La maison dite aux Trois visages de Dijon, située à l’angle des rues de la Liberté et Bossuet, fait l’objet d’une étude archéologique du bâti, dans le cadre de sa restauration. L’étude a débuté en 2023 par la façade sur la rue Bossuet et se poursuivra en 2024 sur les pignons de la rue de la Liberté. L’élévation à pan de bois est entièrement relevée et une analyse de l’ouvrage est menée afin d’établir la chronologie de l’édifice. Les pièces de bois d’origine, celles qui ont été remplacées ou réemployées sont localisées, ce qui permet de distinguer par exemple quelles sont les fenêtres d’origine et celles ouvertes postérieurement. L’observation attentive des pièces de bois a également permis de déterminer que la façade était ornée de moulures qui ont été arrachées.

Les recherches ont également été menées sur la question de la polychromie qui pouvait recouvrir le pan de bois de la façade. Des vestiges de décor peints subsistent bien sur les bois. Les traces sont rares et leur état de conservation est mauvais. Une couche de badigeon de couleur rouge a été identifiée comme étant la plus ancienne. Des fragments d’enduits ont été prélevés pour être analysé afin de déterminer leur composition et la nature des pigments. De plus, la datation par dendrochronologie de 13 échantillons prélevés sur les chênes du pan-de-bois a mis en évidence un abattage des bois en automne-hiver 1436-1437 et 1437-1438. 

En parallèle, une étude documentaire et archivistique a été réalisée afin de confronter les données issues des sources archéologiques et des sources historiques et ainsi nourrir la réflexion sur l’histoire de la construction de la maison dite aux Trois visages. Les recherches ont été menées dans les fonds des archives de la médiathèque du Patrimoine et de la Photographie (MPP), des archives départementales de la Côte-d’Or (AD21), des archives municipales de Dijon (AMD) et des archives conservées à la bibliothèque municipale de Dijon (BMD). Cette enquête a permis de retrouver une mention de cette maison remontant à la fin du XV^e siècle et de retracer en partie la succession des propriétaires jusqu’à nos jours. Il a également été retrouvé un certain nombre de mentions de travaux, principalement pour les XIX^e et XX^e siècles.