clés de compréhension de l’organisation fonctionnelle, la distribution des différents espaces et la circulation entre ces derniers. Enfin, tout au long de l’étude, ces observations sont confrontées à la bibliographie disponible sur le site et compilée dans le cadre de l’étude historique, dont la réalisation a été confiée à la société Chroniques conseil.

Trois grandes phases d’occupation ont ainsi été repérées au cours de cette intervention : l’existence d’une tour avant la mise en place du châtelet, puis la construction de ce dernier, et enfin, l’abandon de la fonction défensive et la réutilisation des espaces. Si la datation de la tour primitive s’avère complexe en raison du peu d’indices et de l’état de conservation de celle-ci, la mise en œuvre du châtelet semble quant à elle intervenir à la toute fin du XV^e siècle ou au début du siècle suivant, d’après les caractéristiques morphologiques et la typologie des ouvertures de tir. L’abandon de cet accès date probablement des grands démantèlements du site lancés à partir de 1626 par Richelieu.