Autun - 11 Avenue du deuxième Dragons
Dans le cadre de la construction d’un pavillon individuel au 11 avenue du deuxième Dragons à Autun, une fouille archéologique préventive a été réalisée sur une période de deux mois. Elle a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Bourgogne et réalisée par la société Archeodunum. Cette opération a permis de connaître l’évolution d’une partie d’une insula, localisée au sud-est de la capitale de cité Augustodunum, depuis ses origines jusqu’à la fin du IIIe s. Elle offre avant tout une image du cadre de vie d’une population de professionnels du métal établie en marge de la ville au cours du Ier s. ap. J.-C.
Plusieurs ateliers métallurgiques, matérialisés par des constructions légères très arasées, ont vu le jour dès l’époque augustéenne. Ils s’adaptent à la topographie originelle du terrain par la mise en place de terrasses peu accentuées, dont l’organisation suit la trame urbaine générale de la ville. Ils s’insèrent ainsi au nord de l’îlot XII 13 théorique, délimité au nord par le decumanus D11, dont aucune trace tangible, hormis peut-être une portion du trottoir, n’a été observée dans l’emprise de la fouille. Ces ateliers sont destinés dans un premier temps au travail du fer et des alliages cuivreux, notamment pour la fabrication de fibules. S’ils connaissent une série de réaménagements à la période tibérienne, les activités évoluent peu avec toujours des traces de forges et de fabrication d’objets en alliage cuivreux (fibules, miroirs, vaisselle, etc). Par la suite, ce matériau ne semble plus être traité sur ce site alors que le travail du fer est toujours en vigueur. Cette opération a permis d’enrichir l’abondante documentation déjà disponible sur ce thème dans la capitale de cité éduenne avec la découverte d’ateliers/boutiques et d’ateliers spécialisés autonomes comme cela pu être démontré sur le site du Lycée militaire. L’une de leurs particularités est la diversité des activités et des productions, en lien avec une chronologie précoce, permettant de les inscrire dans la continuité du savoir-faire mis en pratique à Bibracte, à la fin de la période gauloise. La remise en contexte de ces ateliers dans ce secteur de la ville, où d’autres exemples sont attestés, contribue à renforcer l’image d’un quartier artisanal.
À la fin du Ier s. ap. J.-C. ou au début du siècle suivant, d’importantes transformations sont réalisées dans le quartier. Les locaux artisanaux laissent probablement la place à deux domus étagées. Malgré un nivellement assez important des structures et la récupération d’une partie des matériaux de construction, il s’agit de demeures richement équipées. Pour la première, les sols ont complètement disparu, mais ont pu être mis en évidence des latrines reliées au tout-à-l’égout, installées dans une cage d’escalier, et une série de tuyaux en bois alimentant en eau potable la maison. Deux ateliers ou boutiques sont probablement ouverts sur la rue. Dans la seconde, deux pièces chauffées par un système d’hypocauste vraisemblablement au décor soigné (enduits peints, mosaïques, marbres, etc) sont aménagées. L’une d’entre elles est chauffée par un praefurnium installé très certainement dans une cuisine, à l’image des modèles de Pompéi. Ce nouveau plan d’urbanisme semble lié à la construction ou la reconstruction de l’amphithéâtre qui a certainement dû avoir un impact important sur les îlots adjacents. La datation de ce monument demeure encore assez floue dans la mesure où les arguments énoncés pour la période flavienne s’avèrent très douteux. Quoi qu’il en soit, ce changement de statut des parcelles suit de manière générale les transformations du bâti observées non seulement dans le quartier, mais également dans plusieurs autres secteurs d’Autun. Outre la réalisation de réfections dans certaines pièces, les propriétés sont alors définitivement établies et aucune construction nouvelle ne viendra rajeunir l’aspect des parcelles jusqu’à leur abandon dans le dernier tiers du IIIe s., ce qui rejoint d’ailleurs l’évolution générale du quartier observée également en de nombreux autres points de la ville. Il faut attendre le XIXe s. pour connaître une nouvelle phase de construction, qui remploiera les dernières substructions antiques encore visibles dans cette parcelle.
Bibliographie scientifique :
- MAZA G., SILVINO T., « Retour sur les origines de la capitale de cité d’Autun/Augustodunum (Saône-et-Loire) : les ensembles céramiques du 11 avenue du deuxième Dragons (premier tiers du Ier s. de n.è.) », in SFÉCAG, Actes du congrès de Clermont-Ferrand 26 mai - 29 mai 2022, Marseille : SFECAG, pp. 611‑630.
Commune : Autun
Adresse/lieu-dit : 11 Avenue du deuxième Dragons
Département/Canton : Saône-et-Loire
Année de fouille : 2011
Période principale d'occupation : Antiquité
Responsable d'opération : Tony SILVINO
Aménageur : Particulier
Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)