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Noville - Canal du Haut-Lac


Un diagnostic réalisé en 2017 sur le tracé du projet d’un nouveau canal de collecte d’eaux claires, traversant les communes de Rennaz et Noville, a permis la découverte de vestiges protohistoriques et gallo-romains. Le site se situe au cœur de la plaine alluviale, à 1,5 km à l’est du cours actuel du Rhône et de son débouché dans le lac Léman. Ce secteur n’avait jusqu’alors livré que de faibles indices d’occupation, avec notamment les découvertes anciennes (19e s.) d’un miliaire et d’une arase de bâtiment au lieu dit Grange des Tilles et de plusieurs ossements humains sous l’école de Noville. Cette absence notable de vestiges s’explique par un contexte particulier. Au 6e s. de notre ère, un éboulement de plusieurs dizaines de millions de mètres cubes s’est abattu depuis les flancs du massif de la Suche vers la plaine en contrebas. L’énorme pression de l’impact dans le terrain humide de la plaine inondable a repoussé une importante masse de sédiments à l’intérieur des terres et vers le lac, provoquant un véritable tsunami sur le Léman: le TauredunumCet épisode explique les collines actuellement observables sur plusieurs villages environnants et la très probable destruction de l’ensemble des occupations contemporaines et antérieurs dans le secteur. Malgré les nombreux suivis et observations réalisés pour divers aménagements (Hôpital Riviera Chablais, route H144), aucune évidence archéologique n’avait pu être mise en relation avec les déformations sédimentaires constatées en stratigraphie.

La fouille effectuée sur un tronçon du nouveau canal vient combler cette lacune. La présence d’un paléosol contenant de la céramique protohistorique (céramique à vernis noir) et la découverte de plusieurs deniers républicains laissent présager d’une occupation laténienne oblitérée par les implantations et les mouvements de terrains postérieurs.

Les investigations menées ont livré une centaine d’anomalies en lien avec la période gallo-romaine. Il s’agit essentiellement de trous de poteaux, mais aussi de plusieurs fosses de rejets de crémations contenant des esquilles osseuses et restes de céramiques. S’ajoute à cela plusieurs maçonneries en position secondaire. Le matériel collecté et les analyses 14C réalisées abondent dans le sens d’une occupation comprise entre le courant du 1er s. et la fin du 4e s de notre ère.

L’ensemble des vestiges est implanté dans un horizon sédimentaire largement perturbé, ce qui se traduit par des morphologies et profils irréguliers des structures observées. Les maçonneries sont partiellement conservées en pans, souvent disposés obliquement dans la matrice perturbée. Ces constats sont à mettre en relation directe avec l’événement de 563 de notre ère: l’onde de choc dans le sol a déformé le sédiment et les structures qu’il contenait, tandis que la masse repoussée par l’impact a pu déplacer/projeter les maçonneries, ruinées ou non, sur son passage.

Cette investigation apporte ainsi un premier témoignage, en lien avec des vestiges archéologiques, des effets et de l’impact de la partie terrestre de la catastrophe dite du Tauredunum.


Revue de presse :


Bibliographie scientifique :

  • Millet 2021: MILLET (M.), coll. de GUÉLAT (M.) : "Du nouveau sur l’écroulement du Tauredunum. Découverte de vestiges en contexte singulier à Noville", Archéologie vaudoise, Chronique 2020, 2021. 



Quelques images du site :




Commune : Noville

Adresse/lieu-dit : Canal du Haut-Lac

Département/Canton : Vaud

Année de fouille : 2018

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Age du Fer

Responsable d'opération : Morgan MILLET

Aménageur : Particulier

Raison de l'intervention : Aménagement de réseaux

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)