Les riches racines de Boigny-sur-Bionne
Premiers résultats des fouilles archéologiques à la ZAC de la Clairière, Tranche 1
C’est au nord de Boigny-sur-Bionne que les archéologues d’Archeodunum ont réalisé une fouille en préalable à un projet de lotissement. L’équipe est intervenue en automne 2019, sur 13 380 m². Elle a mis au jour une imposante villa gallo-romaine, à laquelle ont succédé des occupations du Moyen-Âge. Ces belles découvertes éclairent d’un jour nouveau les lointaines origines de Boigny-sur-Bionne.
Les raisons de l’intervention
La fouille archéologique s’inscrit dans le cadre de la future ZAC de la Clairière. Cet aménagement, piloté par Nexity, est destiné à accueillir des logements. Le projet a déclenché un diagnostic archéologique sur 7 hectares. à la suite de résultats positifs, le Service régional de l’archéologie a prescrit la fouille de 2,7 hectares.
Ce qui était attendu
Selon le diagnostic préalable, les lieux semblent fréquentés entre la fin de la période gauloise et le Moyen‑Âge. En particulier, on attribue une série de maçonneries à un domaine agricole (villa) installé dans un enclos d’environ 3 hectares. Aux alentours, de nombreux vestiges dispersés témoignent d’un ou plusieurs habitats du Moyen-Âge. Enfin, une petite nécropole reste mal datée.
Les principaux résultats à l’issue de la fouille
C’est la partie située au nord-ouest de l’église de Boigny-sur-Bionne que Jérôme Besson et son équipe ont investie en 2019. L’opération a en effet été scindée en deux moitiés égales : la seconde phase de fouille, à l’est, aura lieu en 2021 (fig. 1).
Une avalanche de vestiges
11 semaines de fouille, une équipe passée de 8 à 15 archéologues, 674 vestiges et plus de 1500 couches archéologiques : telle est l’opération de terrain en quelques chiffres. Les découvertes se sont rapidement avérées beaucoup plus nombreuses qu’initialement prévues. En conséquence de quoi, en concertation avec le Service régional de l’archéologie, l’équipe a procédé à des ajustements méthodologiques.
De riches Gallo-romains
L’occupation gauloise ne semble pas présente dans le secteur investigué – ce sera probablement pour 2021. Les vestiges les plus anciens appartiennent à l’époque romaine.
Au sein de l’enclos repéré lors du diagnostic, l’élément le plus remarquable de la fouille est un très grand édifice rectangulaire, d’axe nord-sud : sa longueur dépasse 58 m ! Ce bâtiment évolue durant toute la période romaine (du Ier au IVe siècle apr. J.-C.), avec la création de pièces supplémentaires.
Le bâtiment est doté d’un vaste bassin et de pièces thermales, équipées d’un système de chauffage par le sol (hypocauste) et d’un réseau de canalisations. Ces éléments témoignent d’un confort certain. Pour les archéologues, il s’agit de la partie résidentielle du domaine – et non de la simple dépendance que l’on avait cru voir ici lors du diagnostic (fig. 4, 5 et 6).
Des vivants et des morts au Moyen Âge
Par la suite, la villa est abandonnée. Probablement dès le Haut Moyen-Âge, ses ruines servent de cimetière. En témoigne notamment une tombe collective de sept individus. Au total, ce sont 26 inhumations que les archéologues ont dégagées. Dans leur majorité, elles sont datées du Moyen-Âge (fig. 7, 8 et 9).
Datées de la même période, de nombreuses fosses et trous de poteau jalonnent le secteur. Ces vestiges indiquent une continuité de l’occupation des lieux, sous la forme de bâtiments en bois. Une vingtaine de fosses creusées dans le sol sont caractéristiques du stockage des récoltes.
De la Gaule romaine à Boigny-sur-Bionne
En résumé et en première analyse, c’est un vaste et riche domaine agricole gallo-romain que l’équipe d’Archeodunum a dégagé : plus particulièrement, sa partie résidentielle, située au cœur d’une vaste cour entourée de murs. La fréquentation des lieux semble ensuite constante jusqu’au Moyen-Âge, préfigurant probablement la création du bourg actuel (fig. 10).
La suite des événements
Sur place, les terres ont été remises en place et le terrain est désormais disponible pour la suite des aménagements.
Côté archéologie, les investigations se poursuivent en laboratoire. Les spécialistes d’Archeodunum exploitent les informations recueillies sur le terrain. Pendant plusieurs mois, une quinzaine de personnes vont se relayer pour décrire au mieux les vestiges retrouvés et comprendre comment on vivait (et mourait) entre le Ier et le XVe siècle dans ce secteur de l’Orléanais. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport final abondamment documenté et argumenté.
Et rendez-vous est d’ores et déjà pris en mars 2021, pour la suite de l’opération !