Le site de l’abbaye Blanche est situé au nord-ouest de la commune de Mortain-Bocage, à la frontière avec le Neufbourg, au sud du département de La Manche. Installée sur la plaine alluviale de la Cance, qui la borde à l’ouest, l’abbaye surplombe la vallée qui prend un profil en V plus marqué et qui plonge à 300 m au sud des bâtiments conventuels. La région très vallonnée, parfois accidentée, offre un paysage de bocage et de forêts.
Le site se concentre autour d’une église au plan en croix latine, morphologiquement intacte, dont les critères stylistiques évoquent la fin du XIIe siècle. Une partie des bâtiments la prolongeant à l’ouest et au sud semblent pouvoir être attribués à la même période. Ces derniers ont cependant subi de profonds remaniements notamment au cours des XIX^e et XX^e siècles, avec la construction d’un petit Séminaire en « L » et d’une longère à l’ouest. Malgré cela, le maintien de l’occupation des lieux jusqu’à aujourd’hui a permis de préserver de la ruine certains bâtiments médiévaux, tandis que l’observation du cadastre napoléonien permet de constater que de nombreux bâtiments étaient encore en élévation au début du XIX^e siècle.
Prieuré médiéval de femmes dépendant de l’abbaye de Savigny puis abbaye cistercienne, l’abbaye Blanche représente donc un des rares édifices féminins de ce type encore partiellement en élévation aujourd’hui et le mieux conservé de la région Normandie.
Le projet de réhabilitation du site, a amené la DRAC Normandie à délivrer une autorisation de sondages archéologiques pour pouvoir répondre aux besoins d’une investigation géotechnique tout en assurant le suivi scientifique et l’enregistrement des vestiges mis au jour.
Les sondages archéologiques menés en amont des investigations géotechniques ont permis d’abonder les connaissances sur l’histoire de l’abbaye Blanche de Mortain. Ainsi, le secteur du petit séminaire a montré l’existence de quelques vestiges antérieurs à la construction du bâtiment contemporain, datés des XIII^e et XIV^e siècles. L’existence de la salle voûtée située dans le prolongement est de la salle capitulaire est quant à elle attestée dès la fin du XIVe siècle, avant d’être partiellement remaniée. Enfin, le secteur de la longère s’est montré très dense en vestiges avec la construction du bâtiment situé dans le prolongement de la nef attribuable à la fin du XIII^e ou au XIV^e siècle. La partie nord de la longère est également associée à cette période et on constate qu’elle s’installe sur une arase de maçonnerie plus ancienne orientée nord/sud qui pourrait être en lien avec les prémices de l’occupation du site entre la fin du XII^e et le XIII^e siècle. Cette zone fait ensuite l’objet de différents remaniements entre le XV^e et le XVIII^e siècle, avant de voir l’ajout au sud du bâtiment contemporain en 1856.