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Jumièges - Eglise Saint-Pierre-l'Abbaye


Dans le cadre d’un ambitieux programme de mise en valeur de l’église Saint-Pierre de l’abbaye de Jumièges, engagé par le Département de Seine-Maritime, une étude archéologique du bâti de l’édifice a été réalisée en 2015.
  Certaines questions étant restées sans réponse au terme de cette étude, plus particulièrement concernant la nature du sanctuaire et des bas-côtés de l’édifice primitif. Une série de 6 sondages, répartis entre le chœur liturgique, le sanctuaire et le devant du massif occidental1, a donc été réalisée en septembre 2019 afin de compléter les données.


L’église carolingienne
Les vestiges maçonnés carolingiens sont relativement mal conservés au niveau du sanctuaire. Un tronçon de maçonnerie a cependant été mis en évidence, et suggère la présence d’une abside précédée d’une travée droite. Si aucune trace d’absidiole n’a été détectée dans la chapelle Saint-Martin (bras sud du transept), les éléments à notre disposition ne permettent toujours pas de déterminer avec certitude la présence ou l’absence d’absidioles dans le prolongement oriental des bas-côtés.
  Les niveaux archéologiques du bas-côté méridional ont été entièrement détruits, seul le bas-côté nord permet de récolter des informations. Ce dernier était vraisemblablement de la même largeur que le collatéral gothique, soit 3 m environ. Un massif maçonné pourrait correspondre à un élément fonctionnant avec un très probable passage, reliant l’église Saint-Pierre à l’abbatiale Notre-Dame, au niveau de la troisième travée du chœur liturgique.
  Cette opération a également permis de caractériser les premiers niveaux de fonctionnement, correspondant à un dallage de calcaire reposant sur un lit de mortier ocre assez épais.


L’église gothique
Les niveaux de sol de l’édifice du XIVe siècle ont été complètement détruits à la période moderne, à l’exception du niveau de préparation en mortier mis au jour dans la chapelle Saint-Martin. Plusieurs carreaux de pavement estampés, caractéristiques du XIVe siècle, ont cependant été mis au jour dans les remblais de démolition.
  Toutes les structures funéraires mises au jour dans le cadre de ces sondages appartiennent à cet état. La fonction funéraire de l’église n’est pas primordiale, seule l’élite de la communauté monastique y étant inhumée.
  Les structures mises au jour les plus notables correspondent à un coffrage maçonné abritant un cercueil de bois doublé de feuilles de plomb, et deux coffrages maçonnés correspondant très certainement au fameux tombeau des Énervés de Jumièges, découvert au début du XIXe siècle sous les décombres de l’église. Ces coffrages, de taille réduite, devaient faire office d’ossuaire. Les perturbations contemporaines sont malheureusement trop importantes pour déterminer leur nature exacte, et il n’est pas assuré que ces contenants aient abrité les restes d’éventuelles translations. Il est toutefois probable que le tombeau ait eu avant tout une fonction symbolique destinée à ancrer l’histoire de l’abbaye dans celle de la famille royale mérovingienne.


Les fouilles du XIXe et du début du XXe siècle
Les sondages ont repris partiellement les anciennes fouilles réalisées par les Antiquaires, permettant de mieux les documenter et d’en réévaluer les interprétations, majoritairement fausses. Les observations réalisées par nos prédécesseurs doivent donc être utilisées avec beaucoup de prudence.

La campagne de sondages de 2019 a donc permis des avancées majeures dans la compréhension du fonctionnement de l’église carolingienne, sans pour autant répondre à toutes les questions posées par l’étude de 2015.
  Concernant l’activité funéraire de l’église, si la densité des sépultures, toutes datées de la période gothique, est relativement faible, les coffrages maçonnés ne sont pas exclusifs et la présence d’un cercueil doublé de plomb est suffisamment rare pour être souligné. À notre connaissance, la seule structure similaire a été fouillée au XIXe siècle dans la chapelle axiale du sanctuaire de l’abbatiale de Notre-Dame. L’état de conservation des restes humains est globalement médiocre, mais la présence de fragments d’étoffe devra être prise en compte lors des prochaines interventions.
  Cette opération a également permis de mettre en évidence la conservation de larges portions de pavement moderne dans le chœur liturgique. L’apparente permanence des espaces et de leurs usages, de la période carolingienne à la réforme mauriste du XVIIe siècle au moins, confirme, s’il en est encore besoin, que l’étude des états modernes et gothiques est indispensable à la compréhension de l’édifice primitif.

1.  Les fidèles n’accédant pas à cette église, il n’y a pas à proprement parler de nef. L’église se divise donc en deux espaces : le chœur liturgique, réservé aux chantres, occupant l’espace entre le massif occidental et la croisée du transept, et le sanctuaire, se développant à l’est avec le transept et l’abside.


Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :


Commune : Jumièges

Adresse/lieu-dit : Eglise Saint-Pierre-l'Abbaye

Département/Canton : Seine-Maritime

Année de fouille : 2019

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : David JOUNEAU

Aménageur : Département de Seine-Maritime

Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique

Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)


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