Dardilly - Chemin des Cuers. Le Tronchon
Etude d’un des principaux aqueducs menant à Lugdunum
La fouille du secteur « Le Tronchon », situé sur les parcelles BC 54, 55, 56 et 57 sises au chemin des Cuers, sur la commune de Dardilly, a été consacrée à l’étude d’un segment aérien de l’aqueduc de la Brévenne, la deuxième plus longue adduction d’eau sur les quatre qui alimentent la colonie de Lyon/Lugdunum.
L’intervention couvrant une surface d’environ 2000 m2 a
permis le dégagement des vestiges de ce tronçon sur une longueur de 70
m. Ceux-ci se résument principalement aux fondations des bases
supportant les piles d’une file d’arches : ce sont douze emplacements
qui ont été reconnus.
Pour les mieux conservés d’entre eux, ces vestiges se présentent sous la
forme de fosses cubiques remplies de blocs bruts, d’origine et de
taille diverses, et dont la plupart sont disposés en vrac, à l’exception
des éléments constituant le premier niveau au contact avec le sol
naturel.
Les fondations ne sont pas maçonnées et la liaison au mortier ne débute
visiblement qu’avec les premières assises d’élévation, dont seuls
quelques fragiles restes ont été observés. De dimensions légèrement
inférieures à celles des fondations, les piles, dont les bordures
externes sont grossièrement parementées, présentent une section
quadrangulaire de 1,80 x 2,18 m.
Les nombreux mouvements de terre et de labours profonds effectués à
l’époque modernes sur ces parcelles vont de pair avec un fort arasement
des structures et de leurs sols associés. Ainsi, il n’est possible de
fixer la position exacte de l’élévation sur ses fondations que dans
trois cas sur douze. Néanmoins, un respect (parfaitement logique) de
l’espacement entre les piles semble avoir été la règle et se situe aux
environs de 4,30 m.
Une série de trous de poteaux disposés à intervalles réguliers et sur
deux colonnes avait été mise en évidence lors du diagnostic ; nos
fouilles ont révélé une prolongation de cette installation en direction
du sud-ouest. Ce dispositif, situé sur un axe parallèle à celui de
l’aqueduc (à environ huit mètres), en est apparemment totalement
indissociable, en l’absence de toute autre trace d’occupation.
L’interprétation de ces éléments pose un certain nombre de problèmes.
Deux hypothèses sont retenues à l’heure actuelle ; l’une se rapporte au
chantier de construction et au transport/levage des matériaux, et
l’autre à une éventuelle délimitation du périmètre de protection
inaliénable au fonctionnement de l’aqueduc.
Un des principaux enjeux de l’opération consistait au ramassage
exhaustif de mobilier chronologiquement marqueur, le problème de la
datation de l’ouvrage demeurant aujourd’hui encore très aigu. Si un
certain nombre de fragments de céramiques ont été récoltés, ils sont
souvent peu significatifs dans la mesure où ils proviennent à plus de
99% d’épandages de céramique pilée de provenance et aux relations
stratigraphiques imprécises.
Si le problème chronologique n’est toujours pas définitivement résolu,
la découverte de traces potentiellement liées au chantier de
construction ouvre de nouvelles perspectives de recherche sur ce type de
monument (méthode de travail, types d’engins utilisés, normalisation et
rentabilisation d’opérations répétitives). Par ailleurs, le démontage
complet de plusieurs piles a permis de visualiser, beaucoup mieux que
sur un tronçon conservé, les techniques de construction ainsi que les
matériaux utilisés.
Quelques images du site :
Commune : Dardilly
Adresse/lieu-dit : Chemin des Cuers. Le Tronchon
Département/Canton : Rhône
Année de fouille : 2008
Période principale d'occupation : Antiquité
Responsable d'opération : François ESCHBACH
Aménageur : UTEI
Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)