Saint-Chaffrey - Eglise Saint-Arnoult
La chapelle Saint-Arnould, située dans les hauteurs de la commune de
Saint-Chaffrey, dans la vallée de la Guisane, est réputée pour être l’un
des édifices religieux les plus anciens du Briançonnais. Les
premières mentions du village apparaissent au début du XIIe siècle, dans
le cartulaire de la prévôté d’Oulx, avec la confirmation en 1118 par
l’évêque d’Embrun au prévôt d’Oulx de plusieurs églises et de leurs
dépendances, dont celle de Saint-Chaffrey. Nous pouvons raisonnablement
penser que l’église est présente au tout début du XIIe, voir à la fin du
XIe siècle. L’édifice est surtout connu pour les fresques du XVe siècle
représentant le martyre de Saint-Sébastien et ornant les surfaces de la
chapelle latérale sud. Construction atypique, dotée de
maçonneries hétérogènes et bâtie sur des colluvions, l’église souffre
depuis plusieurs années de désordres liés à l’instabilité des terrains
et à l’humidité.
Dans le cadre de sa restauration, une fouille archéologique a été menée
sur l’emprise des tranchées de mise hors eau de l’édifice par une équipe
de la société Archeodunum SAS. Des tranchées ont également été
réalisées le long des murs de l’extrémité ouest de la nef à l’intérieur
du bâtiment.
L’étude des maçonneries n’a pu se faire que sur les fondations et les
parements décroutés situés au chevet et au nord-est de l’église. Ces
observations font apparaître un bâtiment complexe ayant subi de
multiples reconstructions et réfections. 6 phases de construction ont
été identifiées :
– 1/ Un premier édifice, probablement construit à la charnière des Xe et
XIIe siècles, avec une nef rectangulaire, se développait jusqu’au
portail latéral sud. Aucune trace au sol de la façade occidentale
primitive n’a été mise en évidence, elle devait être peu fondée.
Toutefois, plusieurs anomalies permettent d’en déterminer la position.
– 2/ Des maçonneries arasées et antérieures aux constructions mises au
jour au sud-est, à l’extérieur du chevet, ainsi que de nombreuses
anomalies repérées sous les enduits laissent supposer un premier chevet
dont la forme reste à déterminer.
– 3/ Construction de l’abside semi-circulaire surbaissée. Le portail
latéral sud (daté du XIIe siècle) pourrait être inséré soit à l’état
précédent soit avec la construction de cette abside.
– 4/ Le mur nord de la nef primitive a été reconstruit lors de
l’extension du lieu de culte avec un « collatéral » nord, auquel on
accédait par deux grandes arcades séparées par un pilier monumental
(fig. 6). L’extension nord présente un ensemble bâti très homogène, tant
au niveau du mortier que des matériaux utilisés. Cette agrandissement
pourrait être daté de la fin du XIIIe voire du début du XIVe siècle. Une
construction carrée située au sud de l’édifice, au niveau de
l’épaulement entre la nef et le chevet, pourrait correspondre à un
clocher. Ce dernier pourrait avoir été construit à la période
précédente, mais le manque d’élément rend sa datation difficile.
– 5/ La fouille de l’extérieur sud du chevet et les observations faites
sur les maçonneries de la chapelle latérale sud ont permis de montrer
que cette dernière vient s’accoler contre le clocher, les deux étant
reliées par une baie ouverte dans le mur mitoyen. La datation de la
chapelle latérale sud est placée au plus tôt au XVe siècle.
– 6/ L’extrémité occidentale moderne (XVIIe siècle ?) a été cernée. Il
s’agit d’un ensemble relativement homogène incluant le contrefort
sud-ouest. Le mur sud est en grande partie reconstruit. Le collatéral
nord est détruit et un mur de placage est collé contre l’édifice,
bouchant les arcades.
Il est à noter que lors du déménagement du mobilier de l’église, un
autel maçonné était entièrement masqué par un autel en bois plus récent.
Il est possible que la base de ce premier autel ait été construite au
XIIe ou XIIIe siècle.
Enfin, 43 sépultures ont été mises au jour. Toutes sont primaires et simples à l’exception d’une tombe occupée par deux individus immatures. Les ossements sont majoritairement bien conservés mais un fort taux de recoupement est à noter, ce qui va altérer les observations réalisables. La fouille n’ayant été faite que sur un espace très restreint, les conclusions portant sur le recrutement ou la répartition des individus ne pourront être faites, dans un souci de pertinence.
Bibliographie scientifique :
- Jouneau 2014 : Jouneau D., « Saint-Chaffrey (Hautes-Alpes), chapelle Saint-Arnoud », in Bilan Scientifique de la région Provence Alpes Cote d'Azur 2013, vol. 1, Aix-en-Provence, p. 36.
Quelques images du site :
Commune : Saint-Chaffrey
Adresse/lieu-dit : Eglise Saint-Arnoult
Département/Canton : Hautes-Alpes
Année de fouille : 2013
Période principale d'occupation : Moyen Âge,Période moderne
Responsable d'opération : David JOUNEAU
Aménageur : Commune de Saint-Chaffrey
Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique
Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)