Tomblaine - ZAC Bois la Dame
L’opération archéologique préventive de Tomblaine « ZAC Bois la Dame » s’est déroulée du 7 septembre au 13 novembre 2020 dans le cadre de la réalisation du projet de zone d’aménagement concerté éponyme, sous la maîtrise d’ouvrage de la Solorem (Société lorraine d’économie mixte d’aménagement urbain).
La commune de Tomblaine est située au cœur du département de Meurthe-et-Moselle, en région Grand Est, et fait face à Nancy en rive droite de la Meurthe. Le site de la « ZAC Bois la Dame » est localisé dans le quart sud-est de la commune, à près de 1,3 km à l’est de la Meurthe et à environ 3,4 km au sud-est du centre-ville de Nancy.
L’emprise prescrite par le Service régional de l’archéologie (DRAC Grand Est), d’une superficie de 29 735 m², se développe dans la plaine alluviale à une altitude comprise du sud-est au nord-ouest entre 213,30 m NGF et 211,70 m NGF. En dépit d’un important niveau d’arasement induit par l’érosion et les travaux agricoles, 163 faits archéologiques ont été identifiés. Ces vestiges nous offrent un aperçu de l’occupation du secteur sur plusieurs millénaires, entre la Protohistoire et l’Époque contemporaine. La première trace de fréquentation du site remonte au Bronze ancien, mais il faut attendre le premier âge du Fer pour qu’une première occupation pérenne se développe au sein de l’emprise. Après un bref abandon, l’occupation du secteur reprend vers le milieu du second âge du Fer, le site étant alors traversé par les aménagements périphériques d’un vaste établissement rural. À cette étape succède une discrète fréquentation au cours de l’Antiquité, avant que le site ne soit délaissé pendant plusieurs siècles. Plus aucune trace d’occupation n’est en effet perceptible au sein de l’emprise avant la période contemporaine.
Le seul élément témoignant d’une fréquentation du site durant l’âge du Bronze est un dépôt métallique du Bronze ancien II (Bz A2). Cet ensemble, composé de six torques à extrémités enroulées en alliage cuivreux rangés par paires de tailles décroissantes, a été découvert en bordure d’une ancienne zone tourbeuse potentielle localisée le quart sud-est de l’emprise. Les torques se rattachent à la catégorie des ösenhalsringe, qui se distinguent des ösenringbarren (« lingot-torque »), des pièces brutes de fonte ou semi-finies. Ces deux groupes sont essentiellement diffusés au nord des Alpes et restent rares dans les régions périphériques, notamment dans le quart nord-est de la France où seulement une dizaine d’exemplaires sont recensés. La découverte de ce dépôt, qui pourrait correspondre à une offrande votive, constitue un point remarquable et atteste la fréquentation du secteur à une période qui reste encore très peu documentée dans le bassin de Nancy.
Le site du premier âge du Fer se développe sur environ 3200 m² dans le quart sud-ouest de l’emprise. Bien que le nombre de vestiges soit relativement faible avec seulement 24 structures fossoyées, les fouilles ont révélé une occupation connaissant plusieurs phases d’aménagements entre le milieu du VIIe et le premier quart du Ve siècle av. J.-C., soit entre le Hallstatt C-D1 et le Hallstatt D3. D’après le mobilier détritique recueilli dans les fosses, majoritairement constitué de tessons de céramique, la nature domestique de l’occupation semble assurée. La présence au sein de l’emprise d’un silo et de greniers permet d’appuyer cette identification, de même que celle de deux fosses polylobées, qui témoignent de l’extraction de sédiments pour répondre à des besoins ponctuels liés à certaines activités (production de céramique, de torchis, etc.). Le mobilier ne montre pas de caractère d’exception ou de richesse particuliers, même s’il convient de souligner la part importante des céramiques fines parmi les récipients identifiés, une proportion peu fréquente pour la période en contexte d’habitat rural. Les prélèvements réalisés dans la plupart des structures ont permis de recueillir un nombre important de carporestes, dont l’analyse s’avère précieuse pour déterminer la nature des activités agricoles exercées sur le site. De manière classique, les assemblages sont dominés par l’orge vêtue et le millet commun, auxquels s’ajoutent notamment les blés vêtus (engrain, épeautre, amidonnier) et la caméline, une plante cultivée pour son huile. À ces céréales s’ajoutent quelques légumineuses (ers, pois cultivé, féveroles et lentille) et de rares fruits (noisette et gland de chêne). La pratique de l’élevage ne peut être exclue, mais les éléments permettant d’attester cette activité sont insuffisants. De manière générale, les aménagements documentés s’avèrent trop peu nombreux pour appréhender une quelconque organisation du site, et la présence de structures au niveau de la limite méridionale du décapage indique clairement une poursuite de l’occupation en direction du sud.
L’occupation du second âge se limite à quinze fossés ou tronçons de fossés se développant sur environ 9000 m², essentiellement dans le quart sud-est de l’emprise. Ces aménagements modestes constituent le prolongement des réseaux de fossés de l’établissement rural de « Baltinchamp », fouillé entre 2011 et 2012 sur les parcelles adjacentes à l’emprise à l’est (Tikonoff, Prévot 2018). Malgré l’indigence du mobilier recueilli dans ces structures et l’absence d’éléments de datation précis, les différentes orientations et les recoupements observés permettent d’identifier au moins trois phases d’aménagements entre La Tène moyenne (La Tène C) et la transition entre La Tène finale et le début de l’Antiquité (La Tène D-Augustéen).
L’Antiquité n’est représentée sur le site de la « ZAC Bois la Dame » que par une petite fosse localisée dans le quart sud-est de l’emprise. Le mobilier recueilli dans cet aménagement se limitant à un tesson d’amphore et à des fragments de tegulae, il n’a pas été possible de préciser sa datation.
Après une interruption de plusieurs siècles, l’occupation du site reprend durant la période contemporaine. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, près d’une soixantaine de drains en terre cuite sont installés au sein de l’emprise, témoignant d’une intensification de l’exploitation agricole du secteur. À ces drains s’ajoutent une cinquantaine de fosses de plantation, des puits à cuvelage en béton et des fosses diverses, qui correspondent pour leur part aux vestiges des jardins ouvriers qui ont occupé la plupart des parcelles de l’emprise entre le début des années 1960 et 2009.
Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :
Quelques images du site :
Commune : Tomblaine
Adresse/lieu-dit : ZAC Bois la Dame
Département/Canton : Meurthe-et-Moselle
Année de fouille : 2020
Période principale d'occupation : Age du Bronze,Age du Fer
Autres périodes représentées : Antiquité
Responsable d'opération : Amaury COLLET
Aménageur : Société Lorraine d'Economie mixte d'aménagement urbain (SOLOREM)
Raison de l'intervention : Construction de ZAC
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)
Notice de présentation brut de fouille :