Une fouille archéologique a été effectuée rue de Rive 49 et 51, à Nyon, préalablement à la reconstruction, après démolition d’une grande partie de l’édifice de l’hôtel Beau-Rivage. Au regard des résultats positifs du diagnostic conduit en 2019, une fouille préventive et un suivi de terrassement ont été prescrit par l’Archéologie cantonale (DGIP, Etat de Vaud). L’opération, conduite par Archeodunum SA et sous la direction scientifique de Xavier Petit, s’est déroulée du 13 au 28 janvier 2020. Une documentation ponctuelle des vestiges a ensuite été réalisée entre les 19 et 25 mai 2020.

L’emprise est localisée à l’extrémité sud-est de la ville, le long du Quai des Alpes, qui borde les berges du lac Léman. Elle jouxte également la Rue de Rive, au nord-ouest. Le site s’intègre dans un territoire formé par la partie inférieure des vallons de l’Asse et du Boiron et par celui du Corjon ou Cordon, situé entre la ville et la colline de Clémenty. Le terrain, récemment remblayé, est relativement plat (altitude comprise entre 374,30 m et 373,80 m). La section de la Rue de Rive positionnée devant l’hôtel est cependant située à la cote de 376,20 m et le quai des Alpes à 374,00 m.

Cette opération archéologique a permis de reconnaître trois phases principales d’occupation datées de la fin du haut Moyen Âge, du Moyen Âge classique et de l’époque moderne.

Une dizaine de pieux a pu être mise en évidence à la cote de 372,05 m environ. Quatre étaient groupés sous une fondation de mur moderne (sans relation stratigraphique avec celui-ci). Six autres, alignés selon un axe sud-ouest / nord-est, ont quant à eux été reconnus plus au nord-est. Une analyse radiocarbone pratiquée sur l’un de ces six pieux a permis d’obtenir un âge calibré situé entre 890 et 1020 apr. J.-C. Ces quelques bois, interprétés comme les vestiges d’une palissade, permettent d’évoquer l’hypothèse d’un aménagement portuaire aux alentours du X^e s.

A la fin du XII^e s., le secteur voit la construction de plusieurs murs. Deux sont disposés selon un axe sud-ouest / nord-est, parallèlement à la rive du lac, un troisième est chaîné perpendiculairement aux précédents et orienté vers le nord-ouest. Les maçonneries se caractérisent par un ressaut de fondation important, un profil pyramidal et le remploi de blocs architecturaux romain à leur base. Des madriers en chêne, sur lesquels reposaient en partie ces fondations, ont été observés à deux endroits, à l’occasion de sondages ponctuels. Une expertise dendrochronologique effectuée sur l’un d’eux a permis d’établir sa date d’abattage à l’automne/hiver 1191/1192. Ces structures maçonnées ont été interprétées comme des murs de fortification ou des murs de quai.

Une reprise d’une partie des maçonneries médiévales en tant que fondations de bâtiments semble s’opérer aux alentours des XVIII^e s. et XIX^e s. Deux murs sont montés au sud-ouest de la parcelle, un niveau de circulation se développe entre eux et un espace pouvant correspondre à un vide sanitaire se développe plus à l’est, sur une partie remblayée du lac et contre les fondations médiévales. Ces aménagements pourraient correspondre à des étapes de construction et de rénovation de l’auberge de la Croix-Blanche renommée « Hôtel National » puis Beau Rivage en 1879 avant de devenir, au tout début du XX^e s. « Hôtel Beau-Rivage ».