Cette opération archéologique a été réalisée à l’occasion du réaménagement des places du Marché et du Tribunal, situées autour de l’Abbatiale et du temple de Payerne. Elle a consisté au suivi des travaux et à la fouille des différentes tranchées de service ainsi que des fosses destinées à recevoir des arbres, des bornes automatiques ou un moloch. Elle s’est déroulée en plusieurs étapes entre le 29.10.2018 et le 17.05.2019. 

Les principaux vestiges mis au jour sont les sépultures qui composent un cimetière densément occupé sur une surface d’environ 2700 m², s’étendant de l’angle nord-est du temple - l’église paroissiale - jusqu’à l’axe du parvis de l’Abbatiale. Les 167 inhumations qui ont été observées apparaissent souvent directement sous l’épaisseur de sol actuel. Parmi elles, 100 ont pu être soigneusement documentées, prélevées et étudiées. 

Majoritairement en position dorsale, orientés la tête à l’ouest, les avant-bras ramenés sur le tronc, les défunts sont parfois assez exactement superposés. Jusqu’à six niveaux successifs ont été mis en évidence. Les prémisses de l’étude anthropologique montrent que les deux sexes et tous les âges sont représentés dans le cimetière. De plus, aucun secteur particulier, qui serait réservé à l’une ou l’autre de ces catégories, n’apparaît de manière flagrante.

Des traces de bois et l’étude taphonomique des ossements indique que tous les individus ont été inhumés dans des contenants en bois. Les sept analyses radiocarbones effectuées sur les ossements de tombes indiquent que le cimetière a été en fonction entre le 11^e s., et peut-être jusqu’aux 16^e/17^e s.

Les défunts n’étaient que très rarement accompagnés d’objet. Toutefois, un calice en étain était déposé dans la main gauche ramenée sur le thorax d’un homme d’âge mûr, dans la tombe T745, la plus ancienne reconnue lors de l’opération. 

Les vestiges antérieurs au cimetière sont peu nombreux. Il s’agit de couches d’incendie apparues en bordure nord de la place et d’un mur en molasse, certainement médiéval, s’appuyant contre la façade ouest de l’église paroissiale et se poursuivant en direction du chevet de l’Abbatiale. Des sépultures ont été installées de part et d’autre de cette maçonnerie. À ce stade de l’étude, il n’est pas possible de déterminer s’il délimitait des espaces funéraires différents. 

À l’ouest de l’Abbatiale, des portions de murs complètent le plan du bâtiment des «Écuries » apparaissant sur un cadastre de 1697 et dont l’angle sud-est avait été mis au jour lors de la surveillance de 2013. La présence de quelques os humains dans les remblais de construction montre que l’édification de ce bâtiment de 15 x 20 m a perturbé voire détruit une partie du cimetière. Tous les sols ou les niveaux d’occupation ont disparu lors de sa destruction en 1863.

Les autres maçonneries apparues lors de l’opération appartiennent principalement à un réseau de canalisations modernes soigneusement construites. Ce sont sans doute les ossements des sépultures rencontrées lors de leur construction qui ont été déposées dans une fosse commune. Les traces de cette dernière ont été reconnues dans l’axe des escaliers qui mènent de la Grand-Rue à la place du Marché.