Le Puy-en-Velay - Chapelle Saint-Alexis
La chapelle Saint-Alexis, située rue Grasmanent au Puy-en-Velay (43), a été édifiée entre 1752 et 1757 sur les plans de l’architecte Claude Portal, à l’emplacement d’autres bâtiments servant d’habitations et de boulangerie. Localisée dans la cour de l’actuel Hôtel de Région, ancien Hôpital Général auquel elle était rattachée, elle abrite cinq caveaux, contemporains de sa construction.
Le caveau 1 a fait l’objet d’une fouille préventive du 18 novembre au 10 décembre 2019 en amont d’un projet d’aménagement et de réfection de la chapelle, et notamment à l’installation d’un « pavillon numérique ».
Comme noté lors de l’opération de diagnostic archéologique réalisée par l’Inrap, le caveau 1 se distingue des quatre autres situés dans la nef par son long couloir d’accès et sa vaste chambre funéraire, d’environ 20 m² (cinq fois plus grande que les autres). Celui-ci a livré de nombreux restes osseux humains ainsi que des planches de bois correspondant, aux moins pour certaines, à des éléments de cercueils.
La fouille extensive des niveaux funéraires ainsi que la conduite de deux sondages profonds couplées aux études anthropologique, paléopathologique ainsi que du bâti, ont permis de mieux appréhender la mise en place, le fonctionnement et l’agencement du caveau, mais également de mettre en évidence des perturbations et d’avancer des hypothèses quant à leur nature. Il apparaît ainsi que le caveau réemploie une structure antérieure, appartenant probablement à la maison sur laquelle a été bâti la chapelle, et que son niveau de fonctionnement, visant à accueillir les corps des défunts, repose sur d’importants niveaux de remblais. Aucun squelette n’est complet et tous ont subi des perturbations ; en outre, aspect singulier, il apparaît que la totalité de ceux-ci reposaient sur le ventre. Cela y compris au niveau d’un important amas d’ossement déconnectés et d’éléments de bois (planches), constitué également de tronçons de corps en connexion, empilés les uns sur les autres, situé au niveau du quart nord-ouest de la chambre funéraire. L’étude de la répartition des ossements tend à restituer que les défunts étaient, à l’origine, disposés parallèlement aux murs ouest et sud, au niveau desquels il est possible de se tenir debout (à l’écart de la retombée de la voûte), et qu’un espace de cheminement central a été laissé libre de tout dépôt. Par ailleurs, si l’hypothèse que certains défunts aient été déposés d’emblée sur le ventre ne peut être totalement écartée, il est manifeste que des sépultures ont été perturbées et des corps, dans des états de décomposition plus ou moins avancés, ont été mobilisés. Ces gestes et actions ne semblent pas pouvoir être mis sur le compte de pillages visant à récupérer d’éventuels objets de valeur mais semblent plutôt correspondre à une réelle volonté profanatoire et d’atteinte à l’intégrité des corps. Quoi qu’il en soit, ceux-ci ne peuvent être considérés comme de nature funéraire et liée à la gestion « conventionnelle » d’un caveau : réduction de corps ou repoussement des ossements visant à ménager de la place pour l’installation d’un nouveau défunt.
Le caveau a accueilli les restes d’au moins 34 individus dont l’écrasante majorité correspond à des sujets adultes (n = 32), pour la plupart adultes matures, des deux sexes (NMI : six hommes et six femmes) ainsi que deux individus immatures (un enfant et un bébé). Enfin, la mise en évidence du fait que de nombreux individus ont souffert de pathologies ou séquelles de pathologies plus ou moins invalidantes (notamment rachitisme résiduel) tend à dresser un profil particulier à cet échantillon, pouvant laisser envisager des liens avec le domaine « hospitalier ».
Commune : Le Puy-en-Velay
Adresse/lieu-dit : Chapelle Saint-Alexis
Département/Canton : Haute-Loire
Année de fouille : 2019
Période principale d'occupation : Période moderne
Responsable d'opération : David GANDIA
Aménageur : Département de Haute-Loire
Raison de l'intervention : Construction d'un "pavillon numérique"
Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)