Romans-sur-Isère - Loubat
En périphérie de Romans-sur-Isère, un projet de centre de méthanisation porté par la société Bioteppes a conduit à une fouille archéologique sur 10 000 m2. La fouille menée par une équipe Archeodunum de septembre 2021 à début février 2022 a vu la mise au jour d’un village de potiers des IXe et Xe siècles, avec ses fours et ses maisons, sur un terrain jonché de dizaines de milliers de fragments de céramiques, ainsi que les témoins d’occupation du site à d’autre époques.
Au moins vingt-trois fours de potier…
La mise au jour d’un ensemble de vingt-trois fours de potier datés du Moyen Âge (IXe-Xe siècle) constitue la principale découverte de cette fouille. Ce sont des fours semi-enterrés, de 3 à 4 m de longueur. Ils se composent d’une fosse de travail, d'un alandier (foyer) et d'une chambre de cuisson circulaire, parfois parementée de galets. Certains fours sont réaménagés dans des fours antérieurs après leur abandon.
La production des fours nous est connue par les dizaines de milliers de tessons de céramique qu’a livrés le site, en comblement des fours et autour de ceux-ci. Il s’agit essentiellement de vaisselle domestique, où dominent les pots globulaires et les cruches. Ces dernières sont parfois décorées (rainures, décors à la roulette) ou marquées sur leur fond d’un symbole par leurs fabricants. Certains pots, sacrifiés, ont été retrouvés entier au fond des fours où ils servaient à surélever la fournée par rapport au foyer. Au total c’est 2,7 tonnes de céramique qui a été mis au jour sur le site, un volume particulièrement impressionnant qui ne représente qu’une part minoritaire, celle des pertes et casses, de la production du site.
En 2007, l’aménagement du contournement nord-ouest de Romans avait déjà occasionné la découverte d’un premier ensemble de fours de potiers, lors de fouilles préventives menées par l’INRAP. Ces deux sites montrent une spécialisation locale dans la production de céramique, témoignant d’une véritable industrie rurale. Les types de poteries produites à l’ouest de Romans étaient abondamment diffusés à l’échelle régionale.
… dans un village artisanal
Les fours sont situés en bordure de deux groupes de bâtiments, dont sont conservées les fondations de galets. Il s’agissait de constructions en pisé (terre crue) dont seuls les solins de pierre (galets polygéniques et molasses) sont conservés. Cet ensemble comprend l’habitat des potiers et les ateliers où étaient probablement tournées les céramiques, sans qu’il soit toujours possible d’attribuer une fonction aux bâtiments. À l’intérieur de ceux-ci on retrouve parfois des vestiges de radiers, des niveaux de sols indurés ou des foyers domestiques.
D’autres traces d’activité complètent le portrait de ce hameau médiéval : forge pour la réparation des outils, broche et fusaïole pour le filage ou le tissage, ou encore objets de la vie quotidienne (agrafe de vêtements, couteaux, etc.). Plusieurs silos de stockage de grains ont également été mis au jour ainsi que des fosses visiblement destinées au stockage de l’argile en attente de son usage pour la céramique.
Des inhumations médiévales
Un petit groupe de sépultures a été découvert au sud-ouest du site. Ces tombes contenaient les corps d’un individu adulte, d’un adolescent et de quatre enfants en bas âge. Les restes d’au moins trois autres adultes ont également été retrouvés, perturbés par le creusement de fosses plus récentes. Ce petit ensemble d’échelle familial est datée de la fin du VIe ou de la première moitié du VIIIe siècle de notre ère. Il correspond probablement à un habitat d’échelle familial dont les vestiges n’ont toutefois pas été identifié dans l’emprise de fouille. Trois autres sépultures de jeunes enfants ont été découvertes à l’autre extrémité du site et sont en attente de datation radiocarbone.
Des millénaires de fréquentation humaine
En plus de l’occupation médiévale, le site a livré quelques vestiges du premier âge du Fer (VIIe siècle avant notre ère), dont un four à pierres chauffés de type « four polynésien ». Quant aux couches d’alluvions et de colluvions qui recouvrent le site, elles témoignent indirectement des occupations humaines successives qu’a connues la plaine de Romans au cours des siècles. Elles ont livré des indices ténus du Néolithique, de la fin de l’Antiquité, du XVe ou encore du XIXe siècle. De nos jours les parcelles voisines sont consacrées au maraîchage et aux serres du lycée agricole (CFPPA-UFA Terre d’horizon).
Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :
Revue de presse :
- Le Dauphiné : Châteauneuf-sur-Isère, Quentin Rochet est venu parler d’archéologie (24/05/2022)
- MonQuotidien.fr (jeunesse) : Découverte des restes d’un très vieux village (22/01/2022)
- France 3 : Un village de Potiers du Moyen Age à Romans-sur-Isère (JT régionale 12/13 + 19/20) (20/01/2022)
- France 3 : Un exceptionnel village de potiers des X et XIe siècles découvert à Romans-sur-Isère (18/01/2022)
- Peuple Libre : Romans-sur-Isère : un trésor historique déterré par des archéologues (14/01/2022)
- L'impartial de la Drôme : Romans – Histoire - Un village de potiers du Moyen Âge découvert (12/01/2022)
- France bleue : Un village de potiers du Moyen-Âge découvert à Romans-sur-Isère (06/01/2022)
- Le Dauphiné : Romans-sur-Isère : un village du Moyen Âge révélé par des fouilles archéologiques (Reportage vidéo) (06/01/2022)
- Le Dauphiné : A Romans-sur-Isère, un village du Moyen-âge refait surface (06/01/2022)
Quelques images du site :
Commune : Romans-sur-Isère
Adresse/lieu-dit : Loubat
Département/Canton : Drôme
Année de fouille : 2021
Période principale d'occupation : Moyen Âge
Autres périodes représentées : Age du Fer
Responsable d'opération : Quentin ROCHET
Aménageur : Bioteppes SAS
Raison de l'intervention : Construction d'une unité de méthanisation
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)
Communiqué de presse annonçant la visite du site le 15 janvier 2022Plaquette de présentation