Le lieu-dit « Bel-Air » à Saint-Laurent-la-Conche (Loire), est délimité par deux petits cours d’eau. Il est situé sur la rive est de la Loire et couvre environ 17,5 ha. L’inventaire des découvertes anciennes sur les deux communes voisines est marqué par la présence de plusieurs éléments du domaine funéraire gallo-romain.
Le lieu-dit « Bel-Air » et les terrains situés plus au sud (sur la commune de Marclopt), ont vu se réaliser, à partir de 1997, une série de campagnes de diagnostic, qui a révélé une occupation de l’âge du Bronze et du Moyen Age. Une partie de ces terrains a été fouillée en 2002 sous la direction de Vincent Georges (INRAP). Une autre campagne de diagnostic fut réalisée en 2003 par le même archéologue. Lors de cette campagne, une tombe à char fut découverte et fouillée immédiatement. La fouille dans un secteur autour de la tombe à char en 2008 par Peter Jud (Archeodunum) a révélé la présence d’autres enclos funéraires et à offrandes, ainsi que des sépultures de nourrissons de l’époque gallo-romaine. La plus récente opération de diagnostic, sous la direction de Vincent Georges et Brigitte Thévenin, fut réalisée en 2006 et couvrait une superficie de 17,8 ha. Elle a démontré, entre autres, la présence de plusieurs structures de l’âge du Bronze.
La zone soumise à la prescription correspond à une surface trapézoïdale d’une superficie de 2,15 ha. La fouille a eu lieu du 4 août au 9 octobre 2008. La partie est du site est occupée par un paléochenal, comblé entre l’âge du Fer et le 7^e siècle ap. J.-C. (datations 14C). Plusieurs étangs ont été aménagés par la suite dans les comblements du paléochenal.
Les structures archéologiques s’articulent sur le terrain légèrement plus élevé, et sont groupées selon leur fonction: les structures funéraires occupent la partie plus basse, le long du paléochenal, et les structures d’habitat le terrain le moins inondable. Un grand enclos fossoyé allongé de forme ovale, d’environ 24 m sur 9,5 m avec une ouverture au sud-ouest, contient exclusivement du mobilier appartenant au Néolithique moyen. Malgré l’absence de sépultures à l’intérieur de l’enclos, l’hypothèse d’une fonction funéraire nous semble être justifiée par la comparaison avec d’autres monuments funéraires de la même époque. Deux enclos fossoyés circulaires très similaires, d’un diamètre de 10 m environ, ceinturant une fosse centrale, sont interprétés comme les restes de deux tumulus. Selon le mobilier découvert, ils appartiennent à la transition Bronze ancien/Bronze moyen. Des cinq enclos quadrangulaires, trois seulement ont pu être fouillés. Ils comportaient de la céramique résiduelle du Bronze final. En dépit de leur forme, typique de l’âge du Fer, nous les attribuons au Bronze final, à cause de l’absence absolue de mobilier postérieur au Bronze final sur le site entier. Nous supposons en plus la présence de dépôts d’incinérations à l’intérieur des enclos, disparus aujourd’hui en raison de l’érosion forte du site. Les deux monuments funéraires les plus récents se présentent sous la forme de simples dépôts d’incinérations en fosse. Ils appartiennent, d’après les analyses 14C, au Premier âge du Fer.
Des silos, des vases de stockages enterrés et des fosses du Bronze final font partie des restes d’un habitat, qui se prolonge sans doute en direction de la rive de la Loire. Le village protohistorique de Saint-Laurent-la-Conche « Bel Air », avec son grand fossé et les monuments funéraires bien datés, compte sans doute parmi les sites les plus importants de l’âge du Bronze dans le Forez.