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Du Néolithique à l’âge du Fer aux Mureaux

Vue du site au drone depuis l'ouest
Branche sud de l'enclos Second âge du Fer niveau
Enclos funéraire âge du Bronze avec au centre une sépulture secondaire à crémation
Petit bâtiment circulaire du Néolithique moyen
Grand bâtiment circulaire du Néolithique moyen

Etablissement rural du Second âge du Fer et habitat du Néolithique moyen aux Mureaux (Yvelines)

Aux Mureaux, préalablement aux travaux d’extension de la station d’épuration de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, une équipe d’archéologue de la société Archeodunum a réalisé une fouille archéologique préventive du 27 février au 5 mai 2017. Cette opération portait sur une surface de 15000 m² prescrite par le Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France) suite à un diagnostic mené par le Service Archéologique Départemental des Yvelines en 2015, ce dernier ayant notamment révélé la présence de structures et d’artefacts en rapport avec un probable établissement rural du Second âge du Fer. Le décapage extensif du site a permis de découvrir, outre ces vestiges, les traces d’une occupation du début du Néolithique moyen caractérisée par la présence exceptionnelle de deux bâtiments circulaires.

Le Néolithique

C’est dans la partie centrale de l’emprise, localisée sur la bordure de la plaine de Flins en surplomb de la rive gauche de la Seine, que s’installe l’habitat du début du Néolithique moyen (vers 4500 avant notre ère) matérialisé par les vestiges des deux bâtiments circulaires à proximité desquels se développent des fosses, plusieurs palissades ainsi qu’un four à pierres chauffées probablement contemporain. Le premier bâtiment, qui mesure 7 m de diamètre, est constitué sur son flanc ouest d’un demi-cercle formé de 16 petits trous de poteaux auquel répond en symétrie un trou de poteau de dimensions plus importantes, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne en deux aires inégales d’environ deux tiers et un tiers de la surface. Le second bâtiment est bien plus imposant puisqu’il atteint près de 15 m de diamètre : la construction fait ici intervenir d’une part une tranchée hémicirculaire recevant des poteaux qui délimite la partie ouest du bâtiment, et d’autre part un demi-cercle formé de 6 trous de poteaux qui ferment l’espace à l’est, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne suivant le même principe que pour le premier bâtiment. Moins d’une vingtaine de constructions de ce type sont connues en France, essentiellement dans le Bassin parisien. L’identification de deux habitations circulaires sur le site de la station d’épuration des Mureaux s’avère donc précieuse pour l’analyse de cette forme d’habitat du milieu du Vᵉ millénaire avant notre ère qui semble succéder aux grandes habitations de modèle danubien du Néolithique ancien.

S’ajoute à cet ensemble une série importante de fosses se développant dans la partie septentrionale de l’emprise, à proximité de la Seine, qui pourrait correspondre à une fréquentation des rives du fleuve durant le Néolithique final (entre 3500 et 2200 avant notre ère), datation à confirmer par carbone 14.

La Protohistoire

D’après le mobilier céramique recueilli dans plusieurs structures, la fréquentation du site semble se poursuivre durant l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant notre ère), notamment au cours du Bronze final. C’est probablement à cette période que se situe l’édification d’un petit enclos funéraire ovoïde de 5,5 x 4,5 m de diamètre, localisé à l’extrémité méridionale de l’emprise, qui abritait en son centre une sépulture secondaire à crémation en pleine terre. Une datation carbone 14 sur les ossements brûlés recueillis permettra de caler avec plus de précision la période d’édification de ce monument funéraire isolé.

Les vestiges protohistoriques les plus significatifs datent du Second âge du Fer (entre 500 et 50 avant notre ère) et se développent sur l’ensemble de la partie méridionale du site. Les différents aménagements repérés (trous de poteaux, fosses, foyers, fossés) semblent se rattacher à un établissement rural fréquenté d’après le mobilier recueilli entre La Tène ancienne et le début de La Tène finale. Un grand enclos rectangulaire d’orientation nord-est/sud-ouest (partiellement hors emprise) est délimité par un fossé mesurant plus de 50 m de long d’est en ouest pour 45 m de long du nord au sud. Ce fossé est interrompu sur ses côtés nord et sud afin de ménager des entrées de 3,5 m de large, et il présente la particularité d’être resté ouvert au nord et au sud tandis que son segment oriental, plus modeste, semble avoir été palissadé. Plusieurs exemples de recoupements de structures fossoyés par le fossé de l’enclos pourraient témoigner de la création de ce dernier lors d’une restructuration de l’établissement rural, tandis que le mobilier recueilli dans son remplissage suggère qu’il a été comblé avant l’abandon définitif du site, probablement durant La Tène moyenne. L’espace interne de l’enclos est occupé par au moins six bâtiments sur poteaux qui appartiennent à au moins deux phases de construction successives d’après les recoupements observés. On distingue notamment deux grands bâtiments de plan quadrangulaire complexe occupant 30 et 64 m² de surface au sol, interprétés comme des unités domestiques, tandis que les autres bâtiments pourraient correspondre à des annexes agraires. Quatre autres bâtiments ont été mis au jour au nord de l’enclos, parmi lesquels deux greniers sur six poteaux ainsi qu’un grand bâtiment de plan quadrangulaire complexe. Ce dernier, qui a livré du mobilier céramique de La Tène finale (dont un fragment d’amphore), constitue à ce jour l’élément le plus tardif de l’occupation protohistorique du site.

Par la suite, seul un fossé isolé témoigne d’une fréquentation sporadique du site durant l’antiquité, avant qu’à l’époque moderne le terrain ne fasse l’objet d’une mise en culture avec le creusement de fosses de plantations et de fossés parcellaires.

Les découvertes effectuées sur le site de la station d’épuration des Mureaux permettent d’apporter nombre de données inédites concernant les occupations néolithiques et protohistoriques des rives de la Seine dans le département des Yvelines. Les études actuellement en cours permettront notamment de déterminer avec plus de précision les différentes périodes d’occupation du site et le phasage de l’établissement rural du Second âge du Fer.

Amaury Collet

Etude de l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime)

Fondée en 654 par Saint-Philibert, avec le soutien de la reine Bathilde, l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime) est l’un des plus vastes ensembles monastiques conservé en France. Monument phare de la Normandie orientale, ces ruines pittoresques ont autant inspiré les artistes romantiques de la deuxième moitié du XIXe siècle qu’elles ont suscité de débats au sein de plusieurs générations de chercheurs (historiens, historiens de l’art, archéologues, architectes…).

Dans la continuité des travaux menés sur l’église abbatiale Notre-Dame, le Département de Seine-Maritime, propriétaire de l’abbaye, a entrepris un vaste projet de restauration de l’église Saint-Pierre, située au sud de l’abbatiale, et du passage Charles VII qui relie les deux édifices. Dans ce cadre, une étude monumentale et sanitaire a été réalisée par un groupement d’entreprises (Archeodunum SAS pour l’étude archéologique des élévations, Studiolo pour l’étude des enduits peints, h2o pour l’étude sanitaire de l’édifice).

Ces études ont apporté des compléments notables à la restitution du plan de l’église carolingienne, essentiellement au niveau du massif occidental qui était peu étudié jusqu’alors. Ce massif était constitué de deux tourelles d’escalier encadrant un porche voûté, surmonté d’une tribune ouverte sur la nef par une large baie en plein cintre. Dans les tourelles d’escalier, des paliers éclairés par des baies géminées permettaient d’accéder à des tribunes aménagées au-dessus des bas-côtés. Les nouvelles datations 14C, et leur mise en perspective avec les datations déjà réalisées par nos prédécesseurs, permettent de faire remonter la construction à la fin du VIIIe siècle, ce qui ferait du massif occidental de Saint-Pierre l’un des plus anciens d’Europe.

L’étude a également révisé la totalité de la chronologie admise pour les reconstructions gothiques. Celles-ci, concentrées sur le XIVe siècle, suivent un plan cohérent qui semble respecter une volonté de conserver les volumes de l’édifice. Pour autant, les reconstructions n’offrent pas une image homogène, une asymétrie assumée distinguant les bas-côtés nord et sud. Cette mise en valeur différente des espaces (bas-côtés, travée occidentale de la nef) illustrent probablement des fonctions liturgiques qui nous échappent encore largement.

Cette étude constitue donc un renouvellement important des connaissances sur le site lui-même et offre plus largement de remarquables perspectives pour la compréhension des édifices carolingiens.

 

David Jouneau

Des fouilles au Puy-du-Fou

Avant d’accueillir un parc dont la renommée internationale ne se présente plus, le Puy du Fou était le siège d’une importante seigneurie. Dans le cadre de l’extension du parc, aux abords immédiats du château, un hameau déserté connu sous le nom de Bourg-Bérard a fait l’objet d’une fouille en deux tranches. La première, concernant la moitié nord de l’assiette du projet, a été réalisée pendant l’hiver 2014-2015. La seconde est reportée à une date non définie.

À l’exception d’un angle d’enclos gaulois, situé en limite nord-est de l’emprise de la fouille, les vestiges correspondent exclusivement à une occupation médiévale et moderne.

L’étude du mobilier céramique a permis de mettre en évidence une première occupation, entre le XIe et le XIIIe siècle, qui reste encore difficile à caractériser. Le site est essentiellement occupé par une vaste habitation du XVIe siècle, qui couvre une surface de 368 m² – espaces pavés compris.

La maison elle-même est composée de deux ailes en retour d’équerre. La présence d’une cheminée dans la pièce située au nord, associée à de nombreux fragments de céramiques liées à la préparation des repas, d’un évier en pierre monolithe aménagé dans l’épaisseur du mur de la pièce sud, et d’une annexe équipée d’un four et d’un point d’eau, nous laisse supposer des fonctions avant tout domestiques. L’épaisseur importante des fondations et la présence d’un massif extérieur, évoquant un soubassement d’escalier, suggèrent la présence d’au moins un étage, où seraient concentrées les pièces à vivre.

De nombreux aménagements ont été réalisés pour drainer l’espace habité : canalisations maçonnées, fondations drainantes et un important collecteur longeant l’habitation sur son côté occidental. L’ensemble des eaux de ruissellement était canalisé vers des aménagements hydrauliques, construits au sud, composés d’un puisard et de deux bassins. Le premier bassin, maçonné, était alimenté par une canalisation longeant le côté oriental de l’habitation et le trop-plein du puisard. Il était accessible par une pente relativement raide à l’ouest, suggérant une fonction de pédiluve. Il communiquait vraisemblablement avec le second bassin, de forme allongée, par un système de vanne. Ce bassin pouvait être aménagé avec des matériaux périssables et un alignement de bloc formait une sorte de margelle sur son côté est.

Ces aménagements hydrauliques avaient certainement une fonction agro-artisanale. Les études palynologiques réalisées sur les sédiments de leur comblement ont écarté la fonction de bassin de rouissage. Toutefois, le contexte agro-pastoral, la présence attestée de marchands dans le hameau et la similitude des ces bassins avec des aménagements destinés au lavage à froid de la laine de mouton pourraient orienter l’interprétation de ces structures comme faisant partie d’un complexe destiné à la production de la laine au XVIe siècle.

David Jouneau

De la Préhistoire à l’époque romaine au nord de l’Yonne

Cache de lames du Paléolithique supérieur
Grenier à quatre poteaux (La Tène finale ?) recoupé par un fossé gallo-romain
Four de potier gallo-romain
Four de tuilier gallo-romain
Bâtiment sur poteaux gallo-romain
Fond de puits gallo-romain avec cadre en bois de soutènement
Fouille d'un dépôt monétaire gallo-romain

Appoigny – Les Bries

L’opération d’archéologie préventive a porté sur une surface d’environ vingt-cinq hectares à l’emplacement du futur parc d’activités de la Communauté de l’Auxerrois, à quelques kilomètres au nord d’Auxerre à la jonction entre la RN6 et l’A6. Elle s’est déroulée sur deux périodes, en 2015 et en 2016, 11 mois de fouille au total, sur six secteurs de travail distincts.

Les vestiges mis au jour s’échelonnent chronologiquement de la Préhistoire à l’époque romaine, d’environ ‑100 000 ans au IVe siècle après J.-C. Ces millénaires de fréquentation et d’occupation ne sont pas véritablement étonnants puisque la vallée de l’Yonne constitue un axe majeur de circulation entre la vallée du Rhône et le bassin parisien, mais il est exceptionnel qu’ils soient aussi bien attestés archéologiquement.

Toutefois, toutes les périodes ne sont pas également représentées. Les occupations du Paléolithique moyen et supérieur et celles de l’Antiquité sont les plus remarquables, tandis que des phénomènes d’érosion/arasement ont dû détruire en grande partie les vestiges des autres périodes chronologiques.

La Préhistoire

  • Le Paléolithique moyen

Plusieurs concentrations lithiques moustériennes ont été mises au jour, toutes dans le secteur 3. Le débitage des pièces est particulièrement soigné, notamment avec un facettage systématique des talons des produits et sous-produits Levallois. La finesse et la régularité de la retouche des outils, des racloirs et des pointes moustériennes surtout, est également remarquable.

Cette série lithique, quoique géographiquement isolée, représente un jalon supplémentaire dans la reconnaissance de l’occupation moustérienne régionale, bien moins documentée dans cette partie sud de la vallée de l’Yonne que dans sa partie nord.

  • Paléolithique supérieur

Le Paléolithique supérieur est représenté, uniquement en secteur 5, par une concentration de plusieurs centaines d’outils en silex, essentiellement des lames. Si beaucoup d’entre elles ont été retrouvées réparties sur plusieurs mètres carrés, d’autres étaient encore concentrées, rassemblées sous la forme d’un fagot qui laisse croire qu’il pourrait s’agir d’une cache d’outils : les silex auraient été placés dans une petite fosse.

  • Le Néolithique

Une occupation néolithique est attestée mais, certainement en raison de phénomènes d’érosion, les vestiges en sont rares. Les quelques structures néolithiques mises au jour (fosses et trous de poteau) sont localisées dans les secteurs 2 (partie sud) et 3, tandis que les autres secteurs n’ont livré que des silex épars en faible quantité. Les premières observations du mobilier laissent penser qu’il pourrait y avoir une différence chronologique entre les vestiges des deux secteurs : Néolithique ancien (BVSG) en secteur 3 et Néolithique moyen en secteur 2.

La Protohistoire

  • L’âge du Bronze final

Les vestiges de l’âge du Bronze se répartissent en trois pôles principaux. L’un, situé dans la partie sud du secteur 2 et dans le secteur 3, pourrait être interprété comme une nécropole. On n’y trouve quelques vases écrasés en place qui semblent en position fonctionnelle. Cette disposition et la typologie des céramiques incitent à y voir les restes d’urnes cinéraires. Une deuxième concentration, dans la moitié sud du secteur 7, pourrait correspondre à l’emplacement d’un habitat. Il comprend essentiellement quelques fosses et, sur quelques mètres carrés, un paléosol riche en céramiques. La troisième, au nord du secteur 2, ne compte que deux fosses polylobées. Tous ces vestiges ont subi une érosion importante.

  • Le premier âge du Fer

Seules quelques fosses localisées dans la partie nord du secteur 2, ainsi que d’autres peut-être dans le secteur 5, peuvent être datées du premier âge du Fer.

  • La fin du deuxième âge du Fer : La Tène finale

Les vestiges de La Tène finale sont présents dans quatre secteurs. Le mobilier céramique du second âge du Fer découvert dans les secteurs 1 et 2 présente un faciès homogène de La Tène D2. Il provient de quelques fosses et de fossés situés à l’extrême nord du secteur 2, tandis qu’il a été découvert dans des fosses et surtout dans des puits, non cuvelés, dans le secteur 1.

Il est vraisemblable qu’un certain nombre de fosses et de trous de poteau très arasés des secteurs 4 et 5 doit être rattaché à cette période. Seul le plan de plusieurs greniers est lisible.

L’Antiquité

L’époque romaine est largement représentée dans tous les secteurs de fouille. L’occupation antique doit être mise en relation avec la voie d’Agrippa, dite voie de l’Océan, qui reliait Lyon à Boulogne-sur-Mer en passant dans la région par Chalon, Autun, Auxerre et Sens. Cette voie doit se situer immédiatement en bordure est de l’emprise des secteurs 4 et 5 puisque l’on considère que la route N6 est implantée ici sur le tracé de l’itinéraire antique. Par cette voie, le site n’était distant que de 5-6 km de la ville romaine d’Auxerre – Autessiodurum.

  • Augustéen-IIe siècle ap. J.-C.

Les lieux sont exploités de deux manières : agricole et artisanale.

Des vestiges d’occupations agro-pastorales se répartissent dans le secteur 1, au nord du secteur 2 et dans les secteurs 4, 5 et 7.

Il s’agit, dans les secteurs 1 et 2, de fossés, de quelques fosses et de deux puits, l’un possédant un cuvelage en pierre et l’autre non. En secteur 7, des séries de trous de poteau permettent de restituer un ou deux bâtiments, construits de terre et de bois, probablement liés au travail agricole. Tandis que deux fossés encadrent un chemin menant aux constructions, d’autres fossés laissent percevoir l’organisation des parcelles. De la même manière en secteurs 4 et 5, le terrain est divisé par un grand nombre de fossés et par deux chemins, dont seuls les fossés bordiers sont conservés. Ces chemins doivent rejoindre plus l’est la voie d’Agrippa.

Plusieurs ateliers de terre cuite antiques ont été mis au jour dans le secteur 4 : trois ateliers de potier et une tuilerie. Si les vestiges conservés des premiers se limitent souvent aux fours et à quelques fosses, nous disposons en revanche de l’ensemble des structures de production des tuiliers romains. La répartition de ces structures rend compte de l’organisation du travail. Ainsi deux bassins quadrangulaires servaient à la préparation de la pâte argileuse, un grand bâtiment construit sur poteaux, une halle, servait au séchage et au stockage des tuiles et des briques après moulage, enfin deux fours assuraient la cuisson des productions.

L’extraction d’argile, pour les potiers et/ou les tuiliers, peut être à l’origine de grandes fosses localisées entre les ateliers. Un autre four de potier très arasé et isolé au sud du secteur 2 se rattache également au début du premier siècle d’après les quelques céramiques présentes dans son comblement.

Dans le secteur 4, quelques bâtiments maçonnés ont été découverts à proximité de la tuilerie. Leur fonction et leur datation restent à déterminer. La plupart de leurs matériaux de construction ont fait l’objet de récupération dans l’Antiquité. L’un d’entre eux au moins serait postérieur à la tuilerie puisque de nombreuses tuiles réemployées (issues de la tuilerie ?) sont utilisées dans la maçonnerie.

  • Fin IIIe – IVe siècle ap. J.-C.

Un grand nombre de vestiges de l’Antiquité tardive correspondant à une occupation agro-pastorale ont été mis au jour. Ils se répartissent très inégalement selon les secteurs.

Seules deux fosses contiguës, dont une grande fosse d’extraction, sont datées du IVe siècle dans le nord du secteur 2. De même datation, le secteur 7 a livré un grand bâtiment sur poteaux plantés, un fond de cabane et peut-être des fossés.

L’ensemble le plus riche se développe à l’extrémité nord du secteur 1 sur une surface rectangulaire de 4500 m² (environ 130 m de long pour 35 m de large) orientée sud-ouest/nord-est. À l’ouest, deux fossés parallèles bordent l’occupation.

Ce site est composé pour l’essentiel de structures en creux (fossés, fosses, trous de poteau, puits…) correspondant à une occupation dont la chronologie a été établie entre la fin du IIIe siècle et le IVe siècle. Si aucun niveau de sol n’a été conservé, plusieurs niveaux d’épandage de mobilier ont été identifiés. Une douzaine de puits ont pu être fouillés en intégralité. Profonds en moyenne de 2,50 m, ils sont pour la plupart pourvus d’un cuvelage en pierres sèches et pour quatre d’entre eux d’un cadre en bois sur le fond. Ils ont livré une quantité importante d’un mobilier varié (céramiques, tuiles, faune, verre, métal…) mais également des artefacts plus rarement conservés (objets en bois ou en cuir) ainsi que de nombreux restes végétaux (feuilles, branchages…). Plusieurs concentrations de trous de poteau permettent d’ors et déjà d’identifier au moins une palissade et deux bâtiments rectangulaires, construits en terre et bois et probablement couverts par des toitures en tuiles.

L’ensemble des vestiges dégagés parait correspondre à une occupation rurale bien structurée et délimitée dans l’espace. Les éléments mobiliers découverts (notamment la céramique et le mobilier métallique) correspondent à un secteur d’habitat mais illustrent également des activités agro-pastorales (sonnailles, outillage agricole, outils…). Deux dépôts monétaires de la fin du IIIe siècle ont également été mis au jour. La qualité du mobilier exhumé illustre un site au statut particulier.

Plus au sud, deux autres concentrations plus réduites de vestiges (trous de poteau, fosses et puits) sont localisées de part et d’autre des deux grands fossés qui longent le site tardo-antique nord. Leur chronologie est identique à ce site, fin IIIe-IVe siècle.

Des fossés, datés également de la fin IIIe et du IVe siècle se développent selon des orientations perpendiculaires dans la partie centrale et septentrionale du secteur 1. Certains d’entre eux forment un enclos approximativement carré d’une cinquantaine de mètre de côté, dans lequel se trouve un puits cuvelé en pierre attribué à la même période.

En l’état actuel des études, rien n’interdit de croire que la série de vestiges datés de la fin IIIe et du IVe siècle dans le secteur 1 faisait partie d’un même et vaste ensemble dont la nature précise reste à déterminer. La quantité et la qualité des objets métalliques ainsi que celles des amphores découvertes sur le site tardo-antique nord (beaucoup d’amphores Dr. 20, présence d’amphores africaines, etc.) surprend pour un site rural, même situé à quelques dizaines de mètre de la voie d’Agrippa. Le contexte local est peut-être à même de fournir une explication. La tradition place la résidence des parents de saint Germain d’Auxerre sur le territoire d’Appoigny, dans une boucle de l’Yonne, à quelques centaines de mètre au nord-est du hameau des Bries. Germain serait né à Appoigny ou à Auxerre vers 378 (mort à Ravenne en 448). Sachant que ses parents étaient des aristocrates et riches propriétaires fonciers, il est plausible que ce site constitue une dépendance de leur domaine.

Jérôme Grasso (responsable d’opération – Archeodunum), Fabrice Charlier (responsable d’opération – Archeodunum), Alexis Taylor (responsable de secteur – Paléotime) et Laetitia Fénéon (responsable de secteur – Paléotime)

Chantier à Sainte-Colombe (Rhône)

Ensemble des céramiques écrasées sur place (cliché Archeodunum)
Photographie aérienne du site (cliché Flore Giraud)
Sol de dalles de marbres (cliché Archeodunum)
Applique de meuble en bronze (cliché Archeodunum)

Sainte-Colombe – rue des petits Jardins (69).

La rive droite du Rhône est connue depuis le XIXe siècle pour sa sensibilité archéologique, notamment après la découverte de plusieurs mosaïques témoignant de la présence de la colonie romaine de Vienne (Vienna). L’aménagement par la mairie de Sainte-Colombe d’une voirie à l’emplacement des anciens jardins ouvriers, rue des Petits Jardins, a entraîné le déclenchement d’une fouille archéologique dont les résultats dépassent de loin nos espérances quant à la connaissance de ce secteur.

Le site est caractérisé par une terrasse naturelle située le long de l’ancienne Voie de Narbonnaise et surplombant le Rhône de près de 15 m. À partir du milieu du Ier siècle apr. J.-C., cette terrasse est englobée dans l’extension urbaine de la ville de Vienne. Elle est matérialisée par une voie nord-sud dotée d’un large collecteur et bordée de part et d’autre par des ilots mêlant habitat, artisanat et édifice public.

Une vaste domus (maison romaine) occupe l’îlot central (îlot B). Elle est caractérisée par une série de pièces richement décorées et organisées autour d’un péristyle situé hors de l’emprise de fouille. Au sein de l’aile méridionale, un vaste oecus (salle de banquet) a été reconnu. Il est doté d’un sol composé de dalles de marbres colorés dessinant des motifs géométriques complexes. Une pièce d’eau composée d’un bassin et d’une fontaine vient compléter le decorum (système décoratif) de cette vaste maison aristocratique qui devait se développer sur plus de 2000 m². En façade, des espaces sont dévolus à des activités artisanales, comme la blanchisserie (fullonica) ou la métallurgie.

L’îlot septentrional est quant à lui partagé entre une vaste maison organisée autour d’un grand jardin (40 m de côté), et un bâtiment dont la destination reste pour le moment hypothétique. Les pièces de l’aile orientale de cette domus sont décorées de mosaïques. Un portique matérialisé par des colonnes d’ordre corinthien et un vaste bassin/fontaine à trois branches encadrait le jardin de cette riche demeure. La parcelle sud comporte quant à elle plusieurs pièces dont certaines étaient dotées de mosaïques ou de chauffage par hypocauste.

L’occupation principale s’étale entre le milieu du Ier et la fin du IIIe siècle, où le quartier semble être abandonné. Au IVe siècle, une petite nécropole vient s’installer dans les ruines de la maison B. Les sépultures sont creusées dans les pièces d’apparat en ruine et devaient être organisées autour d’un lieu de culte, également aménagé dans les ruines de la maison.

Benjamin Clément

Découverte d’une église paléochrétienne à Aoste (Isère)

Plan des vestiges (DAO Archeodunum)
Poteau en bois et son calage (Cliché Archeodunum)
Vue aérienne de l’église (Cliché F. Giraud)

Découverte d’une église paléochrétienne à Aoste (Isère)

Les fouilles menées sur le site de la ZAC PIDA à Aoste ont été motivées par la découverte, lors de l’opération de diagnostic, de vestiges interprétés alors comme un probable bâtiment antique, associé à des inhumations plus tardives. L’accent était également mis sur la problématique des nombreux paléochenaux qui traversent le site de toute part. Il s’est avéré à la suite du décapage extensif du site qu’il s’agissait en réalité d’une probable église paléochrétienne, effectivement associée à une vingtaine de sépultures à inhumation, mais également à un habitat vraisemblablement contemporain, ou du moins en partie.

Une double enceinte fossoyée, délimitant une surface d’environ 2700 m², accueille outre l’église, plusieurs bâtiments d’habitation (au moins une dizaine) matérialisés par environ 300 trous de poteau, diverses fosses (une douzaine), et un puits. L’organisation de l’espace interne semble se dessiner par quart, avec dans le quart nord-est l’église et les sépultures, dans le quart sud-est, un espace vide dont la fonction n’est pas encore déterminée (place, zone potagère…), dans le quart sud-ouest un puits, des fosses d’extraction et dépotoirs, et probablement deux ou trois bâtiments (vocation agricole ? greniers ?), et dans le quart nord-ouest les bâtiments d’habitation.

Les murs de l’église ont très largement été récupérés à une période encore non définie, ce qui a notamment entrainé des perturbations sur les inhumations. Ces dernières prennent place à l’extérieur et à l’intérieur de l’édifice, elles sont orientées soit nord/sud (tête au nord) soit est/ouest (tête à l’ouest).

En dehors de l’enceinte, quelques greniers sur poteaux ont été mis au jour, ainsi qu’un bâtiment imposant (à l’angle sud-ouest de l’enceinte), qui a livré des poteaux en bois conservés de 0,80 m à 1 m de haut pour une largeur d’environ 0,40 m. On dénombre également quelques fossés et un probable fond de cabane.

Le mobilier archéologique très rare sur ce site, n’a pas permis au moment de la fouille de préciser la chronologie des différents vestiges. La majorité de la céramique rappelle néanmoins le début du haut Moyen-Âge. Une datation 14C a été réalisée sur un charbon provenant d’un des fossés de l’enclos et donne une fourchette comprise entre 560 et 650 apr. J.-C.

Les études étant actuellement en cours, de nombreuses questions restent encore en suspens, notamment concernant la date de sa création et sa durée d’occupation.

Ce site, qui pourrait s’apparenter à un enclos ecclésial, s’avère exceptionnel car il est très rare de pouvoir associer une église à un habitat clairement délimité.

Marie-Josée Ancel

Une agglomération celtique du IIe s. av. J.-C.

Après une première ouverture au public en septembre dernier, les exceptionnels vestiges de l’agglomération celtique découverte à Vufflens-la-Ville (à 12 km au NO de Lausanne), seront accessibles ce samedi 28 mai. Les fouilles seront visibles de 10h à 18h, avec présentation des objets découverts sur le site et démonstration de production de céramique (Ars Cretariae).

 télécharger le Flyer avec plan de localisation

Fouilles archéologiques de Ker Daniaud (île d’Yeu)

Pour la deuxième année consécutive, Audrey Blanchard (Archeodunum) conduit une fouille programmée sur le site de Ker Daniaud. Cet éperon barré surplombant la mer, sur la côte ouest de l’île d’Yeu (85), a été fréquenté au Néolithique récent (3800-2900 avant J.-C.).

Vue aérienne de la pointe de Ker Daniaud (2014 - cliché D.R.)

Vue aérienne de la pointe de Ker Daniaud (2014 – cliché D.R.)


Vue aérienne de la fouille (2014 - cliché A.-G. Gueguen)

Vue aérienne de la fouille (2014 – cliché A.-G. Gueguen)

À l’abri derrière un talus architecturé de 120 m de long se développe un village de 0,5 hectare. Une partie des vestiges de cette enceinte est encore visible sur le site avec la présence de pierres alignées en position verticale.

La fouille 2014 a porté sur une des entrées ménagées dans le talus. Cet accès à l’intérieur de l’enceinte est monumental et son étude a permis la mise en évidence d’au moins deux phases de transformation. Dans un premier temps, le talus mesure 2,50 m de largeur et est délimité par des murets de pierres sèches. Un accès est ménagé entre deux murets de pierres sèches, intégrant une architecture de bois (traces de calages de poteaux). Dans un deuxième temps, le talus est élargi d’un mètre du coté intérieur de l’enceinte  (par l’ajout de blocs verticaux) et la largeur du passage d’entré est réduite de 2,00 m à 1,50 m. Enfin un alignement circulaire de blocs massifs (plus d’un mètre de hauteur pour certains) est établi dans le prolongement de l’accès, à l’extérieur de l’enceinte.

Aucun niveau de sol associé à l’architecture n’a pu être exploré à l’intérieur de l’enceinte, ce en raison de la forte érosion de ce secteur méridional de la pointe. Néanmoins une carrière dévolue à l’extraction de moellons, en lien avec la construction du talus, a été repérée.

Bloc de silex venu du continent (cliché fouille de Ker

Bloc de silex venu du continent (cliché fouille de Ker Daniaud)


Lame de hache en pierre polie (cliché fouille de Ker Daniaud)

Lame de hache en pierre polie (cliché fouille de Ker Daniaud)

Le matériel archéologique est peu abondant. Il se compose essentiellement de pièces lithiques (silex) et d’un tesson de céramique. Ces productions semblent locales bien que quelques pièces témoignent d’échanges répétés avec le continent.

L’intervention 2015 porte sur une partie du talus et de l’espace habité. Il s’agit de préciser l’architecture de ce dernier et d’envisager les activités domestiques à l’intérieur de l’enceinte.

Ce programme de recherche est mené par le laboratoire LARA Nantes, l’Université de Nantes et Archeodunum. Cette opération archéologique est financée par le Ministère de la Culture et de la Communication et reçoit le soutien logistique de la municipalité de l’Île d’Yeu. Les fouilleurs sont tous des bénévoles, étudiants en archéologie.

Une journée portes ouvertes est programmée
le lundi 24 août de 9h à 12h et de 14h à 17h
(visites guidées toutes les 30 minutes)

Source:
Audrey Blanchard,
Archeodunum, chercheur associé UMR 6566 CReAAH et laboratoire LARA

Un four de tuilier en Dombes

Une fouille préventive conduite à Villars-les-Dombes (Ain) a permis de de mettre au jour et étudier un four de potier médiéval.
Un TimeLapse bluffant a été réalisé par Quentin Rochet (Archeodunum) et Flore Giraud, photographe.

Conception et réalisation : Flore Giraud, Quentin Rochet
Fouille du four de tuilier : Benjamin Clément, Jonathan Javelle et Quentin Rochet
Photographie, TimeLapse : Flore Giraud – www.floregiraud.fr
Modèle 3D : Quentin Rochet
Musique : Pix – To Begin Again

Fouille archéologique préventive menée à Villars-les-Dombes (01) en février 2015 par Archeodunum SAS sur prescription du Service Régionale de l’Archéologie Rhône Alpes – DRAC (aménageur : SEMCODA)

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