Une intervention de sauvetage a été prescrite suite à la découverte fortuite d’ossements humains lors d’un terrassement à l’entrée du village de Palézieux, dans un secteur situé hors région archéologique. Durant cette opération, 23 sépultures et quatre portions de maçonneries formant l’angle nord-ouest d’un enclos ont été identifiées. Trois tombes n’ont pas été fouillées en raison de leur localisation en limite de l’emprise. Deux autres sépultures, dont la présence a été déduite sur la base de l’organisation régulière du cimetière, ont été entièrement détruites par le terrassement. Au final, quinze sépultures ont été documentées en plan et trois partiellement dans le profil oriental. Une seule phase d’ensevelissement a été mise en évidence, suggérant une utilisation courte de ce lieu d’inhumation.

 Le site est localisé à 20 m environ au nord du temple actuel, édifié entre 1828 et 1830, sur les ruines d’une église mentionnée dès 1196 et attestée sous le vocable de Saint-Pierre dès 1421. À l’occasion de la construction du nouvel édifice, les archives mentionnent l’achat d’une portion de pré de 20 toises (180 m²), afin de ne pas creuser dans des sépultures dont les dépouilles ne seraient pas entièrement « consumées ». Un cimetière est par conséquent mis en fonction vers 1828, sans précision concernant la date de sa fermeture. Sur le plan cadastral de 1868, on ne trouve aucune trace d’un espace funéraire à cet emplacement. En revanche, une parcelle d’une superficie de 44 perches (396 m²), partiellement clôturée, y est représentée. Ces murs correspondent parfaitement aux tronçons de maçonneries mis au jour lors de l’intervention. Sur ce même plan, un nouveau cimetière toujours en fonction apparaît plus à l’ouest. En considérant la durée de 20 ans minimum imposée par les règlements entre deux cycles d’inhumation pour que la décomposition soit complète, ainsi que l’intervalle de temps du souvenir jusqu’à l’oubli, on peut supposer que ce lieu d’inhumation n’a pas été utilisé au-delà de 1848 et certainement moins de dix ans.

 Les sépultures sont implantées en quatre lignes régulières, distantes de 20 à 30 cm, à l’exception d’une tombe placée parallèlement au mur occidental. Les fosses, disposées en quinconce, ont une orientation majoritairement ONO-ESE, avec la tête du défunt à l’ouest. Trois individus ont cependant la tête à l’est et dans la sépulture axée sud-nord, la tête du défunt est au sud. La découverte d’éléments d’assemblage en fer (clous et tiges), de pellicules de bois ou de traces organiques atteste l’utilisation d’un cercueil cloué pour chaque sépulture. Elle est généralement corroborée par les observations archéothanatologiques, indiquant une décomposition du corps survenant en espace vide.

 Les fosses sont de forme rectangulaire, avec des parois verticales et un fond plat. Elles sont clairement surdimensionnées en longueur et en largeur (15-20 cm) afin de faciliter la descente des cercueils. La profondeur maximale observée est de 147 cm, mais en tenant compte des travaux de nivellement, elle peut être estimée entre 150 et 180 cm, ce qui correspond aux normes en vigueur. Repérée dans le talus oriental, l’unique sépulture de petit immature mise au jour a été excavée nettement moins profondément que celles des adultes. À l’origine, elle devait mesurer entre 60 et 90 cm (57 cm conservés). Ce constat indique que les tombes de fœtus, périnatals et petits immatures ont été détruites lors du terrassement effectué avant notre intervention.