Saint-Joseph - Grange Blanche
Le site est localisé sur les premiers contreforts des Monts du Lyonnais, à égale distance entre Lyon et Saint-Étienne. Les sondages effectués par l’Inrap avaient révélé la présence d’un tronçon de l’aqueduc du Gier et de la « tranchée supérieure » qui lui est parallèle en amont, depuis Saint-Chamond jusqu’à la vallée du Bosançon. L’opération a permis, pour la première fois, de fouiller un tronçon enterré de cette « tranchée supérieure », cette dernière étant, jusqu’à présent, uniquement documentée par les tailles hors sol visibles dans le rocher.
La fouille de la zone 1 a permis la
découverte de la « tranchée supérieure » (F1) sur une distance de 89
mètres. Le substrat rocheux a été atteint à une altitude moyenne
comprise entre 387,26 m au nord et 386,50 m au sud. L’ouvrage se
présente sous la forme d’une grande saignée entièrement taillée dans le
rocher et possédant une orientation nord-sud.
Sa partie méridionale montre une amorce de virage en direction du
sud-ouest afin de suivre la courbe de niveau et contourner le vallon. Le
profil de son creusement a été documenté par le biais de quatre
sondages profonds implantés dans son axe. La tranchée possède des
dimensions impressionnantes pouvant atteindre 2,80 mètres de largeur à
l’ouverture pour 2,70 mètres de profondeur.
La partie supérieure montre généralement un creusement par simple
détachement de blocs en suivant les failles du rocher. Des traces de
taille au pic sont, en revanche, nettement visibles sur la partie
inférieure formant canal. Le fond est plat et égalisé avec soin à une
altitude comprise entre 384,81 m au sud et 384,65 m au nord, ménageant
une faible pente dans cette direction (0,2). Un petit canal
d’orientation est-ouest se greffe sur la tranchée principale (F3). Le
dernier comblement de l’ouvrage livre enfin un petit lot de mobilier
daté de l’Antiquité Tardive (IVe-Ve siècles).
De rares éléments découverts dans le comblement médian du sondage A permettent également de proposer un terminus post quem dans les années 20/30 de notre ère. Enfin, pour la majorité des
auteurs, la seule interprétation plausible de cette tranchée demeure un
tracé primitif de l’aqueduc du Gier, implanté entre 12 et 15 mètres
au-dessus de celui finalement réalisé.
L’abandon de l’ouvrage en cours d’exécution (après tout de même 50 km)
ne laisse pourtant pas d’étonner au regard de l’ampleur des travaux
entrepris. Il doit cependant pouvoir être mis sur le compte de surcoûts
financiers importants dus à des erreurs de nivellement. Le projet a
vraisemblablement été repensé et modifié à une altitude plus basse,
certainement en partant du point d’arrivée, sur le rebord du plateau de
Fourvière à Lyon.
La fouille de la zone 2 a mis au jour une grande dépression rocheuse (F7) d’environ 250 m2. Son comblement pourrait être représentatif d’une petite mare ayant servi de dépotoir durant l’Antiquité Tardive. Trois drains ont été identifiés sur sa bordure sud-ouest. Les deux premiers (F4 et F5) se présentent sous la forme d’une saignée dans le rocher de quelques centimètres, comblée de galets, d’orientation sud-est/nord-ouest. Le dernier se rapporte à un petit caniveau en pierre sèche avec piédroits et dalle de couverture. Ces aménagements, destinés à l’assainissement des terres, pourraient signaler la proximité d’un établissement agricole lié à une mise en culture des parcelles alentours. La découverte de grandes quantités de tegulae et d’imbrices plaide également en faveur de la destruction d’un ou plusieurs bâtiments (villa ?).
Le mobilier archéologique recueilli renvoie à un contexte domestique daté de la seconde moitié du IIIe siècle, dont la chronologie est confortée par la présence d’un sesterce en bronze d’Alexandre Sévère (222-235 apr. J.-C.). L’identification incertaine de deux monnaies du IVe siècle (Constantin ?) pourrait repousser la datation au début du siècle suivant, malgré l’absence de catégories céramiques caractéristiques de cette période.Bibliographie scientifique :
Commune : Saint-Joseph
Adresse/lieu-dit : Grange Blanche
Département/Canton : Loire
Année de fouille : 2008
Période principale d'occupation : Antiquité
Autres périodes représentées : Epoque contemporaine
Responsable d'opération : Guillaume MAZA
Aménageur : Société Lotir Rhone-Alpes
Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)