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Rennemoulin - Chapelle Saint-Nicolas


La chapelle Saint-Nicolas de Rennemoulin a fait récemment l’objet de travaux de restauration, à la demande de la municipalité et en accord avec l’Institut Pasteur, propriétaire des lieux. Ce projet ayant été mis en œuvre indépendamment de toute observation archéologique, les services de l’État ont décidé d’arrêter le chantier de restauration en cours et ont prescrit une fouille préventive. Cette dernière, menée en deux phases, a débuté par une étude du bâti (en juillet 2014) suivie d’une fouille sédimentaire des abords de l’édifice (en décembre 2014). Les maçonneries de la chapelle portent les traces de constructions successives et sept grandes phases de travaux ont pu être déterminées. L’étude du bâti s’est accompagnée d’une analyse archéologique et dendrochronologique des charpentes de l’édifice. L’opération sédimentaire, menée sur une emprise totale de 117,83 m2, a consisté à fouiller le long des murs nord et ouest de la chapelle, en amont de la mise en place d’un fil d’eau, destiné à canaliser les eaux pluviales à l’extérieur de l’édifice. Trois sondages manuels ont été réalisés conjointement, au sud et à l’intérieur de la chapelle. Une étude documentaire a été réalisée entre les deux opérations de terrains par Etienne Lallau (Service Archéologique Départemental des Yvelines).


Si la première mention d’une église à Rennemoulin, date de 1202, il ne reste aujourd’hui qu’une simple chapelle transformée en grange au début du XIXe siècle. Les murs gouttereaux nord, est et une partie du mur sud de l’édifice actuel présentent les vestiges de cette première église et matérialisent ainsi le bas-côté méridional et une partie du transept de l’église primitive. Un second vaisseau a pu être dégagé, en partie, au nord de l’édifice actuel et sa largeur peut être restituée à six mètres. Les deux vaisseaux communiquaient par une série de grandes arcades surmontées de quadruplets de lancettes et le bras sud du transept ouvrait vers le nord par un arc triomphal. Si la présence d’un troisième vaisseau, au nord, est fortement supposée, l’emprise de la fouille n’a pas permis de le vérifier. Cette première église du XIIIe siècle a été érigée dans des niveaux de remblais qui ont livré du mobilier daté du IXe au XIIIe siècle et cela semble donc exclure une fondation ex nihilo du lieu de culte. Au moins deux sépultures contemporaines de ce premier édifice ont été mises au jour au sud de la chapelle actuelle et l’une d’elles a pu être datée par radiocarbone de 1295. Les textes et les vestiges archéologiques sont très indigents pour la période comprise entre le XIVe et le XVIe siècle. Cette absence de données pourrait être mise en relation avec les événements liés à la guerre de Cent Ans qui ont fortement ravagé la région.


Au vu des éléments observés, l’église de Rennemoulin devait être en grande partie ruinée à la fin du XVe siècle. Seul le bas-côté sud et une partie du transept, peut-être plus intègres, vont être conservés. Dorénavant, les grandes phases de travaux vont se succéder sur les maçonneries encore en élévation de la chapelle actuelle. La seconde phase de travaux, attribuée au XVIe siècle, est matérialisée par le bouchage de toutes les ouvertures évoquées précédemment (grandes arcades de la nef et arc triomphal du chœur) menant à la réduction de l’édifice religieux en simple chapelle. Deux portes et une fenêtre sont alors aménagées dans les maçonneries de bouchage du mur gouttereau nord. La fouille menée à l’extérieur a permis d’observer quelques remblais et lambeaux de niveaux de sol associés à ces travaux.


Au siècle suivant, de grands travaux sont menés sur l’édifice réduit et principalement sur l’espace occupé par la nef de la chapelle actuelle. Ses murs sud et ouest sont reconstruits et la nef est coiffée d’une charpente, datée par dendrochronologie de 1636-1637. De nouvelles baies sont aménagées dans les murs nord, sud et ouest de la nef afin d’éclairer l’unique vaisseau.


Au XVIIIe siècle, une nouvelle campagne de travaux est lancée et porte, cette fois, sur le chœur de la chapelle qui reçoit à son tour une charpente, datée par dendrochronologie de 1718-1719. Dès 1804, la paroisse est supprimée et rattachée à celle de Villepreux. Ce changement va avoir un impact sur l’édifice religieux qui sera alors transformé en bâtiment agricole. Les maçonneries de la chapelle, mais surtout ses abords vont être profondément marqués par ces travaux qui s’opèrent tout au long des XIXe et XXe siècles. Enfin, la dernière phase identifiée concerne les travaux de restauration menés sur la chapelle en 2013-2014, en amont de notre intervention. Par ailleurs, la fouille du sous-sol a permis d’appréhender l’occupation funéraire des abords de la chapelle. Un cimetière semble avoir pris place tout au long de l’occupation cultuelle du lieu (sépultures datées par radiocarbone de 1295, 1600 et 1785 et découverte de fragments de plates-tombes pouvant être attribués au XIIIe-XVe siècles). Cette occupation funéraire du lieu va perdurer au XIXe siècle malgré le changement de fonction de l’édifice, car deux sépultures datées par radiocarbone de 1830 et 1885 ont été fouillées au nord et à l’ouest de la chapelle.


Bibliographie scientifique :

  • Beurtheret 2015 : BEURTHERET M., « Recherches archéologiques préventives réalisées en 2014 : premiers résultats des études et analyses menées sur la chapelle Saint-Nicolas de Rennemoulin » in Le prieuré de Rennemoulin et sa chapelle restaurée, Livret de l’Association Renaissance du Patrimoine de Noisy-le-Roi, Rennemoulin, Bailly, septembre 2015, pp. 45-55.


Commune : Rennemoulin

Adresse/lieu-dit : Chapelle Saint-Nicolas

Département/Canton : Yvelines

Année de fouille : 2014

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Maude BEURTHERET

Aménageur : Institut Pasteur

Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique

Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)