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La Farlède - La Capelle


Au cœur de La Farlède, 8 ans après la dernière intervention sur ce secteur, une opération de fouille archéologique préventive a été menée dans le cadre du Projet de Centralité porté par la commune, sur une surface de près de 6000 m². Au cours de l’hiver 2021-2022, c’est peut-être la partie résidentielle d’un riche domaine oléicole d’époque romaine qui a été mise au jour. Il y a 2000 ans, entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C., les lieux étaient en effet occupés par une villa dont la production était centrée sur l’huile d’olive et le vin.

2013-2014 : au cœur de l’exploitation
En 2013 et 2014, une première fouille réalisée sur la parcelle attenante au sud a permis de dégager les fondations très arasées de plusieurs structures antiques se rapportant à la partie productive d’une villa. Parmi les découvertes notables, ont été mis au jour un long bâtiment probablement destiné au stockage, à une activité artisanale ou peut-être au logement des ouvriers, ainsi qu’une série d’aménagements liés à l’exploitation. Trois cuves en maçonnerie servaient à la production de l’huile d’olive, ainsi que l’ont prouvé des analyses chimiques menées sur les mortiers les constituant. À proximité, un chai abritait une trentaine de dolia destinés au stockage de la production. En 2021, le haut d’un de ces vastes récipients a d’ailleurs été découvert en remploi comme margelle de puits. Un petit balnéaire privé, probablement alimenté par un aqueduc, était également implanté non loin de ces structures. Trois puits, un égout collecteur et une potentielle aire de battage complètent cet ensemble.
Dans un angle de la fouille, une vaste zone humide a été partiellement dégagée. Utilisée comme zone de dépotoir durant l’occupation antique, elle a fourni un mobilier abondant et varié illustrant le quotidien des habitants. Des analyses archéobotaniques y ont été menées et ont livré des éléments nous renseignant sur l’environnement naturel du site durant l’Antiquité.
Enfin, relégué à l’écart de l’occupation, un petit secteur funéraire regroupant quelques dépôts de crémation ainsi qu’une sépulture en bâtière et une inhumation d’immature en amphore a également été dégagé.

2021-2022 : symétrie et maison de maître
Ces bâtiments techniques et structures de production occupaient le côté sud d’une vaste cour centrale dont les flancs ouest et nord ont pu être explorés lors de cette nouvelle intervention. Au nord, une première aile de bâtiment pourrait correspondre à la résidence des propriétaires. Il s’agit d’un bâtiment de plus de 700 m², bordé au sud et à l’est par un portique ouvrant sur nombreuses pièces. Quelques niveaux de sol y sont conservés et plusieurs seuils en pierre ont été découverts. Les premières observations de terrain ont permis de noter un développement progressif de ces espaces en direction du nord, au-delà des limites d’emprise de la fouille. L’occupation y est vraisemblablement continue entre le Ier et le tout début du IVe siècle après J.-C. Cette zone est parcourue de multiples canalisations destinées à évacuer les eaux usées et drainer le sous-sol, à l’instar du béal qui borde le site au sud et marque la limite avec la fouille précédente.
Une seconde aile de bâtiment a également été dégagée au nord-ouest de l’emprise. Elle est elle aussi bordée par un portique sur au moins une de ses façades et paraît se raccorder à l’aile précédente. Très partiellement observée, elle se développe largement hors emprise vers le nord, elle a livré au moins une pièce avec un sol en terrazzo, ainsi que de nouvelles canalisations.
Au sud-ouest de la fouille, une dernière aile de bâtiment, elle aussi bordée par un portique, permet de faire le raccord avec les maçonneries dégagées lors de la fouille de 2013-2014. Ici aussi, les constructions se prolongent en dehors des limites du chantier, vers l’ouest.
Le plan général ainsi dégagé paraît suivre une organisation très symétrique trahissant une conception globale rigoureuse. L’extension générale des vestiges dépassant largement l’espace prescrit pour cette fouille, il n’est pas exclu que nous puissions avoir à faire avec une occupation bien plus vaste dépassant peut-être le cadre de la simple villa.
Parmi les découvertes notables de cette seconde phase de fouille, il faut également mentionner la mise au jour d’une petite portion de voie d’orientation nord-sud, parallèle à l’axe de la rue actuelle bordant le chantier à l’est (rue de la République). Il s’agit d’une simple bande de roulement caillouteuse damée, large d’environ 8 m et conservée sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur, bordée en amont par un drain empierré. Celle-ci n’a pu être observée que sur 20 m de longueur environ et nous est parvenue fortement dégradée par des aménagements modernes. Il pourrait s’agir d’un tronçon d’une voie secondaire raccordant le site à un axe antique plus important qui reliait autrefois les agglomérations de Telo Martius (Toulon) et Forum Voconii (Le Cannet-des-Maures), dont le tracé est traditionnellement restitué à un peu plus d’un kilomètre au sud de cette opération.
Enfin, il faut également signaler la découverte inattendue d’un petit espace de nécropole constitué d’une quinzaine de dépôts de résidus de crémation en fosse auxquels il faut ajouter au moins deux inhumations, dont celle d’un immature. L’implantions de ces structures, à proximité immédiate des bâtiments semble tout à fait inhabituelle pour l’époque. Il faut probablement y voir les vestiges d’un état antérieur de l’occupation, précédent la mise en place des bâtiments retrouvés à proximité.

Quelques millénaires auparavant…
Cette nouvelle opération a également permis de mettre en évidence la présence d’une phase chronologique qui n’avait pas été perçue lors de la première fouille. Celle-ci est principalement signalée par la découverte d’artefacts en silex datés du Néolithique. Ces pièces (lames, perçoir, grattoir) ont le plus souvent été retrouvées brisées et il est probable qu’elles aient été apportées ici par des phénomènes naturels, comme du colluvionnement lié au pendage de la zone. Quoi qu’il en soit, ces éléments trahissent la proximité d’occupations très anciennes.

Ces riches découvertes mettent en lumière le passé prestigieux du cœur de La Farlède. Après deux mille ans de sommeil, elles entrent également en résonance avec les moulins à huile (Partégal, Guiol) encore actifs sur la commune.


Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :


Revue de presse :


Bibliographie scientifique :

  • Grasso 2022 : GRASSO J., « La Farlède - Projet de Centralité 2 – La Capelle », Bilan Scientifique Régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur 2021, pp. 204-206.


Quelques images du site :




Commune : La Farlède

Adresse/lieu-dit : La Capelle

Département/Canton : Var

Année de fouille : 2021-2022

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Néolithique

Responsable d'opération : Jérôme GRASSO

Aménageur : Commune de La Farlède

Raison de l'intervention : Aménagement urbain (logements, commerces, place de marché)

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)


Communiqué de presse annonçant la visite du site le 13 janvier 2022


Une remarquable exploitation oléicole d'époque romaine