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Pays de réalisation de l’actualité

Cercles et poteaux disparus : Il y a 2500 ans, une exploitation agricole à Chaniers

Cercles et poteaux disparus

Il y a 2500 ans, une exploitation agricole à Chaniers

Au printemps 2022, une équipe d’Archeodunum a mené une fouille archéologique à l’ouest de la commune de Chaniers (Charente-Maritime), aux abords du chemin de la Tonnelle. Cette opération, prescrite par le Service Régional de l’Archéologie, était motivée par un projet immobilier de la société SEMIS. L’emprise de fouille a couvert une surface de 1,5 hectare, où près de 400 vestiges ont été mis au jour (fig. 1), révélant un domaine agricole du premier millénaire avant J.-C.

 

Fig.1 : Vue générale du chantier.
Fig. 2 : Une empreinte de poteau avec ses pierres de calage.

Un site à trous

Le temps et l’érosion ayant eu raison des superstructures, des niveaux de sol et des foyers, Florent Ruzzu et son équipe ont essentiellement dégagé des empreintes de poteaux. Ces dernières sont bien conservées : elles sont profondément creusées dans le sol et contiennent pour la plupart les pierres qui calaient les poteaux en bois, aujourd’hui disparus (fig. 2). Ces trous dessinent des alignements, des plans d’édifices qui nous permettent de restituer l’organisation d’une vaste exploitation agricole, datant d’il y a près de 2500 ans (fin du premier et début du second âge du Fer ; fig. 3).

Fig. 3 : Plan général de l’établissement agricole vers 500 avant J.-C.
Fig. 4 : Détail d’un dispositif d’entrée. Dans une tranchée, on distingue les calages en pierre et les négatifs des poteaux.

Un enclos palissadé

Plus de 150 poteaux de section carrée clôturent une surface initiale d’au moins 4 500 m2, ensuite réduite à 3 000 m2. Dans sa dernière phase, le côté oriental semble avoir réutilisé des petits bâtiments. La clôture est percée de plusieurs entrées monumentales, suffisamment larges pour le passage de chars ou de charrettes. Elles sont encadrées par une paire de tranchées espacées de 1,80 m dans lesquelles sont installés des poteaux jointifs (fig. 4).

Des habitations circulaires

Le cœur de ce vaste espace est occupé par un bâtiment circulaire de 140 m2. Celui-ci se compose de trois rangées concentriques de poteaux, avec un accès au sud-est (fig. 5). L’édifice était construit sur ossature de bois, les murs étaient en terre crue et le toit probablement en chaume. Mal conservée, une seconde maison circulaire, plus petite, existe probablement au sud de la fouille.

Ce type de plan est fréquent dans les régions le long de la mer du Nord et de la Manche, en Bretagne ainsi qu’en Pays de la Loire. Celui de Chaniers est le bâtiment circulaire le plus méridional reconnu à ce jour.

Fig. 5 : Vue aérienne de la maison ronde. Les lignes jaunes dessinent les plans des bâtiments.
Fig. 6 : Restitution d’un grenier surélevé, analogue à ceux de Chaniers (Hunebedcentrum, Borger, Pays-Bas).

Des greniers, des greniers…

Une trentaine de constructions sur quatre poteaux sont regroupées à proximité des maisons circulaires (voir fig. 1), ou de façon plus disséminée. Ces petits bâtiments de plan carré caractéristique sont probablement des greniers surélevés, destinés à la conservation des récoltes (fig. 6).

Un domaine de prestige ?

L’organisation et l’ampleur des aménagements découverts à Chaniers suggèrent qu’il s’agit d’un domaine agricole de grand statut, jouant un rôle majeur dans la région. La proximité de la Charente, axe de communication majeure, renforce probablement cette position. Il est à noter que des fouilles menées en 2009 sur une parcelle voisine complètent le tableau, avec, en particulier, de grands monuments circulaires à vocation funéraire.

Fig. 7 et 8 : Différents modes d’enregistrement des données de fouille, via la tablette numérique et le dessin.

Des silex et des vignes

D’autres occupations humaines ont été détectées. À partir du Paléolithique moyen (il y a 300 000 ans), les hommes de Néandertal ont exploité des gisements de silex. Bien plus près de nous, tout un réseau de fosses témoigne de la culture de la vigne, attestée dès le XVIIIe siècle sur des documents cartographiques.

Un copieux rapport scientifique

Après deux ans de travail, les archéologues ont achevé l’étude des découvertes. Ils ont compilé leurs données, leurs analyses et leurs résultats dans un copieux rapport (fig. 7 et 8). Ce document est remis au Service Régional de l’Archéologie, puis examiné par des experts mandatés par le ministère de la Culture. Une fois validé, le rapport sera mis à disposition sur la plateforme scientifique HAL.

Opération d’archéologie préventive conduite au printemps 2022 au chemin de la Tonnelle à Chaniers, en préalable à la construction d’un lotissement.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Nouvelle-Aquitaine.

Maîtrise d’ouvrage : SEMIS

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Florent Ruzzu)

Histoire d’os et d’eau sous la clinique du Parc

Histoire d’os et d’eau sous la clinique du Parc

C’est au cœur d’Autun, au 6 avenue du Morvan, qu’Archeodunum a réalisé une fouille en préalable à l’extension de la Clinique du Parc. L’équipe, dirigée par Mélanie Lefils et Jérôme Besson, est intervenue durant 10 semaines au cours de l’été 2019, sous les fenêtres de la clinique (fig. 1). Sur 4 mètres de profondeur, les archéologues ont exploré un point singulier de la ville romaine, articulation entre son rempart, une de ses rues principales et l’angle d’un îlot construit. Des masses considérables d’ossements témoignent d’activités de boucherie et d’artisanat.

 

Fig. 1 : Vue générale du chantier © A. Maillier – Bibracte
Fig. 2 : Emplacement de la fouille dans le contexte de la ville romaine. © Archeodunum d'après Service archéologique de la ville d'Autun.

Les raisons de l’intervention

C’est l’extension de la Clinique du Parc qui a motivé l’intervention des archéologues, sur prescription du Service Régional de l’Archéologie de Bourgogne-Franche-Comté. Un diagnostic préalable à l’opération a confirmé l’organisation de la ville antique, telle qu’on l’envisageait dans ce secteur depuis des fouilles réalisées en 1989 et 2001 (construction de la Clinique du Parc et de l’Hôpital). Nous nous situons ainsi à l’intérieur du rempart d’Augustodunum, à l’extrémité occidentale d’un grand axe de circulation structurant la ville.

La principale problématique scientifique résidait dans l’articulation entre cette voie majeure et une bande de terrain dite « non constructible » longeant le rempart. La fouille devait également permettre d’appréhender l’angle d’un îlot d’habitation, dont une partie avait déjà été explorée en 2001, et de confirmer ou non la présence d’une tour sur le tracé de l’enceinte (fig. 2).

Fig. 3 : Examen d'un remblai © A. Maillier - Bibracte
Fig. 4 : L’angle de l’îlot VIII/IX 3 © A. Maillier – Bibracte

Petit mais costaud

La fouille a concerné une emprise de 440 m², pour une épaisseur totale de 4 m. Cette profondeur importante a nécessité la présence constante d’une mini pelle mécanique, pour gérer les déblais, et l’aménagement de paliers successifs, pour garantir la sécurité. Au plus bas, la fouille s’est ainsi réduite à 100 m². L’équipe n’en a pas moins identifié 750 couches archéologiques, qui témoignent de l’évolution constante de ce secteur de la ville durant l’Antiquité, entre le Ier et le IVe siècle après J.-C. (fig. 3).

Un angle et des bases

Au nord de la fouille, l’équipe a identifié l’angle de l’îlot urbain déjà largement fouillé en 2001 sous l’hôpital (îlot VIII/IX 3 selon le découpage scientifique en vigueur). Plus précisément, il s’agit d’un mur scandé tous les 4 m par des blocs monumentaux en grès, destinés à accueillir des colonnes (fig. 4). L’ensemble devait former une galerie couverte, comparable par exemple aux arcades de Louhans. Dans un second temps, ce dispositif est abandonné et la façade de l’îlot est reculée de quelques mètres.

Fig. 5 : États successifs de la rue, sillonnée de canalisations © A. Maillier – Bibracte
Fig. 6 : Objets trouvés dans les remblais de la rue : fragments d’enduits peints, assiette et colonnette.

Une des plus grandes rues d’Augustodunum

L’essentiel du site est occupé par la rue nommée decumanus D9, un axe majeur et central de la ville romaine. L’emprise totale de façade à façade, documentée ailleurs dans la ville, approche les 20 m. À la Clinique, l’épaisseur de la chaussée atteint 1,30 m, résultat de multiples réfections. Des remblais, très riches en mobilier, y alternent avec des surfaces de roulement, pavées de cailloux (fig. 5-6).

Que d’eau, que d’eau

Un autre élément remarquable est la grande quantité de dispositifs liés à la gestion de l’eau. Une vingtaine de structures ont été reconnues, se transformant ou se succédant : caniveaux à ciel ouvert entre la rue et les bâtiments, canalisations en bois enterrées pour l’eau propre. Cette profusion rappelle que les rues romaines, à l’instar de nos rues d’aujourd’hui, ne servent pas qu’à la circulation, mais sont également sillonnées de multiples réseaux techniques.

Fig. 7 : Amas d’ossements animaux provenant d’une activité de boucherie.
Fig. 8 : Les ossements sèchent après lavage.

Inconstructible mais colonisé

Au pied du rempart, la bande de terrain non constructible est large de 12 m. Sur notre emprise, ce secteur a livré là aussi des revêtements successifs, indices d’un espace de circulation se rehaussant au fil du temps. Cette zone de marge a également servi de dépotoir, comme en témoignent notamment des masses considérables d’ossements animaux (fig. 7). Ces restes proviennent d’activités de boucherie. Pour partie, ils sont récupérés pour fabriquer des objets (tabletterie).

La tour invisible

Les paliers de sécurité n’ont pas permis d’approcher la potentielle tour. On peut la restituer dans l’axe de la rue et de plan circulaire (diamètre d’environ 11 m), à l’instar de la tour vue au nord vers l’hôpital ou de celle encore conservée dans le parking souterrain de l’Hôtel des Ursulines.

Fig. 9 : Vue générale du chantier au petit matin.

Après la fouille

À l’issue du chantier, le terrain a été investi par les travaux d’extension de la Clinique du Parc. Côté archéologie, nos experts ont étudié l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.) afin de comprendre au mieux comment on a vécu et circulé dans ce secteur de la ville romaine d’Augustodunum (fig. 8). Au terme de plusieurs mois de travail, tous les résultats ont été synthétisés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

Opération d’archéologie préventive conduite à l’été 2019 au 6, avenue du Morvan à Autun, en préalable à l’extension de la Clinique du Parc.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Bourgogne-Franche-Comté.

Maîtrise d’ouvrage : SAI du parc

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Jérôme Besson)

Archeodunum renouvelle son agrément et vous permet de le découvrir en détail

Archeodunum renouvelle son agrément et vous permet de le découvrir en détail

C’est avec plaisir et fierté qu’Archeodunum SAS met à votre disposition son bilan et projet scientifique, extraits de son « dossier de renouvellement d’agrément ».

Ce dossier, qui doit être réglementairement produit tous les cinq ans, permet d’obtenir un agrément ministériel. C’est en quelque sorte un « permis de fouille » d’Etat, sans lequel il ne nous serait pas possible de réaliser nos opérations d’archéologie préventive. Cette démarche permet à l’Etat de contrôler le bon fonctionnement et la qualité scientifique de l’archéologie en France.

Une double validation

Soumise au ministère de la Culture, la demande fait l’objet d’une double expertise : administrative d’abord, par la Sous-direction de l’archéologie (SDA), puis scientifique, par des membres du Conseil National de la Recherche Archéologique (CNRA). Ce conseil se prononce ensuite sur la validité du dossier et recommande (ou non) la délivrance de tout ou partie de l’agrément, par grandes périodes chronologiques. Enfin, le ministère sanctionne la demande.

Un vaste effort collectif

Le dossier d’agrément est un travail de grande ampleur et une véritable œuvre collective : 1600 pages, 40 contributions différents représentant autant de spécialités, et 270 journées de travail ! Il se veut la synthèse de notre activité scientifique entrer 2019 et 2023.

Grâce à ce document, nous avons entièrement renouvelé notre agrément, soit pour les périodes chronologiques allant du Néolithique à l’époque contemporaine. L’arrêté ministériel a été publié le 12 janvier 2024.

Au cœur de l’archéologie

Si ce dossier est d’abord un document à destination administrative, n’ayant pas nécessairement vocation à être diffusé, il éclaire le travail scientifique de nos archéologues. C’est pourquoi nous avons choisi de vous en livrer de larges parties représentatives de notre activité scientifique.

  • Chapitre 7 : Bilan et perspectives par période chronologique

Ce chapitre présente les découvertes faites par nos équipes entre 2019 et 2023, ainsi que nos projections pour les années à venir. Chacune des grandes périodes chronologiques de notre agrément est évoquée : Néolithique, âges des Métaux, Antiquité, Moyen âge, période moderne, période contemporaine.

  • Chapitre 8 : Bilan et perspectives par spécialité

Ce chapitre présente de façon thématique le travail de nos spécialistes. C’est un véritable voyage dans les coulisses de la recherche, entre squelettes et archives, archéologie du bâti et étude des graines, objets de toutes sortes : ce sont près de 20 sujets spécifiques qui sont abordés ici.

  • Chapitre 9 : Participation à la recherche et insertion dans le paysage scientifique

Ce chapitre montre comment nos archéologues participent de manière active à la recherche scientifique au niveau national et international. Il présente également les moyens mis à disposition par Archeodunum pour encourager cette participation.

  • Chapitre 11 : Bilan au regard de la Programmation Nationale de la Recherche Archéologique

Ce chapitre reprend l’ensemble de nos données acquises et de nos perspectives pour les articuler avec la Programmation Nationale de la Recherche Archéologique. Cette programmation, élaborée par le CNRA, propose à l’échelle nationale les grandes orientations scientifiques de la recherche archéologique. Cette programmation a été mise à jour à la fin de l’année 2023. Elle est en téléchargement libre sur le site du ministère de la Culture.

Téléchargez les extraits du volume d’agrément (PDF, 450 pages) ou consulter sur HAL.

 

Enquête archéologique à Mende

Enquête archéologique à Mende

C’est dans le cadre de la redynamisation du centre-ville de Mende, plus spécifiquement du quartier du nouveau musée du Gévaudan, que des archéologues de la société Archeodunum ont étudié deux maisons (fig. 1). Les travaux envisagés sur ces habitations, occupées du milieu du Moyen Âge à nos jours, ont conduit le Service Régional de l’Archéologie de la région Occitanie à demander une étude archéologique du bâti : une belle opportunité d’en savoir plus sur la forme et l’évolution des maisons mendoises. Durant l’hiver 2023, les archéologues ont ainsi analysé l’enchevêtrement de murs d’époques différentes, permettant de mieux faire connaître ce patrimoine.

 

Fig. 1 : Sous la salle 5, redécouverte et exploration d'une cave voûtée.
Fig. 1 : Sous la salle 5, redécouverte et exploration d'une cave voûtée.
Fig. 2 : Localisation des maisons dans la ville de Mende.
Fig. 2 : Localisation des maisons dans la ville de Mende.

Au cœur historique de Mende

Les maisons, sises aux 7 et 9 rue de la Liberté, appartiennent à la trame urbaine de Mende qui s’est formée autour d’un noyau primitif centré sur la cathédrale d’origine carolingienne (fig. 2). Au XIIe siècle, la ville couvre une superficie de plus de 8 hectares protégée par des fortifications. C’est au siècle suivant que sont construites les habitations, ainsi que l’ont démontré nos datations au carbone 14.

Ces maisons s’organisent sur six niveaux : des caves en partie sous la voirie, un rez-de-chaussée, trois étages et un niveau de combles, desservis par un escalier en vis. Les investigations archéologiques se sont concentrées sur les rez-de-chaussée et une salle du premier étage, seuls espaces impactés par les travaux (fig. 3).

Fig. 3 : Plan du rez-de-chaussée (en gris) et des caves (en bleu). Sous la salle 7, la cave déborde sous la rue de la Liberté et sous la Place au Beurre
Fig. 3 : Plan du rez-de-chaussée (en gris) et des caves (en bleu). Sous la salle 7, la cave déborde sous la rue de la Liberté et sous la Place au Beurre
Fig. 4 : Extrait du relevé au scanner 3D. L'échelle chromatique va du plus bas (bleu) au plus haut (rouge).
Fig. 4 : Extrait du relevé au scanner 3D. L'échelle chromatique va du plus bas (bleu) au plus haut (rouge).

Du laser pour étudier le passé

Cécile Rivals et son équipe ont mis en œuvre différents outils, dont un relevé par scanner 3D (fig. 4). Grâce à un rayon laser, cette technologie permet de mesurer et de restituer les volumes d’un bâtiment avec une très grande précision. Elle est particulièrement bien adaptée à l’analyse de volumes complexes, comme c’est le cas ici.

Les archéologues s’attellent ensuite à étudier les élévations des maisons (fig. 5 et 6). Ils cherchent à identifier les modifications, les ajustements et les changements de parti survenus au cours du temps et des travaux. Les matériaux, les marques lapidaires, les traces d’outils et de mise en œuvre documentent les modes de construction (fig. 6 et 7).

Fig. 5 : Salle 1. Relevé phasé du mur nord.
Fig. 5 : Salle 1. Relevé phasé du mur nord.
Fig. 6 : Salle 1. Les archéologues étudient le mur nord.
Fig. 6 : Salle 1. Les archéologues étudient le mur nord.

Porte à accolade et cave légendaire

Sous les enduits muraux récents et les faux-plafonds, plusieurs ouvertures (portes, dont une à accolade (fig. 8), fenêtres, niches) témoignent de nombreux états successifs (fig. 5 et 9). Ces ouvertures révèlent également qu’une partie du rez-de-chaussée actuel a été un espace extérieur à la fin du Moyen Âge. Il s’agissait probablement d’une rue traversant l’îlot selon un axe nord/sud, comme le laisse entendre une mention écrite de la fin du XVIIIe siècle à propos d’un conflit de voisinage.

Les investigations ont permis de redécouvrir une cave (fig. 1). En effet, un habitant de Mende nous a rapporté la “légende” de l’existence d’une cave, bouchée au milieu du XXe siècle. C’est dans la salle 5, sous une dalle de béton, qu’a resurgi un accès. Cette cave, couverte d’une voûte sur croisée d’ogives, appartient à l’état le plus ancien du bâtiment. Son comblement récent proviendrait du démontage d’un four à pain, initialement installé dans la salle 5.

Fig. 7 : Détail d'un bloc taillé. La lumière rasante fait apparaître les traces caractéris-tiques du marteau taillant.
Fig. 7 : Détail d'un bloc taillé. La lumière rasante fait apparaître les traces caractéris-tiques du marteau taillant.
Fig. 8 : Porte à accolade, bouchée ultérieurement.
Fig. 8 : Porte à accolade, bouchée ultérieurement.

Et maintenant ?

Après le départ des archéologues, les travaux ont pu se poursuivre afin que ces deux maisons du centre historique de Mende soient transformées en commerces. De son côté, l’équipe d’archéologues entreprend un long travail d’analyse des données (relevés, photographies, prélèvements, documents d’archive), afin de comprendre comment on a vécu dans ces maisons de Mende à partir du Moyen Âge. Toutes ces informations seront rassemblées dans un rapport d’étude, qui sera remis à l’État et à la municipalité.

Fig. 9 : Salle 5, mur sud, premier étage. Il s'agit du mur le plus ancien de la maison.
Fig. 9 : Salle 5, mur sud, premier étage. Il s'agit du mur le plus ancien de la maison.

Opération d’archéologie préventive conduite en 2023 sur la commune de Mende (Lozère) au 7-9 rue de la Liberté, en préalable à la restauration des rez-de-chaussée.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de la région Occitanie.

Maîtrise d’ouvrage : communauté de communes Cœur de Lozère

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Cécile Rivals)

Familles, pierres et feux. Un habitat de bâtisseurs de mégalithes à Locmariaquer ?

Familles, pierres et feux

Un habitat de bâtisseurs de mégalithes à Locmariaquer ?

C’est à l’automne 2023 qu’une équipe d’Archeodunum a réalisé une fouille archéologique sur la commune de Locmariaquer (Morbihan ; Fig. 1). Cette opération, prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, était motivée par la création d’un lotissement au sud de la rue Er Hastel. Les archéologues ont mis au jour les vestiges d’une vaste et complexe occupation datée du Ve millénaire avant notre ère, qui pourrait bien avoir abrité des bâtisseurs de mégalithes.

 

Fig.1 : Les archéologues fouillent et documentent des foyers dits "à pierres chauffées".
Fig. 2 : Plan général des vestiges.

Au cœur du Morbihan néolithique

Le site prend place dans le bourg de Locmariaquer, à seulement 250 m du port s’ouvrant sur le golfe du Morbihan. Le contexte archéologique est riche, puisque de nombreux sites mégalithiques datés du Néolithique sont recensés dans le secteur, dont le célèbre ensemble du Grand Menhir et de la Table des Marchands, situé à seulement 700 m au nord.

La fouille s’est déroulée sur une surface de près de 8 000 m² (Fig. 2). L’équipe, sous la direction d’Audrey Blanchard, a exploré plus de 450 aménagements, appartenant pour leur grande majorité au Néolithique moyen (Fig. 3).

Fig. 3 : Outils en silex (g.) et fragments de poteries (d.)
Fig. 4 : Retrait des terres de recouvrement à l'aide d'une pelle mécanique. Une fois repérés, les vestiges archéologiques sont balisés à l'aide d'une peinture fluorescente.

Un habitat à l’abri d’une enceinte

La fouille a tout d’abord révélé l’existence d’un habitat, regroupant au moins sept bâtiments quadrangulaires de dimensions variables (Fig. 2). Au sud, quatre constructions s’organisent autour d’un espace central de 600 m², occupé par une quinzaine de grands foyers (Fig. 1, 4). Ces derniers sont constitués de nombreuses pierres rougies par la chaleur installées dans des fosses, sur des lits de charbons. Ces dispositifs dits « à pierres chauffées » sont utilisés pour des cuissons alimentaires. D’autres fosses contiennent de nombreux fragments de céramiques, du silex taillé et des fragments de meule, qui confortent l’idée d’une occupation domestique (Fig. 5). Ce probable village est limité au sud par une enceinte composée d’un double fossé et d’une palissade. Une interruption au sud-est permet d’accéder à l’habitat via un chemin empierré.

Des stèles et des foyers par dizaines

À l’est de l’habitat, les archéologues ont identifié une dizaine de fosses contenant des dispositifs de calage de stèles, ou menhirs (Fig. 2, 6). Des trous de poteau (pour aider à la mise en place des blocs ?) et une impressionnante série d’une trentaine de foyers à pierres chauffées semblent associés à ces aménagements. Un peu comme pour le site du Grand Menhir, ultime témoin d’une ligne de 18 pierres dressées dont ne subsistent que les fosses d’installation, les stèles d’Er Hastel ont aujourd’hui disparu (prélevées pour d’autres constructions au Néolithique ou plus récemment ?), mais un ou plusieurs alignements (nord/sud notamment) peuvent être envisagés.

Fig. 5 : Quelques-uns des foyers à pierres chauffées.
Fig. 6 : Fosse contenant des pierres de calage pour une stèle aujourd'hui disparue. La zone sans pierre marque son emplacement.

Il y a 6 000 ans, au temps de la Table des Marchands

Les premiers éléments de datation sont principalement issus de la production céramique. Ils renvoient tous à la période du Néolithique moyen, autour de 4 200 à 4 000 avant notre ère. En particulier, des coupes-à-socle (Fig. 7), vases typiques de cette période, sont analogues à celles découvertes à la Table des Marchands et au Grand Menhir. Cette proximité chronologique et géographique est tout à fait remarquable. Sommes-nous en présence d’un lieu où habitaient les populations qui ont bâti ces mégalithes ? Le cas échéant, une telle association serait une première, ce qui confère un intérêt majeur à ces découvertes.

Et après ?

Sur le terrain, le site a été rebouché et restitué pour la création du lotissement. Côté archéologie, nos experts vont analyser les données et étudier l’ensemble des éléments recueillis (objets en céramique, en pierre, etc.). Les nombreux charbons de bois prélevés lors de la fouille seront soumis à des datations par le radiocarbone, ce qui permettra d’affiner la chronologie des vestiges et de préciser les relations entre les différents aménagements : bâtiments, enceinte, foyers, calages de stèle. S’agit-il des composantes d’une même occupation, ou des témoins d’une fréquentation étalée sur plusieurs siècles ? Tous les résultats seront rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté, qui permettra d’enrichir encore la longue histoire de Locmariaquer et de sa région.

7 : Coupe-à-socle, fragment et restitution graphique.

Opération d’archéologie préventive conduite à l’automne 2023
sur la commune de Locmariaquer, au lieu-dit “Er Hastel”,
en préalable à la création d’un lotissement.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Bretagne

Maîtrise d’ouvrage : SAS Acanthe

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Audrey Blanchard)

Journées Européennes de l’Archéologie 2024. Archeodunum vous invite !

JOURNÉES EUROPÉENNES DE L’ARCHÉOLOGIE

 

Du 14 au 16 juin 2024, auront lieu les prochaines Journées Européennes de l’Archéologie.

A cette occasion, Archeodunum vous propose trois évènements pour  découvrir les résultats de chantiers récents.

Retrouvez-nous à  Aoste (Isère), Vienne (Isère) et Toulouse (Haute-Garonne)

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A VOS AGENDAS !

15 Juin : Aoste (Isère) – Conférence sur l’archéologie antique à Aoste

Conférence-rencontre sur l’actualité de la recherche archéologique à Aoste avec Miguel Rodriguez (Archeodunum, responsable des fouilles à Aoste en 2023) et Stéphane Bleu (INRAP), dans le cadre des Journées Européennes de l’Archéologie 2024 le samedi 15 juin 2024.

Le musée gallo-romain d’Aoste vous propose de venir rencontrer les archéologues à Aoste. Interventions sur le thème de la mode gallo-romaine et sur les dernières découvertes archéologiques réalisées sur la commune.

En parallèle, découvrez l’exposition temporaire « Etoffes d’histoire : voyage autour du vêtement et du bijou chez les Gallo-Romains »

Le samedi 15 juin, de 10h à 18h

Retrouvez tous les détails de cet évènement

15 Juin : Vienne (Isère) – Conférence sur les fouilles archéologiques au jardin de Cybèle à Vienne

Conférence-rencontre avec Elio Polo, archéologue responsable des fouilles du site antique du jardin de Cybèle à Vienne, dans le cadre des Journées Européennes de l’Archéologie 2024 le samedi 15 juin 2024.

Depuis septembre 2023, la Ville de Vienne entreprend un vaste chantier de revalorisation et d’embellissement du Jardin de Cybèle. Compte-tenu du caractère historique du site, des prescriptions d’archéologie préventive sont régulièrement menées, en parallèle des différentes phases de travaux. Tour d’horizon de ce projet passionnant avec Elio Polo, responsable d’opération.

La ville de Vienne vous propose également d’autres ateliers et conférences sur place le même jour.

Le 15 juin à 15h au Cloître de Saint-André-le-Bas

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15 & 16 Juin : Toulouse (Haute-Garonne) – Village de l’archéologie au Musée Saint-Raymond

Les 15 et 16 juin, le Musée Saint-Raymond de Toulouse organise son village de l’Archéologie dans le cadre des Journées Européennes de l’Archéologie 2024. Venez y rencontrer les archéologues d’Archeodunum ainsi que les autres structures et institutions de la recherche archéologique régionale (APAREA, Cellule Archéologie de Toulouse Métropole, Évéha, Grottes et Archéologie, INRAP, Laboratoire TRACES, SRA-DRAC, etc.). Échanges, démonstrations et ateliers au programme des différents stands.

Le détail des différents stand est sur le site des JEA.

Horaires du village de l’Archéologie :

  • samedi 15 juin de 10:00 à 18:00
  • dimanche 16 juin de 10:00 à 18:00

Retrouvez tous les détails de cet évènement

Carnet de fouille : un habitat médiéval fortifié à Beaurepaire (Vendée)

Carnet de fouille : un habitat médiéval fortifié à Beaurepaire (Vendée)

En 2023 une équipe Archeodunum emmenée par Agathe Gaucher fouille un site médiéval au lieu-dit “Les Douves” à Beaurepaire (Vendée) en amont de la construction d’un lotissement communal. Nous vous proposons une plongée en vidéo dans la fouille de ce riche site médiéval à travers un reportage commandé par la commune de Beaurepaire et réalisé par PPID.

L’emprise de l’opération s’est étendue sur 18 000 m². À ce jour, elles ont permis de mettre en lumière un enclos ovoïde d’environ 740 m². Cet enclos médiéval était entouré d’un fossé d’une largeur variant de 2,5 mètres à 4 mètres et d’une profondeur dépassant 1 mètre.
Son rôle semble être à la fois défensif et ostentatoire. L’entrée de cet enclos est marquée par la présence de 4 trous circulaires correspondant aux empreintes des poteaux en bois qui formaient probablement une porte ou un porche.

À l’intérieur de l’enclos, on retrouve l’emplacement d’un talus et les vestiges de nombreux trous, correspondant aux anciens poteaux en bois, qui attestent de la présence de bâtiments.
Le bâtiment principal, d’environ 20 mètres sur 4 mètres, était construit à partir de poteaux en bois pour former sa structure, tandis que les murs et les cloisons étaient constitués d’un matériau périssable, tel que le torchis.
À l’intérieur, une fosse a été découverte, dont la fonction reste encore à clarifier, peut-être un foyer (grill). Une autre fosse d’un mètre de profondeur semble avoir été utilisée pour la conservation des denrées. Peu de mobilier a été retrouvé au cours des fouilles, à l’exception de céramique dont les fragments n’ont pas encore été étudiés, mais qui semblent dater du XIIe siècle, indiquant ainsi une occupation médiévale.

Pour desservir cet enclos, on retrouve les traces d’un chemin étroit bordé de fossés. Des bâtiments sur poteaux forment un axe reliant l’entrée de l’enclos au chemin.
La fonction de ces bâtiments est encore à l’étude.

En outre, des traces de fossés parcellaires associées à l’accès au château moderne de Beaurepaire ont été découvertes. Cependant, aucune preuve ne suggère un lien direct ou une réoccupation entre le site médiéval du XIIe siècle et le château moderne.

Cette fouille présente un intérêt sur le plan régional en raison de la particularité de cette occupation et de sa rareté, laissant supposer l’existence d’un enclos lié à une petite élite. Cette particularité nécessitera une analyse approfondie des résultats de la post-fouille et une mise en relation avec les recherches sur la période médiévale dans la région et au-delà. Le rapport final devrait être publié dans environ 2 ans.

Opération d’archéologie préventive conduite en 2023 sur la commune de Beaurepaire (Vendée), en préalable à la création du lotissement “Les Douves”.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie Pays de la Loire

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Beaurepaire

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Agathe Gaucher)

Sainte-Colombe, rendu du rapport d’un très riche site de l’agglomération viennoise antique

Sainte-Colombe “le bourg”
rendu du rapport d’un très riche site de l’agglomération viennoise antique

 

Vendredi 6 octobre, une soixantaine de personnes se sont réunies au Musée et sites gallo-romains (Saint-Romain-en-Gal, Rhône) pour célébrer le rendu du rapport de Sainte-Colombe – Le Bourg, marquant une étape importante dans l’étude de ce site exceptionnel.

Tous les participants à cette aventure humaine inédite étaient réunis : aménageurs, Service régional de l’archéologie, équipe de fouille, spécialistes, restaurateurs, musée… Ils ont pu assister à une conférence de Benjamin Clément pour ensuite admirer le mobilier et les mosaïques restaurés par le CREAM et l’ARM (éléments qui intégreront prochainement le parcours permanent du musée). La journée s’est achevée autour d’un buffet offert par Archeodunum.

Cette journée été l’occasion de souligner la fécondité des partenariats mis en place dès la fouille, qui ont permis de garantir la qualité scientifique de ce travail tout en posant les jalons de sa valorisation rapide pour le grand public.

Remerciements

Tous nos remerciements vont au département du Rhône et au Musée et sites gallo-romains pour avoir grandement facilité l’organisation de cette journée : Damien Raymond (directeur général adjoint), Émilie Alonso (directrice), Guillaume Legrand (assistant de direction), Maria Paraskeva (régisseuse des collections), Sébastien Fily (assistant régie d’œuvres) et Christelle Reymond (chargée de la location des espaces). Merci également au membres du CREAM (Véronique Langlet-Marzloff, Florent Duval et Eve Paillaux) et de l’ARM (Christophe Laporte et Philippe Mercoret), ainsi qu’à Nathalie qui nous a généreusement ouvert son bar Le Neuf pour la suite de la soirée.

 

Opération d’archéologie préventive conduite en 2017 sur la commune de Sainte-Colombe (Rhône), en préalable à la construction de logement par la SCI Le Parc aux Colombes.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : SCI Le Parc aux Colombes

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable :  Benjamin Clément)