Mortemart - Place du Château des Ducs
L’intervention archéologique réalisée dans le village de Mortemart a été engagée dans le cadre de l’aménagement de la place des Ducs située au-devant du château de Mortemart. Les cinq sondages de diagnostic, réalisés préalablement par l’INRAP (sous la direction de Ch. Scuiller, en juillet 2009), ont permis de dégager un certain nombre de structures médiévales : un fossé aménagé de pieux, des sols de circulation construits pouvant correspondre à un espace ouvert (cours, place, voie…).
L’intervention archéologique préventive, réalisée en juin et juillet 2010, a consisté à ouvrir une fenêtre de 450 m² au-devant de l’entrée du château afin de mieux comprendre la nature des vestiges découverts dans les sondages du diagnostic. Après décapage de l’aire de fouille, au vu des vestiges dégagés, cette large fenêtre s’est toutefois avérée restreinte. En effet, outre un bâtiment qui a pu être dégagé sur l’ensemble de sa surface (50 m²), les autres structures observées (plan d’eau, structure en bois et structure en pierres) sont toutes partiellement concernées par l’aire de fouille. Cette contrainte de zonage limite de fait les interprétations sur leur nature et leur fonction.
Un plan d’eau, supposé correspondre au fossé du château (d’après le diagnostic), s’avère plus complexe. La nature hydromorphe et les tests palynologiques réalisés dans son comblement ne laisse aucun doute sur sa nature humide. Mais sa surface observée (plus de 14,60 m du nord au sud et plus de 13,50 m d’est en ouest) ne peut limiter son identification à un simple fossé (fosse longitudinale). Nous avons, au-devant du château, un vaste creusement (0,80 à 1,20 m de profondeur conservée) dont les limites nord et ouest dépassent l’emprise de l’aire de fouille. Son plan et le lien existant avec les douves du château (telles que représentée sur le cadastre du XIXe siècle) n’ont pu être établis. Il semble plus cohérent de parler alors d’un plan d’eau. Son comblement semble s’être formé par apports successifs de terres organiques durant les XI-XIIe siècle bien que les lots de mobilier céramique soient peu importants et fragmentés. Ce comblement se caractérise par une nature hydromorphe. L’immersion de ces niveaux est encore aujourd’hui d’actualité.
Au début du XIe siècle, dans le plan d’eau en cours de remblaiement ont été aménagées une ou des structures en bois. Huit pieux en bois de chêne majoritairement et trois négatifs (des creusements comblés n’ayant pas conservés les poteaux) sont présents dans le fossé. Deux d’entre eux ont été abattus avec certitude en 1023-1024 (datation dendrochronologique). Ces supports verticaux de bois ont été réalisés dans des troncs d’arbres centenaires, d’un diamètre de 40 à 60 cm, équarris pour former des sections carrées ou rectangulaires ou encore facettées. Certains apparaissent comme des réemplois. Leur position stratigraphique, fondés dans les comblements du plan d’eau (de 0,54 à 0,80 m d’enfouissement), ne permet pas de préciser la succession chronologique de tous ces supports. De ce fait, la proposition d’un assemblage reste aléatoire. Tout du moins pouvons-nous supposer que des aménagements (probablement des passages ou chemins de circulation) ont été nécessaires à cette époque afin de palier au problème d’humidité des sols.
L’assainissement de l’espace au-devant du château abouti, probablement dès le XIIe siècle, à son occupation par un habitat serré desservi par des rues et ruelles. Quatre à cinq constructions s’organisent autour d’une aire ouverte pouvant correspondre à une place devant l’entrée du château. Seule l’unité d’habitation n° 4 a été dégagée sur toute sa surface soit 50 m². Les autres sont malheureusement pour partie hors de l’emprise prescrite. Leurs murs (ou en tout cas les fondations et les premières assises), de 0,50 à 0,85 m de large, sont faits de blocs de pierre probablement assemblés par un liant de terre (mal conservé). La maison n°4 réemploie plusieurs fragments de meules. L’absence de déblais de destruction sur le site ne permet pas de préciser la nature de leur élévation : matériaux mixtes ou pierres récupérées lors de la destruction ? La période d’occupation la mieux représentée par la céramique retrouvée dans ces habitats est le bas Moyen Âge (XIIIe-XIVe siècle). Le cas de la maison n° 4 atteste une occupation jusqu’au XVIe siècle. Le mobilier métallique (pied de marmite tripode, clefs, applique décorative et clouterie à bois) permet de préciser une fonction domestique de ces habitats au bas Moyen Âge, alors que les lots du Moyen Âge central (du XIe à la première moitié du XIIIe siècle), mettent en avant une activité de maréchalerie (clous, fer d’équidés, fer de trait).
Commune : Mortemart
Adresse/lieu-dit : Place du Château des Ducs
Département/Canton : Haute-Vienne
Année de fouille : 2010
Période principale d'occupation : Moyen Âge
Autres périodes représentées : Période moderne,Epoque contemporaine
Responsable d'opération : Thibaut LASNIER
Aménageur : Commune de Mortemart
Raison de l'intervention : Aménagement de ZA ou ZI
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)