Montainville - Ferme du Fort
Cette investigation archéologique intervient dans le cadre du projet de transformation d’un ancien corps de ferme et de ses annexes en plusieurs lots d’habitation. Le diagnostic, réalisé en mai 2012, dans les jardins de la « Ferme du Fort », avait permis de mettre au jour des indices d’occupation du haut-Empire jusqu’à l’époque moderne. Par ailleurs, une première lecture des sources anciennes laissait pressentir l’existence d’un habitat aristocratique du second Moyen-Âge en lieu et place de la ferme actuelle.
Entre 2012 et 2017, date de la prescription de fouille, le projet d’aménagement fut modifié à de nombreuses reprises et une seule zone de 487 m2, circonscrite au nord-ouest de l’établissement agricole, se trouvait finalement menacée par la viabilisation de certaines parcelles. La fouille sédimentaire réalisée à cet endroit a révélé la présence de 30 faits archéologiques et de nombreux niveaux de remblais.
Parallèlement à cette investigation sédimentaire, la prescription de fouille dictait de réaliser une étude documentaire et une analyse architecturale du bâti existant. Les restaurations de nombreux parements ou leur dissimulation sous des enduits, associées à l’impossibilité de réaliser des sondages dans les maçonneries, ont conduit à axer nos recherches sur l’analyse des charpentes et des planchers conservés. Mené par Julien Noblet, ce travail a consisté, dans un premier temps, à établir une lecture des maçonneries et des charpentes en l’état puis à sélectionner les structures à même de faire l’objet d’analyses dendrochronologiques.
La confrontation des résultats issus de la fouille sédimentaire et de l’étude architecturale avec l’analyse des sources anciennes a permis d’établir le phasage suivant :
Si les indices d’une occupation antique et alto médiévale ne transparaissent qu’au travers les restes d’une fosse, la fouille sédimentaire a révélé de nombreuses structures datées du milieu du XIIIe siècle au dernier quart du XIVe siècle. Composés d’un puits, de fosses et de maçonneries ruinées, ces vestiges correspondent vraisemblablement à l’aménagement des jardins de la première seigneurie de Montainville mentionnée dans les sources anciennes dès le début du XIIIe siècle.
L’étude architecturale n’a pas révélé de vestiges antérieurs à la fin du Moyen-Âge ; le bâtiment le plus ancien, conservé en élévation, correspond à l’un des bâtiments septentrionaux de la ferme. Ce premier logis, édifié en 1474, fonctionnait avec une aile en retour, aujourd’hui disparue, et était flanqué dès l’origine d’un second bâtiment à vocation agricole. Dès le début du siècle suivant, un second logis est construit à l’ouest du précédent et le pourpris est complété d’une grange qui prend place à l’est de la cour centrale de la ferme seigneuriale.
À la fin du XVIe siècle, le domaine est affermé. Si la plupart des bâtiments de la ferme sont entretenus, de nouvelles dépendances agricoles sont ajoutées au sein du pourpris, au cours des siècles.
La fouille des jardins permet d’observer une continuité de leur exploitation de la fin du Moyen-Âge à nos jours, mais de profondes restructurations opérées à la fin de la période moderne ne permettent pas, aujourd’hui, de restituer leur agencement.
La «Ferme du Fort» de Montainville se rapproche ainsi de nombreuses fermes domaniales qui se développent sur tout le territoire à partir du XVe siècle et dont la (re)construction fait suite aux conflits des siècles précédents. Inscrite au sein d’un territoire propice à l’exploitation agricole, elle se rapproche ainsi des grandes exploitations d’Ile-de-France étudiées par J-M Moriceau.
Bibliographie scientifique :
Commune : Montainville
Adresse/lieu-dit : Ferme du Fort
Département/Canton : Yvelines
Année de fouille : 2017
Période principale d'occupation : Moyen Âge
Autres périodes représentées : Antiquité,Période moderne,Epoque contemporaine
Responsable d'opération : Maude BEURTHERET
Aménageur : SARL Financière DL
Raison de l'intervention : Transformation d'une ferme
Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)