Stocker en monde rural : un établissement du X^e au XIII^e siècles

Situé au nord-est de la commune de Moncoutant-sur-Sèvre, le site de « La Forestrie » est localisé au sud de Bressuire dans les Deux-Sèvres. Il est implanté sur un petit promontoire positionné en bordure d’un faible cours d’eau.
L’opération archéologique a été menée suite à un diagnostic opéré par Patrick Maguer (INRAP) en 2019, dans le cadre d’un projet d’aménagement d’une ZAE initiée par l’agglomération du bocage bressuirais (Maguer, 2020). La fouille s’est déroulée du 22 mars au 18 juin 2021 sur une emprise de 17500 m².
L’étude menée sur ce site a permis de mettre au jour les vestiges d’une occupation du Moyen Âge illustrée par des fosses, des fossés, des trous de poteau, des silos et deux souterrains. Sur les presque 600 structures identifiées, 161 d’entre elles s’avèrent correspondre à des structures de stockage. Le diagnostic réalisé en 2019 avait déjà mis au jour quelques-unes d’entre elles ainsi que l’existence d’un souterrain situé à l’ouest de la zone étudiée (fig.1). La fouille a validé la présence de ce dernier ainsi que celle d’un deuxième souterrain situé plus au sud de l’emprise de fouille.
Deux grands types d’occupations ont été reconnus sur le site de « La Forestrie ». La première est tournée vers les activités d’ensilage qui se caractérise par des batteries de silos formant des aires cohérentes implantées à l’intérieur d’enclos fossoyés auxquelles sont associés des bâtiments sur poteaux. La deuxième est marquée par la présence de deux réseaux de souterrains dont les plans sont constitués d’un anneau central à partir duquel partent des galeries annexes, d’un dispositif d’accès et d’un renfoncement. Ce type d’architectures rejoint la typologie associée au groupe « des souterrains annulaires » (Piboule, 1978), qui est largement répandu dans les départements des Deux-Sèvres et de la Vendée, plus communément appelé « groupe du Haut-Bocage » (Clavier, 2006).
Le mobilier archéologique issu de la fouille de « la Forestrie », riche et abondant, semble confirmer la vocation agricole de l’occupation : fragments de céramique liés au stockage, couteaux, fers liés à la traction animale. La majorité de la céramique, ainsi que les analyses effectuées par datation au radiocarbone, situe la période d’occupation du site sur une période assez restreinte datée du XI^e siècle jusqu’au début du XII^e siècle.