Castelnaudary - Saint-Pierre
Du Néolithique au Moyen-âge au sud de Castelnaudary
Dans le cadre de la réalisation du Parc Régional d’Activités Économiques Nicolas Appert situé au sud de l’agglomération de Castelnaudary, plusieurs fouilles archéologiques ont été prescrites et réalisées dans cette zone. Les fouilles de Bartissol et de Saint-Pierre constituent les deux dernières opérations au sein de l’emprise du projet. Elles ont été réalisées conjointement de mars à juillet 2013. Relativement proches l’une de l’autre, elles ont livré des vestiges répondant à des problématiques très différentes. La phase d’étude étant toujours en cours, nous ne présenterons ici que des résultats partiels.
Du Néolithique au Moyen-âge à Bartissol
Le
premier site, au lieu-dit Bartissol, possède une surface totale de 6,6
ha. Il a livré de nombreux vestiges appartenant à une chronologie large,
du Néolithique au haut Moyen Age. Le degré d’arasement des structures
est très important.
La première occupation du site, datée du
Néolithique, est relativement fugace. Elle est matérialisée par quelques
fonds de fosses ayant livré du mobilier céramique caractéristique d’un
Néolithique final de type Veraza ainsi que quelques très rares éléments
lithiques (silex). Aucune organisation particulière ne peut cependant
être mise en évidence.
A l’âge du Bronze, voir au début du premier
âge du Fer, une seconde occupation semble s’établir sur le site. Elle
est constituée d’une part d’un petit ensemble de fosses et d’un foyer
situé en limite est de l’emprise, évoquant parfois des fonds de silos
très arasés, et d’un petit enclos circulaire d’environ 7 m de diamètre
localisé contre la bordure ouest du site. Ce dernier doit probablement
être rattaché à l’occupation mise en évidence lors de la fouille
réalisée par l’Inrap à Villelongue-Enclos.
La période
tardo-républicaine est matérialisée par trois enclos quadrangulaires.
Les deux enclos ouest sont contigus, et généralement extrêmement arasés.
Ils ont livré des fragments de céramiques communes et campaniennes,
ainsi que des amphores italiques. Les structures conservées dans
l’espace interne sont rares, et aucun plan de bâtiment ne peut être
établi. Le troisième enclos, beaucoup plus vaste, est ouvert sur deux
côtés. Deux silos, riches en restes carpologiques et en amphores
italiques, fonctionnent probablement de manière contemporaine. Quelques
bâtiments sur poteaux porteurs ont été identifiés à proximité, mais
l’absence d’éléments de datation ne permet pas pour le moment de les
rattacher à la période de fonctionnement de l’enclos.
A la période
antique, et plus précisément aux alentours du règne d’Auguste,
s’installe un vaste établissement rural constitué de plusieurs corps de
bâtiments et limité à l’ouest et au nord par un large fossé.
L’alimentation en eau est assurée par un petit aqueduc, dont le captage a
été fouillé lors de l’opération de Villelongue-Aqueduc. L’établissement
connait probablement deux, voire trois phases d’occupation, mais il est
pour l’instant difficile de déterminer précisément sa durée totale de
fonctionnement (ainsi que sa structuration architecturale précise). Le
degré d’arasement est tel que les témoins d’une occupation postérieure à
la fin du Ier siècle sont quasi inexistants. Quelques vestiges évoquent
une perduration jusqu’à la fin du Haut-Empire que les études des
spécialistes s’attacheront à définir et à préciser.
Par la suite, le
site est réoccupé au haut Moyen Age comme en témoigne la présence de
trois cabanes excavées (à vocation artisanales ?) et deux sépultures
isolées, dont une a livré du mobilier militaire. Une lance, un umbo de
bouclier ainsi qu’un gobelet caréné à bouton terminal en verre
accompagnaient en effet le défunt, et permettent de dater la tombe des
années 520 à 560 après J.-C.
Une nécropole antique à Saint-Pierre
Le
second site, au lieu-dit Saint-Pierre, a livré une nécropole
relativement importante pour un contexte rural, constituée en deux
phases. Les premières sépultures consistent en deux fosses bûchers
quadrangulaires, installées de manière contiguë et creusées dans le
substrat. Elles disposent chacune d’une bâtière en tegulae abritant probablement les résidus de crémation. Le milieu de
conservation, très agressif pour les ossements n’a cependant pas permis
d’observer d’os brûlés au sein de ces aménagements. Ces structures ont
livré du mobilier céramique (vaisselle, balsamaires) et métallique
(parure, éléments de lit) indiquant une déposition à la période
Augustéenne. Ces sépultures semblent fonctionner avec un aménagement
construit. Les restes de celui-ci se présentent sous la forme d’une
grande fosse carrée pourvue d’un socle de maçonnerie massif ayant fait
l’objet de spoliations importantes. L’hypothèse d’un monument funéraire,
pile ou mausolée, est pour l’instant privilégiée. L’espace funéraire
est réinvestit à la fin du IIIe siècle ap. J.-C. au plus tôt
par une nécropole à inhumation possédant 27 tombes avérées, 12 suspectée
et 11 fosses dont le caractère funéraire est envisageable. Si les
données anthropologiques sont limitées par la mauvaise conservation des
squelettes, il apparait néanmoins que tous les individus observés ont
été déposés la tête au nord dans des contenant de type cercueil. Les
dépôts funéraires sont nombreux (céramiques, monnaies), assez
standardisés et homogènes. Ils indiquent une occupation courte datée de
la toute fin du IIIe siècle et de la première moitié du IVe siècle ap. J.-C. La perduration de la vocation funéraire du lieu après
un hiatus de presque trois siècles est intéressante, les premiers
éléments semblent orienter vers une visibilité durable du monument érigé
lors de la première phase.
Au-delà du IVe siècle, la
nécropole semble définitivement abandonnée, l’espace est alors mis en
culture de manière probablement continue jusqu’à nos jours.
Commune : Castelnaudary
Adresse/lieu-dit : Saint-Pierre
Département/Canton : Aude
Année de fouille : 2013
Période principale d'occupation : Antiquité
Autres périodes représentées : Néolithique,Age du Bronze
Responsable d'opération : Julien BOHNY
Aménageur : Syndicat Mixte du parc régional d’activités économiques de Castelnaudary-Lauragais
Raison de l'intervention : Aménagement de ZA ou ZI
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)