La réfection des axes routiers principaux dans le sud de la ville d’Orbe a nécessité un suivi archéologique sur toute la durée des travaux. Lors de cette opération, un cimetière d’époque médiévale a notamment été mis au jour sous la route en direction de Chavornay, probablement en lien avec l’ancienne église Saint-Martin. Fouillé que partiellement, cet espace funéraire a pu être observé sur presque 100 m de longueur ; seule sa limite occidentale a pu être appréhendée, matérialisée par la voie Lausanne-Yverdon (Route de l’Étraz), de construction romaine.

Au total, 60 sépultures à inhumation ont été repérées, dont 17 qui n’ont pas été fouillées car non menacées par le projet actuel. Lors de l’étude biologique, un minimum de 42 individus a été dénombré, soit 32 adultes et 10 immatures. Les défunts ont été inhumés sur le dos, généralement dans des contenants en matériaux périssables (coffrages de planches ou fosses couvertes). On recense aussi quelques cas (5) d’inhumations en pleine terre. Dans au moins huit cas, un soin particulier a été apporté à la tête, surélevée grâce à un support en bois ou un coussin. Aucune sépulture n’ayant livré de mobilier, ce sont les analyses 14C effectuées sur les squelettes qui permettent de situer l’utilisation du cimetière entre la fin du 8e s. et la seconde moitié du 13^e s. 

Implantées selon des orientations variables, les tombes sont organisées en plusieurs ensembles peu espacés, comptant jusqu’à trois niveaux de recoupements. Ces noyaux pourraient correspondre à des « concessions familiales », utilisées sur un temps assez long, certaines accueillant des adultes et des enfants, d’autres uniquement des adultes. Peu présents dans ce corpus, les tout-petits (0-4 ans) ont peut-être été enterrés dans un secteur réservé de l’aire funéraire, non découvert à ce jour. Le sexe des individus adultes ne semble pas un critère de répartition, même si l’échantillon est peu représentatif (18 déterminés, soit 11 femmes et 8 hommes). Enfin, la confrontation de la chronologie relative, principalement basée sur les orientations, et des analyses 14C permet de définir au moins trois phases d’utilisation, avec des « concessions » qui fonctionnement en parallèle.  

Cette opération a également permis de compléter nos connaissances sur les voies de communication présentes dans la région d’Orbe. Aucun nouveau segment d’époque romaine de la Route de l’Étraz n’a été mis au jour. Un petit tronçon a néanmoins été documenté au débouché du Chemin de l’Étraz sur la Route de Chavornay. Daté grâce à des fers à cheval (13^e-14^e s.), il confirme la réfection et l’utilisation de cet axe au Moyen Âge. Dès la fin du Moyen Âge, ce réseau routier sera entretenu par les autorités bernoises jusqu’à la fin de l’époque moderne. La découverte de plusieurs niveaux de route de cette période sous les chaussées actuelles indique une persistance des axes principaux depuis l’époque celtique jusqu’à aujourd’hui, sans grandes variations de leur tracé.