Le site de Sauzet « Autoroute A7 – protection de la ressource en eau – section 2 » est localisé dans la plaine de la Valdaine, à environ 4 km au nord-est de Montélimar (Drôme). Le projet d’aménagement d’un bassin de récupération des eaux par la société ASF le long du tracé de l’autoroute A7 a entrainé la réalisation, en décembre 2010, d’un diagnostic archéologique sous la direction d’Eric Néré (Inrap). Celui-ci a mis en évidence une occupation protohistorique, entrainant la prescription d’une fouille archéologique préventive sur une emprise de 7300 m². L’opération s’est déroulée du 01 août au 21 octobre 2011.
Le site est traversé par un vaste paléochenal aux abords duquel sont apparues des structures en creux relevant de plusieurs phases d’occupation. Le comblement inférieur de ce chenal a livré de nombreux fragments de bois, charriés par le cours d’eau et conservés en milieu humide, qui ont été datés de la fin du IVe mill. av. notre ère (3360-3090 BC).

Les plus anciennes structures remontent au Campaniforme récent (groupe rhodano-provençal ; 2300-2200 av. n. è.). Il s’agit d’un ensemble de fosses polylobées creusées dans un dépôt alluvial argilo-limoneux. Elles semblent correspondre à des fosses d’extraction, probablement liées à l’exploitation des sédiments comme matériaux de construction. Une large fosse, cernée de petits surcreusements circulaires, a également été mise au jour en bordure de l’emprise. Il pourrait s’agir d’une structure de stockage à logettes dont le type est par ailleurs bien documenté pour le Néolithique final dans le Languedoc oriental. Comme les fosses voisines, celle-ci est partiellement recoupée par la mise en place d’un bâtiment sur poteaux porteurs dont la datation reste indéterminée.

Une série de cinq puits circulaires, implantés dans la partie sud-est de l’emprise, a livré un abondant mobilier du début de La Tène finale (seconde moitié du II^e s. av. n. è.). La présence de fragments de four de potier, de dolia et de meules dans les remblais de comblement, témoigne de la proximité d’un habitat du deuxième âge du Fer. Plusieurs fosses de plantation, contemporaines de ces puits ont également été découvertes à l’extrémité sud-est de l’emprise.

Du mobilier de l’Antiquité tardive (première moitié du V^e s.) a été mis au jour au sein du comblement de deux grandes fosses interprétées comme des fosses d’extraction. Il renforce les présomptions d’une présence d’habitats dans le secteur, déjà soulignée par la découverte d’une inhumation en coffrage de tuiles lors de l’opération de diagnostic.
Un fossé d’orientation nord-est/sud-ouest, accompagné d’un probable vestige de bornage, a été daté de la seconde moitié du XIIIe s. Il semble constituer une limite parcellaire, témoin de l’organisation spatiale du secteur à l’époque médiévale.

Bien que fortement érodé, le site de Sauzet documente les modalités de la réoccupation d’un secteur rural sur près de quatre millénaires. Les vestiges du Campaniforme, de La Tène finale et de l’Antiquité tardive, attestent la présence d’habitats dans le voisinage de l’emprise de l’opération. La fouille a en outre permis l’apport de données paléo-environnementales piégées dans le paléo-chenal (palynologiques et macro-restes ligneux), dont l’étude permettra d’aborder la reconstitution des paléo-milieux à l’échelle locale et régionale.