Lausanne-Vidy - Tranchée CAD
L’opération d’archéologie préventive conduite dans le cadre de la construction d’une galerie pour le chauffage à distance à Lausanne-Vidy a permis de mettre au jour un quartier du vicus de Lousonna. Le tracé de la tranchée traverse obliquement l’autoroute A1 sur une longueur de 75 m et une largeur de 11, jusqu’à une profondeur de 4,5 m sous le bitume. Ce tracé autoroutier avait déjà fait l’objet d’une exploration archéologique superficielle lors de sa construction en 1960-1961, qui avait montré l’étendue des vestiges conservés à cet endroit.
Trois propriétés contiguës situées le long de la rue principale de la ville romaine ont ainsi pu être explorées. L’occupation de ce secteur dans le quartier occidental du vicus se développe entre le milieu du 1er s. et le 3e siècle de notre ère. En front de rue, derrière les portiques et boutiques présumés, se concentrent les pièces d’habitation. L’une d’entre elles était aménagée sur une cave qui a livré un petit stock de tuiles destiné aux réparations de la toiture. Fait assez rare, plusieurs pans de murs effondrés après l’abandon des lieux ont été documentés dans l’emprise du bâtiment. L’ornementation de cette demeure nous est ainsi connue par des fragments de peinture murale découverts sur le sol d’une pièce sous son mur porteur. A l’arrière de ces espaces dévolus à l’habitat se rassemblent les traces d’activités artisanales, notamment de la métallurgie du fer. Un atelier de forgeron a ainsi été identifié grâce aux nombreux déchets (scories, battitures,…) conservés dans les niveaux charbonneux des sols. Les restes de consommation des habitants, tels que la vaisselle cassée et les ossements d’animaux, ont été jetés dans un dépotoir localisé en aval de l’atelier. La séquence des couches archéologiques atteint par endroits une épaisseur supérieure à 2 m qui concentre au moins 3 états d’occupation successifs. Si le dernier état est caractérisé par des constructions en maçonnerie, les premiers bâtiments étaient érigés en terre et en bois. Ce développement architectural correspond aux observations réalisées au centre de l’agglomération mais il intervient ici plus tard. On peut donc imaginer que ce quartier était occupé par une population plus modeste que celle du centre-ville. Le statut des habitants pourra être précisé grâce à l’abondance d’objets archéologiques récoltés lors de la fouille. Outre la vaisselle en céramique, qui représente la plus forte proportion du mobilier, on recense notamment des instruments de toilette (épingle, cure-oreille), des outils et ustensiles (couteau, clef, stylet, etc.), des bijoux (fibules, bagues, perles, etc.) ainsi qu’un petit autel domestique en calcaire destiné à honorer une divinité.
A plus de 4 m de profondeur, l’unique témoignage d’une fréquentation antérieure à l’époque romaine est matérialisé par une sépulture à crémation aménagée dans les sables de la terrasse lacustre. Les trois récipients en céramique déposés dans cette tombe avec les ossements brûlés du défunt peuvent être datés du Bronze final (env. 900 av. J.-C.). Cette découverte isolée complète un corpus de sépultures de cette époque déjà bien étudié à Vidy.
Quelques images du site :
Commune : Lausanne-Vidy
Adresse/lieu-dit : Tranchée CAD
Département/Canton : Vaud
Année de fouille : 2013
Période principale d'occupation : Antiquité
Autres périodes représentées : Age du Bronze
Responsable d'opération : Sébastien FREUDIGER
Aménageur : Ville de Lausanne
Raison de l'intervention : Réalisation d'une tranchée couverte
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)