Chaponost - 17 Avenue P. Doumer- Lot A
Cette opération intervient dans le cadre de la construction d’une maison individuelle au no 17 de l’avenue Paul Doumer à Chaponost, implantée sur la majeure partie de la parcelle AL 162 (Lot A). La réalisation, en 2009, d’un diagnostic archéologique mené par Monique Le Nézet-Célestin (INRAP) a permis de confirmer la présence de l’aqueduc du Gier sur les terrains concernés et de préciser son tracé traversant la parcelle. Cette opération a aussi mis en évidence la présence de plusieurs fosses et d’un possible niveau d’occupation aux abords immédiats de l’aqueduc datés du haut Moyen-Âge. Une probable sépulture en coffrage de tegulae a également été fouillée à cette occasion.
Une première opération de fouille archéologique préventive, correspondant au Lot B, a été réalisée sur la bordure sud-ouest de l’emprise par David Baldassari pour la société Archeodunum. D’une surface réduite, cette fouille a permis de documenter avec précision les modes de construction de l’aqueduc ainsi que les modalités de son colmatage post-abandon, mais n’a en revanche mis au jour aucun autre vestige. La réalisation de datation radiocarbones d’inclusions charbonneuses extraites des mortiers de construction a livré des datations compatibles avec l’hypothèse d’une construction de l’aqueduc à l’époque hadrienne.
Les résultats positifs de ces deux opérations ont conduit le Service Régional de l’Archéologie à prescrire une fouille préventive sur la parcelle concernée par les futurs aménagements menaçant les vestiges. Cette seconde opération (Lot A) s’est déroulée du 8 au 29 septembre 2014.
L’emprise étudiée couvre une surface de 276 m² correspondant à un décapage de 4 m de part et d’autre de l’aqueduc sur une longueur de 30 m. L’ouvrage hydraulique mis au jour présente un état de conservation remarquable avec une voûte intégralement préservée, hormis quelques perturbations liées à l’implantation de fosses et au passage d’un fossé datés du haut Moyen-Âge. Les diverses observations menées sur l’aqueduc, notamment au travers d’un profil transversal complet, sont tout à fait conformes à celles relevées à la fouille du Lot B, tant au niveau des méthodes de construction, des matériaux employés ou des modalités de colmatage du specus après l’abandon de l’ouvrage. En revanche aucun élément de datation n’a pu être retrouvé au cours du décapage de la partie supérieure de la tranchée d’installation remblayée, ni à l’emplacement retenu pour la coupe stratigraphique. De même, aucune trace du chantier de construction n’a pu être mise en évidence aux abords immédiats de l’aqueduc. L’altitude du fil d’eau à l’emplacement de la coupe est de 315,93 m NGF.
La découverte marquante de cette opération est sans conteste celle d’un regard de visite, le 91e officiellement recensé à ce jour sur l’aqueduc du Gier réputé pour en compter plus de 1000. Il s’agit d’un modèle de petit gabarit formant un carré d’environ 2 m de côté débordant de part et d’autre de la voûte, avec un puits de descente rectangulaire de 60 x 72 cm au sein duquel trois opes ont été aménagés pour faciliter l’accès au conduit. L’installation dénote un grand soin apporté à la maçonnerie avec l’utilisation de matériaux soigneusement calibrés et harmonieusement disposés. La structure est apparue très arasée, la margelle en opus reticulatum ainsi que les deux dalles monolithes de couverture ont été spoliés vraisemblablement au cours de l’époque médiévale.
L’emprise des quelques fosses mises en évidence par le diagnostic a pu être précisée. Leur implantation, à proximité immédiate du tracé de l’aqueduc, semble assez limitée dans l’espace. Ainsi, leurs extensions maximales au nord et au sud sont maintenant connues mais on ne saurait préjuger de leur développement à l’est et à l’ouest au vu des limites de notre emprise. Les résultats du diagnostic, et notamment la fouille d’une probable sépulture en coffrage de tegulae, permettaient d’envisager la présence d’une petite zone funéraire accolée à l’aqueduc par comparaison avec le petit secteur funéraire de l’Antiquité tardive mis en évidence sur la fouille toute proche des Viollières. Les observations réalisées au cours de notre opération n’ont pas permis de confirmer cette hypothèse puisqu’aucun fragment osseux ou élément probant n’a pu être retrouvé malgré une vidange systématique des fosses. Si le caractère funéraire ne peut donc pas être retenu pour ces fosses, deux d’entre-elles ont livré dans leur comblement les éléments caractéristiques d’une activité métallurgique (scories, battitures). Celle-ci n’a pas pu être caractérisée avec précision en l’absence des structures de chauffe associées. On retiendra également la présence d’une fosse aménagée directement sur la voûte et correspondant probablement à un captage direct, semblable à celui observé sur la fouille menée à Saint-Joseph en 2007. Cette petite occupation se développant de part et d’autre du tracé de l’aqueduc du Gier, allant même jusqu’à recouper ses maçonneries, est rattachée à la période alto-médiévale, centrée autour du VIIe s. apr. J.-C.
Revue de presse :
- Le Progrès 2014 " Chaponost. Aqueduc du Gier : un nouveau regard mis au jour avenue Paul Doumer ", Le Progrès, p.22. (16/09/2014)
Bibliographie scientifique :
- Grasso à paraitre : GRASSO J., « Chaponost - 17 avenue Paul Doumer, Lot A », in POIROT A., Établissements ruraux médiévaux.
Commune : Chaponost
Adresse/lieu-dit : 17 Avenue P. Doumer- Lot A
Département/Canton : Rhône
Année de fouille : 2014
Période principale d'occupation : Antiquité
Autres périodes représentées : Moyen Âge
Responsable d'opération : Jérôme GRASSO
Aménageur : Particulier
Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)