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Enquête archéologique à Mende

Enquête archéologique à Mende

C’est dans le cadre de la redynamisation du centre-ville de Mende, plus spécifiquement du quartier du nouveau musée du Gévaudan, que des archéologues de la société Archeodunum ont étudié deux maisons (fig. 1). Les travaux envisagés sur ces habitations, occupées du milieu du Moyen Âge à nos jours, ont conduit le Service Régional de l’Archéologie de la région Occitanie à demander une étude archéologique du bâti : une belle opportunité d’en savoir plus sur la forme et l’évolution des maisons mendoises. Durant l’hiver 2023, les archéologues ont ainsi analysé l’enchevêtrement de murs d’époques différentes, permettant de mieux faire connaître ce patrimoine.

 

Fig. 1 : Sous la salle 5, redécouverte et exploration d'une cave voûtée.
Fig. 1 : Sous la salle 5, redécouverte et exploration d'une cave voûtée.
Fig. 2 : Localisation des maisons dans la ville de Mende.
Fig. 2 : Localisation des maisons dans la ville de Mende.

Au cœur historique de Mende

Les maisons, sises aux 7 et 9 rue de la Liberté, appartiennent à la trame urbaine de Mende qui s’est formée autour d’un noyau primitif centré sur la cathédrale d’origine carolingienne (fig. 2). Au XIIe siècle, la ville couvre une superficie de plus de 8 hectares protégée par des fortifications. C’est au siècle suivant que sont construites les habitations, ainsi que l’ont démontré nos datations au carbone 14.

Ces maisons s’organisent sur six niveaux : des caves en partie sous la voirie, un rez-de-chaussée, trois étages et un niveau de combles, desservis par un escalier en vis. Les investigations archéologiques se sont concentrées sur les rez-de-chaussée et une salle du premier étage, seuls espaces impactés par les travaux (fig. 3).

Fig. 3 : Plan du rez-de-chaussée (en gris) et des caves (en bleu). Sous la salle 7, la cave déborde sous la rue de la Liberté et sous la Place au Beurre
Fig. 3 : Plan du rez-de-chaussée (en gris) et des caves (en bleu). Sous la salle 7, la cave déborde sous la rue de la Liberté et sous la Place au Beurre
Fig. 4 : Extrait du relevé au scanner 3D. L'échelle chromatique va du plus bas (bleu) au plus haut (rouge).
Fig. 4 : Extrait du relevé au scanner 3D. L'échelle chromatique va du plus bas (bleu) au plus haut (rouge).

Du laser pour étudier le passé

Cécile Rivals et son équipe ont mis en œuvre différents outils, dont un relevé par scanner 3D (fig. 4). Grâce à un rayon laser, cette technologie permet de mesurer et de restituer les volumes d’un bâtiment avec une très grande précision. Elle est particulièrement bien adaptée à l’analyse de volumes complexes, comme c’est le cas ici.

Les archéologues s’attellent ensuite à étudier les élévations des maisons (fig. 5 et 6). Ils cherchent à identifier les modifications, les ajustements et les changements de parti survenus au cours du temps et des travaux. Les matériaux, les marques lapidaires, les traces d’outils et de mise en œuvre documentent les modes de construction (fig. 6 et 7).

Fig. 5 : Salle 1. Relevé phasé du mur nord.
Fig. 5 : Salle 1. Relevé phasé du mur nord.
Fig. 6 : Salle 1. Les archéologues étudient le mur nord.
Fig. 6 : Salle 1. Les archéologues étudient le mur nord.

Porte à accolade et cave légendaire

Sous les enduits muraux récents et les faux-plafonds, plusieurs ouvertures (portes, dont une à accolade (fig. 8), fenêtres, niches) témoignent de nombreux états successifs (fig. 5 et 9). Ces ouvertures révèlent également qu’une partie du rez-de-chaussée actuel a été un espace extérieur à la fin du Moyen Âge. Il s’agissait probablement d’une rue traversant l’îlot selon un axe nord/sud, comme le laisse entendre une mention écrite de la fin du XVIIIe siècle à propos d’un conflit de voisinage.

Les investigations ont permis de redécouvrir une cave (fig. 1). En effet, un habitant de Mende nous a rapporté la “légende” de l’existence d’une cave, bouchée au milieu du XXe siècle. C’est dans la salle 5, sous une dalle de béton, qu’a resurgi un accès. Cette cave, couverte d’une voûte sur croisée d’ogives, appartient à l’état le plus ancien du bâtiment. Son comblement récent proviendrait du démontage d’un four à pain, initialement installé dans la salle 5.

Fig. 7 : Détail d'un bloc taillé. La lumière rasante fait apparaître les traces caractéris-tiques du marteau taillant.
Fig. 7 : Détail d'un bloc taillé. La lumière rasante fait apparaître les traces caractéris-tiques du marteau taillant.
Fig. 8 : Porte à accolade, bouchée ultérieurement.
Fig. 8 : Porte à accolade, bouchée ultérieurement.

Et maintenant ?

Après le départ des archéologues, les travaux ont pu se poursuivre afin que ces deux maisons du centre historique de Mende soient transformées en commerces. De son côté, l’équipe d’archéologues entreprend un long travail d’analyse des données (relevés, photographies, prélèvements, documents d’archive), afin de comprendre comment on a vécu dans ces maisons de Mende à partir du Moyen Âge. Toutes ces informations seront rassemblées dans un rapport d’étude, qui sera remis à l’État et à la municipalité.

Fig. 9 : Salle 5, mur sud, premier étage. Il s'agit du mur le plus ancien de la maison.
Fig. 9 : Salle 5, mur sud, premier étage. Il s'agit du mur le plus ancien de la maison.

Opération d’archéologie préventive conduite en 2023 sur la commune de Mende (Lozère) au 7-9 rue de la Liberté, en préalable à la restauration des rez-de-chaussée.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de la région Occitanie.

Maîtrise d’ouvrage : communauté de communes Cœur de Lozère

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Cécile Rivals)

Familles, pierres et feux. Un habitat de bâtisseurs de mégalithes à Locmariaquer ?

Familles, pierres et feux

Un habitat de bâtisseurs de mégalithes à Locmariaquer ?

C’est à l’automne 2023 qu’une équipe d’Archeodunum a réalisé une fouille archéologique sur la commune de Locmariaquer (Morbihan ; Fig. 1). Cette opération, prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, était motivée par la création d’un lotissement au sud de la rue Er Hastel. Les archéologues ont mis au jour les vestiges d’une vaste et complexe occupation datée du Ve millénaire avant notre ère, qui pourrait bien avoir abrité des bâtisseurs de mégalithes.

 

Fig.1 : Les archéologues fouillent et documentent des foyers dits "à pierres chauffées".
Fig. 2 : Plan général des vestiges.

Au cœur du Morbihan néolithique

Le site prend place dans le bourg de Locmariaquer, à seulement 250 m du port s’ouvrant sur le golfe du Morbihan. Le contexte archéologique est riche, puisque de nombreux sites mégalithiques datés du Néolithique sont recensés dans le secteur, dont le célèbre ensemble du Grand Menhir et de la Table des Marchands, situé à seulement 700 m au nord.

La fouille s’est déroulée sur une surface de près de 8 000 m² (Fig. 2). L’équipe, sous la direction d’Audrey Blanchard, a exploré plus de 450 aménagements, appartenant pour leur grande majorité au Néolithique moyen (Fig. 3).

Fig. 3 : Outils en silex (g.) et fragments de poteries (d.)
Fig. 4 : Retrait des terres de recouvrement à l'aide d'une pelle mécanique. Une fois repérés, les vestiges archéologiques sont balisés à l'aide d'une peinture fluorescente.

Un habitat à l’abri d’une enceinte

La fouille a tout d’abord révélé l’existence d’un habitat, regroupant au moins sept bâtiments quadrangulaires de dimensions variables (Fig. 2). Au sud, quatre constructions s’organisent autour d’un espace central de 600 m², occupé par une quinzaine de grands foyers (Fig. 1, 4). Ces derniers sont constitués de nombreuses pierres rougies par la chaleur installées dans des fosses, sur des lits de charbons. Ces dispositifs dits « à pierres chauffées » sont utilisés pour des cuissons alimentaires. D’autres fosses contiennent de nombreux fragments de céramiques, du silex taillé et des fragments de meule, qui confortent l’idée d’une occupation domestique (Fig. 5). Ce probable village est limité au sud par une enceinte composée d’un double fossé et d’une palissade. Une interruption au sud-est permet d’accéder à l’habitat via un chemin empierré.

Des stèles et des foyers par dizaines

À l’est de l’habitat, les archéologues ont identifié une dizaine de fosses contenant des dispositifs de calage de stèles, ou menhirs (Fig. 2, 6). Des trous de poteau (pour aider à la mise en place des blocs ?) et une impressionnante série d’une trentaine de foyers à pierres chauffées semblent associés à ces aménagements. Un peu comme pour le site du Grand Menhir, ultime témoin d’une ligne de 18 pierres dressées dont ne subsistent que les fosses d’installation, les stèles d’Er Hastel ont aujourd’hui disparu (prélevées pour d’autres constructions au Néolithique ou plus récemment ?), mais un ou plusieurs alignements (nord/sud notamment) peuvent être envisagés.

Fig. 5 : Quelques-uns des foyers à pierres chauffées.
Fig. 6 : Fosse contenant des pierres de calage pour une stèle aujourd'hui disparue. La zone sans pierre marque son emplacement.

Il y a 6 000 ans, au temps de la Table des Marchands

Les premiers éléments de datation sont principalement issus de la production céramique. Ils renvoient tous à la période du Néolithique moyen, autour de 4 200 à 4 000 avant notre ère. En particulier, des coupes-à-socle (Fig. 7), vases typiques de cette période, sont analogues à celles découvertes à la Table des Marchands et au Grand Menhir. Cette proximité chronologique et géographique est tout à fait remarquable. Sommes-nous en présence d’un lieu où habitaient les populations qui ont bâti ces mégalithes ? Le cas échéant, une telle association serait une première, ce qui confère un intérêt majeur à ces découvertes.

Et après ?

Sur le terrain, le site a été rebouché et restitué pour la création du lotissement. Côté archéologie, nos experts vont analyser les données et étudier l’ensemble des éléments recueillis (objets en céramique, en pierre, etc.). Les nombreux charbons de bois prélevés lors de la fouille seront soumis à des datations par le radiocarbone, ce qui permettra d’affiner la chronologie des vestiges et de préciser les relations entre les différents aménagements : bâtiments, enceinte, foyers, calages de stèle. S’agit-il des composantes d’une même occupation, ou des témoins d’une fréquentation étalée sur plusieurs siècles ? Tous les résultats seront rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté, qui permettra d’enrichir encore la longue histoire de Locmariaquer et de sa région.

7 : Coupe-à-socle, fragment et restitution graphique.

Opération d’archéologie préventive conduite à l’automne 2023
sur la commune de Locmariaquer, au lieu-dit “Er Hastel”,
en préalable à la création d’un lotissement.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Bretagne

Maîtrise d’ouvrage : SAS Acanthe

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Audrey Blanchard)

Carnet de fouille : un habitat médiéval fortifié à Beaurepaire (Vendée)

Carnet de fouille : un habitat médiéval fortifié à Beaurepaire (Vendée)

En 2023 une équipe Archeodunum emmenée par Agathe Gaucher fouille un site médiéval au lieu-dit “Les Douves” à Beaurepaire (Vendée) en amont de la construction d’un lotissement communal. Nous vous proposons une plongée en vidéo dans la fouille de ce riche site médiéval à travers un reportage commandé par la commune de Beaurepaire et réalisé par PPID.

L’emprise de l’opération s’est étendue sur 18 000 m². À ce jour, elles ont permis de mettre en lumière un enclos ovoïde d’environ 740 m². Cet enclos médiéval était entouré d’un fossé d’une largeur variant de 2,5 mètres à 4 mètres et d’une profondeur dépassant 1 mètre.
Son rôle semble être à la fois défensif et ostentatoire. L’entrée de cet enclos est marquée par la présence de 4 trous circulaires correspondant aux empreintes des poteaux en bois qui formaient probablement une porte ou un porche.

À l’intérieur de l’enclos, on retrouve l’emplacement d’un talus et les vestiges de nombreux trous, correspondant aux anciens poteaux en bois, qui attestent de la présence de bâtiments.
Le bâtiment principal, d’environ 20 mètres sur 4 mètres, était construit à partir de poteaux en bois pour former sa structure, tandis que les murs et les cloisons étaient constitués d’un matériau périssable, tel que le torchis.
À l’intérieur, une fosse a été découverte, dont la fonction reste encore à clarifier, peut-être un foyer (grill). Une autre fosse d’un mètre de profondeur semble avoir été utilisée pour la conservation des denrées. Peu de mobilier a été retrouvé au cours des fouilles, à l’exception de céramique dont les fragments n’ont pas encore été étudiés, mais qui semblent dater du XIIe siècle, indiquant ainsi une occupation médiévale.

Pour desservir cet enclos, on retrouve les traces d’un chemin étroit bordé de fossés. Des bâtiments sur poteaux forment un axe reliant l’entrée de l’enclos au chemin.
La fonction de ces bâtiments est encore à l’étude.

En outre, des traces de fossés parcellaires associées à l’accès au château moderne de Beaurepaire ont été découvertes. Cependant, aucune preuve ne suggère un lien direct ou une réoccupation entre le site médiéval du XIIe siècle et le château moderne.

Cette fouille présente un intérêt sur le plan régional en raison de la particularité de cette occupation et de sa rareté, laissant supposer l’existence d’un enclos lié à une petite élite. Cette particularité nécessitera une analyse approfondie des résultats de la post-fouille et une mise en relation avec les recherches sur la période médiévale dans la région et au-delà. Le rapport final devrait être publié dans environ 2 ans.

Opération d’archéologie préventive conduite en 2023 sur la commune de Beaurepaire (Vendée), en préalable à la création du lotissement “Les Douves”.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie Pays de la Loire

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Beaurepaire

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Agathe Gaucher)

Archeodunum est dans Mission Archéo !

Archeodunum est dans Mission Archéo !

C’est avec un vif plaisir qu’Archeodunum relaie la mise en ligne de l’épisode 7 de Mission Archéo, la web-série sur l’archéologie réalisée par Passé Sauvage. Ce dernier épisode de la saison 1 nous immerge dans un très vaste chantier d’archéologie préventive dirigée par Audrey Blanchard, notre spécialiste du Néolithique venue de notre agence nantaise.

À Nort-sur-Erdre (44), c’est le contournement routier en cours de construction au nord de la ville qui a motivé l’exploration archéologique de 15 hectare. Une surface très conséquente, qui a permis de découvrir des habitats protohistoriques et des occupations romaines et médiévales.

La série Mission Archéo aborde l’archéologie de manière sensible, malicieuse et esthétique. Ici, le film s’ouvre sur une visite des lieux comme si on était à bord d’une sonde spatiale – avec une empreinte de pas qui rappelle celle des premiers hommes sur la Lune. Et, en fin de film, Audrey Blanchard évoque ce que représente pour elle le fait de repasser par des endroits où elle a fouillé, transformés depuis lors par l’aménagement du territoire : nulle nostalgie, mais des souvenirs de belles aventures scientifiques et humaines.

À noter que c’est la première fois que Mission Archéo a pour sujet une opération d’archéologie préventive. Et ce n’est pas la dernière, puisque la saison 2, qui démarrera ce printemps, s’ouvrira par un épisode consacré à une autre aventure d’Archeodunum, au cœur du musée Rolin d’Autun (71).

Sainte-Colombe, rendu du rapport d’un très riche site de l’agglomération viennoise antique

Sainte-Colombe “le bourg”
rendu du rapport d’un très riche site de l’agglomération viennoise antique

 

Vendredi 6 octobre, une soixantaine de personnes se sont réunies au Musée et sites gallo-romains (Saint-Romain-en-Gal, Rhône) pour célébrer le rendu du rapport de Sainte-Colombe – Le Bourg, marquant une étape importante dans l’étude de ce site exceptionnel.

Tous les participants à cette aventure humaine inédite étaient réunis : aménageurs, Service régional de l’archéologie, équipe de fouille, spécialistes, restaurateurs, musée… Ils ont pu assister à une conférence de Benjamin Clément pour ensuite admirer le mobilier et les mosaïques restaurés par le CREAM et l’ARM (éléments qui intégreront prochainement le parcours permanent du musée). La journée s’est achevée autour d’un buffet offert par Archeodunum.

Cette journée été l’occasion de souligner la fécondité des partenariats mis en place dès la fouille, qui ont permis de garantir la qualité scientifique de ce travail tout en posant les jalons de sa valorisation rapide pour le grand public.

Remerciements

Tous nos remerciements vont au département du Rhône et au Musée et sites gallo-romains pour avoir grandement facilité l’organisation de cette journée : Damien Raymond (directeur général adjoint), Émilie Alonso (directrice), Guillaume Legrand (assistant de direction), Maria Paraskeva (régisseuse des collections), Sébastien Fily (assistant régie d’œuvres) et Christelle Reymond (chargée de la location des espaces). Merci également au membres du CREAM (Véronique Langlet-Marzloff, Florent Duval et Eve Paillaux) et de l’ARM (Christophe Laporte et Philippe Mercoret), ainsi qu’à Nathalie qui nous a généreusement ouvert son bar Le Neuf pour la suite de la soirée.

 

Opération d’archéologie préventive conduite en 2017 sur la commune de Sainte-Colombe (Rhône), en préalable à la construction de logement par la SCI Le Parc aux Colombes.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : SCI Le Parc aux Colombes

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable :  Benjamin Clément)

 

Décapage en cours de la terre végétale

Sèvremoine, Torfou : premiers résultats de la fouille archéologique

Sèvremoine, Torfou “Le Feuillaudre”

Les premiers résultats de la fouille archéologique

C’est à la création d’un lotissement aux abords du bourg de Torfou, rattaché à la commune de Sèvremoine (Maine-et-Loire), que l’on doit l’ouverture d’une fenêtre archéologique sur le passé de ce secteur. Depuis le 13 mars, les archéologues d’Archeodunum mettent au jour les vestiges d’une vaste ferme de la période romaine.

En préalable au nouveau lotissement du Pré aux Sources : diagnostic et fouille

Prescrite par le Service Régional d’Archéologie des Pays de la Loire, l’opération d’archéologie préventive a été motivée par l’aménagement, par la commune de Sèvremoine, d’un nouveau lotissement. La fouille a été précédée d’un diagnostic archéologique (évaluation portant sur environ un dixième du terrain), qui a révélé des vestiges de l’Antiquité.

Décapage en cours de la terre végétale
Décapage en cours de la terre végétale

Sous la terre végétale, 600 vestiges

Sur les 25 000 m2 à fouiller, le travail a commencé par un décapage réalisé à l’aide de pelles mécaniques. Ces engins ont permis de retirer la terre végétale sur 0,30 à 0,50 m d’épaisseur. Sous ce recouvrement de surface, plus de 600 aménagements ont été mis au jour : empreintes de poteaux, fosses diverses, structures de combustion, fossés et chemins. Ces vestiges appartiennent majoritairement à la période antique, plus particulièrement au Ier s. après J.-C. Les objets archéologiques, comme les fragments de céramique gallo-romain, sont de précieux indices pour dater les occupations. Quelques traces d’activités humaines aux périodes médiévale ou moderne ont également été décelées.

Archéologues fouillant des "trous de poteau"
Archéologues fouillant des "trous de poteau"

Un enclos de 3800 m²

Au sein de tout un réseau de creusements, trois fossés d’environ 60 m de long et 1,2 m de profondeur ceinturent un espace de 3 800 m2. Les archéologues n’ont pas encore pu distinguer de constructions à l’intérieur de l’enclos. Il est très probable que ces dernières n’aient pas laissé de traces. Cet aménagement semble correspondre à un élément central d’une grande ferme de la période antique, dont les limites ne sont pas encore connues.

Plan général des vestiges
Plan général des vestiges
Poterie antique retrouvée lors de la fouille d'une fosse
Poterie antique retrouvée lors de la fouille d'une fosse

Des bâtiments à ossature bois

À l’extérieur de l’enclos, plusieurs alignements de trous d’ancrages de poteaux en bois, également appelés « trous de poteau » par les archéologues, permettent de restituer des plans de bâtiments gallo-romains. Pour la construction, on recourait à des matériaux périssables (terre et bois), qui n’ont laissé que peu de traces dans le sol. Les fonctions de ces édifices de grande ampleur sont vraisemblablement multiples : hangar de stockage, zone de travail artisanal, parcage des animaux… Ils constituent vraisemblablement des aménagements majeurs de cette grande ferme antique.

Des chemins d’accès plus récents ?

Un chemin d’époque moderne se superpose à la partie sud de l’enclos antique. Il se poursuit à l’est sur un axe nord-sud. La fouille permettra de savoir si l’un ou l’autre de ces chemins, visible sur les cadastres anciens était déjà en place durant l’Antiquité.

Après la fouille …

Au terme de l’intervention, en juin 2023, le patrimoine archéologique aura été sauvegardé par le travail de terrain, et la commune pourra poursuivre l’aménagement du lotissement du Pré aux Sources. Côté archéologie, les investigations se poursuivront en laboratoire durant deux ans. Un important travail d’étude sera réalisé par les archéologues et les spécialistes, de manière à obtenir le maximum d’information. Des analyses par le radiocarbone permettront d’affiner la datation des différents contextes. Un rapport abondamment documenté synthétisera l’ensemble des résultats de cette opération.

Téléchargez la plaquette de présentation du site au format PDF.

Visite du site

Le samedi 6 mai, des portes ouvertes sont organisées sur le site. Venez rencontrer les archéologues !

Opération d’archéologie préventive conduite au printemps 2023 sur la commune de Sèvremoine (Maine-et-Loire), en préalable à la création d’un lotissement.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie des Pays de la Loire

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Sèvremoine

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Marc-Antoine Dalmont)

AFEAF 2023

Colloque sur la guerre à l’âge du Fer

La Guerre et son cortège

47e Colloque international de l’Association Française pour l’Etude de l’Âge du Fer

AFEAF 2023

Cette année, Archeodunum est partenaire du 47e colloque de l’AFEAF qui aura lieu à Lausanne (Vaud, Suisse) du 18 au 20 mai 2023 sur le thème de la guerre.

De multiples communications seront proposées sur les trois jours avec, parmi celles-ci, des présentations de Sylvie Barrier, Matthieu Demierre et Romain Guichon.

Retrouvez le programme détaillé

Nort_fouille

Plus de 4000 ans d’histoire sur les bords de l’Erdre

Plus de 4000 ans d’histoire sur les bords de l’Erdre

Archéologie sur la “déviation nord” de Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique)

Une équipe d’une douzaine d’archéologues a procédé à une vaste fouille archéologique sur la commune de Nort-sur-Erdre tout au long de l’année 2022. Cette opération a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologie. Elle était motivée par la création, par le Département de Loire-Atlantique, d’un axe routier contournant le centre de la ville. Sur près de 15 hectares, les archéologues d’Archeodunum ont mis au jour des vestiges datés de l’âge du Bronze, de l’Antiquité et du Moyen-âge, dont des aménagements de berge le long de l’Erdre.

 

Vue aérienne du site de « La Pancarte » (© Anthony Béranger)
Vue aérienne du site de « La Pancarte » (© Anthony Béranger)
Plan général de l’intervention archéologique
Plan général de l’intervention archéologique

Une vaste surface à explorer aux abord de l’Erdre

Sous la direction d’Audrey Blanchard, l’équipe a travaillé par étapes entre février et novembre 2022. On distingue les lieux-dits dits « Saint-Yves » (ouest), « L’Onglée » (centre) et « La Pancarte » (est). Les archéologues ont mis au jour plus de 3 000 aménagements. Ces vestiges appartiennent à plusieurs phases chronologiques : âge du Bronze ancien, âge du Bronze final, Moyen-âge et Antiquité.

Archéologues au travail
Archéologues au travail
Archéologues au travail (© Anthony Béranger)
Archéologues au travail (© Anthony Béranger)

Sur les plateaux, deux habitats de l’âge du Bronze

Sur les plateaux situés de part et d’autre de l’Erdre, deux occupations humaines de l’âge du Bronze ont été décelées. À l’ouest, sur le site de « Saint-Yves », la fouille a révélé de nombreuses fosses d’ancrage de poteau. Plusieurs alignements permettent de restituer des plans de bâtiments, tous à ossature de bois ancrée dans le sol et dont les parois sont réalisées en matériaux périssables (clayonnage et torchis). Les archéologues ont reconnu des petits greniers à quatre poteaux ou des bâtiments de superficie plus imposante. Des fosses jouxtent ces constructions. Certaines, dites « polylobées » en raison de leur forme complexe, contenaient de nombreux fragments de céramique attribuables à l’âge du Bronze final (1350-800 av. n. è.).

À l’est, sur le site de « La Pancarte », les creusements sont plus arasés, mais permettent également de restituer des plans de bâtiment. Le mobilier céramique, rare, renvoie à une phase plus ancienne : âge du Bonze ancien à moyen (2000-1350 av. n. è). Un fossé circulaire de 10 m de diamètre environ pourrait quant à lui indiquer l’existence d’une architecture funéraire au sud de l’habitat.

Près de la rivière, un enclos gallo-romain

Sur le site de « L’Onglée », à proximité de l’Erdre, l’équipe a découvert un vaste enclos daté de l’Antiquité (Ier– IIIe s. de n. è.). Ce dispositif prend la forme de deux fossés parallèles, qui délimitent un espace habité doté de plusieurs bâtiments quadrangulaires.

 

Vue aérienne d’un fossé circulaire probablement daté de l’âge du Bronze (© Anthony Béranger)
Vue aérienne d’un fossé circulaire probablement daté de l’âge du Bronze (© Anthony Béranger)
Aménagements de berge au bord de l’Erdre (© Anthony Béranger)
Aménagements de berge au bord de l’Erdre (© Anthony Béranger)

Des aménagements au bord de l’eau

Dans la plaine alluviale, à proximité immédiate de l’Erdre, les sondages ont révélé des vestiges d’aménagement de berge : des pieux verticaux et des pièces de bois horizontales forment des caissons quadrangulaires. Le milieu, très humide, a permis une bonne conservation du bois. Les premiers éléments de datation plaident en faveur d’un aménagement médiéval.

Les Nortais à la découverte de leur patrimoine

Près de 260 habitants de Nort-sur-Erdre et des communes alentour ont pu visiter le site archéologique lors des Journées Européennes du Patrimoine, le samedi 17 septembre 2022. Quatre classes de collégiens de la ville ont également fait le déplacement et ont pu bénéficier d’échanges enrichissants avec les archéologues.

Après la fouille …

Au terme de l’intervention de terrain, les investigations se poursuivront en laboratoire durant deux ans. Les archéologues et les spécialistes d’Archeodunum vont exploiter les informations recueillies sur le terrain. Des analyses par le radiocarbone ou par dendrochronologie (pour dater les pièces de bois des berges) permettront d’affiner la datation des différents contextes. Tous les résultats de l’opération seront synthétisés dans un rapport abondamment documenté et argumenté.

En laboratoire, fouille d’un vase prélevé sur le site
En laboratoire, fouille d’un vase prélevé sur le site

Opération d’archéologie préventive durant l’année 2022 sur la commune de Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique), en préalable à la déviation nord de la commune.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie du Pays de la Loire

Maîtrise d’ouvrage : Département de Loire-Atlantique

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Audrey Blanchard)

Découverte d’une petite agglomération romaine à Belleville-en-Beaujolais

Belleville-en-Beaujolais, déviation sud-est de la RD109

Découverte d’une petite agglomération romaine

 

C’est dans le cadre du projet de la déviation sud-est de Belleville que le Service régional de l’archéologie a prescrit une fouille archéologique, réalisée par Archeodunum entre juillet et octobre 2022. Les premiers résultats en sont spectaculaires, avec la découverte d’une série de bâtiments d’époque romaine. Ceux-ci font face au quartier artisanal exploré en 2020 sur la ZAC Lybertec, de l’autre côté de la route D306. L’ensemble constitue une occupation dense, révélant l’existence d’une petite agglomération, à quelques kilomètres au nord de Ludna (Saint-Georges-de-Reneins).

À proximité de la Voie de l’Océan

Depuis des temps très anciens et jusqu’à aujourd’hui, la vallée de la Saône sert d’axe de circulation majeur. Au lendemain de la conquête de la Gaule (milieu du Ier s. av. J.-C.), les Romains pérennisent ou installent un réseau routier naissant de Lyon pour monter vers le nord et l’ouest de la Gaule (Voie dite de l’Océan), desservant notamment Mâcon puis Chalon-sur-Saône. Le long de cette artère maîtresse se développent habitats, lieux d’étape, petites ou grandes agglomérations. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les fouilles menées à Belleville-en-Beaujolais.

Plan général du secteur 1, fouillé par Archeodunum
Plan général du secteur 1, fouillé par Archeodunum

De discrets gaulois

Deux secteurs font l’objet d’investigations archéologiques. À proximité du Lac des Sablons et de l’autoroute A6, des traces ténues (négatifs de poteaux, fosses diverses) évoquent assez discrètement une occupation gauloise. Trouvé dans une fosse profonde d’environ 40 cm, un ensemble de poteries est ainsi datable de la fin de l’âge du Fer (milieu IIe – début Ier siècle avant J.-C.).

Découverte de poteries gauloises
Découverte de poteries gauloises
Les mêmes poteries gauloises au fond d'une fosse
Les mêmes poteries gauloises au fond d'une fosse

Un site gallo-romain bien structuré

C’est directement en contrebas du rond-point de la RD109, à l’emplacement du départ de la future déviation, que les découvertes sont les plus remarquables. Sur une surface de près de 6000 m2, de nombreux vestiges sont datés de l’époque romaine (Ier – IIIe siècle après J.-C.). Le site, très bien organisé, se développe pour l’essentiel sur la moitié ouest de la zone de fouille. Il est limité à l’est par un mur de clôture et par un fossé d’axe nord-sud, mais se poursuit hors emprise au nord, au sud et à l’ouest.

Portion de mur construit essentiellement en fragments de tuiles
Portion de mur construit essentiellement en fragments de tuiles
Vue aérienne des fondations du bâtiment 3, une grange ?
Vue aérienne des fondations du bâtiment 3, une grange ?

Au moins cinq bâtiments

Les nombreux murs, dont seules sont conservées les fondations en galets et en blocs de calcaire, dessinent les plans d’au moins cinq bâtiments. Ceux-ci semblent répartis en deux parcelles contiguës, séparées par un mur constitué de fragments de tuiles. Parmi ces constructions, on remarque le plan presque complet d’une grange de plan carré (bâtiment 3).

Hypocauste et foyers

À l’est du bâtiment 4, le bâtiment 5 livre dans sa démolition de nombreux matériaux (briques creuses, pilettes carrées, mortier de tuileau) qui suggèrent la présence d’un hypocauste : ce dispositif de chauffage par le sol, bien connu dans le monde romain, pourrait équiper des bains privés (thermes). Les alentours livrent d’autres types de vestiges, dont des fosses et un puits, ainsi que plusieurs foyers, peut-être liés à une activité artisanale.

Foyer constitué de tuiles plates (tegulae), disposées à l'envers
Foyer constitué de tuiles plates (tegulae), disposées à l'envers

Autour d’une voie fantôme

Ces résultats sont à apprécier en regard de la fouille menée en 2020 par la société Éveha sur le site de la ZAC Fontenailles, de l’autre côté de la route D306. On y a découvert un quartier à vocation artisanale (travail du métal en particulier). Les orientations des bâtiments sont identiques, et l’ensemble donne l’impression d’une occupation cristallisée de part et d’autre d’un axe fort, situé par hypothèse sous la D306. Par extension, il est tentant de restituer à cet endroit le passage de la Voie de l’Océan – à moins qu’il ne s’agisse d’une voie secondaire.

Ludna ou Lunna ?

Ces nouvelles données permettront également d’alimenter une discussion ancienne mais non tranchée à propos des sites de Ludna et de Lunna, que deux sources antiques mentionnent entre Anse et Mâcon (article à ce propos). Il n’est pas clair si les deux noms, très similaires, désignaient un même lieu, ou deux sites différents. Les dernières recherches penchent en faveur d’un lieu unique, positionné à Saint-Georges-de-Reneins. Désormais, il paraît établi qu’il existait à l’époque romaine une autre petite agglomération à proximité immédiate de l’actuel Belleville-en-Beaujolais !

Et après ?

À l’issue de la fouille, en octobre 2022, l’aménagement routier se poursuivra. Côté archéologie, les investigations se dérouleront en laboratoire durant deux ans. Un important travail d’étude sera réalisé par les archéologues et les spécialistes – notamment pour réfléchir à l’articulation entre Ludna et Lunna ! Finalement, les résultats seront rassemblés dans un copieux rapport, remis à l’État avec l’ensemble de la documentation et des objets collectés sur le site.

Opération d’archéologie préventive conduite durant l’été 2022 sur la commune de Belleville-en-Beaujolais (Rhône), en préalable à la déviation sud-est de la commune.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : Département du Rhône

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Jérôme Grasso)

Visite Saint-Sever

Visite du site archéologique de Saint-Sever (Landes)

Visite du site antique de Saint-Sever (Landes) en cours de fouille

Visite Saint-Sever
Archéologues au travail à Saint-Sever (Cliché P. Meyranx)

Les équipes d’Archeodunum seront heureuses de vous accueillir à Saint-Sever (Landes) pour vous faire découvrir l’habitat rural antique qu’elles sont en train de fouiller.

Les visites auront lieu le mercredi 27 juillet de 13h à 17h.

Les visites commentées par les archéologues dureront environ 45 minutes, avec un départ toutes les 20 minutes.

Les groupes seront limitées à une vingtaine de personnes.

Entrée libre.

Pensez à prendre de bonne chaussures  et bonne visite !

Accès par la D924 aux abords du Chemin de Matoch.

Accès Saint-Sever
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