Archives de catégorie : Protohistoire

5000 ans d’histoire à Luyères

5000 ans d’histoire à Luyères

C’est au cours de l’été 2023 qu’une équipe d’Archeodunum est intervenue au cœur du village de Luyères (Aube). Il s’agissait d’explorer une surface de 15 000 m2, en préalable à la construction de nouveaux logements par la mairie. Durant quatre mois, Arthur Tramon et son équipe ont fouillé et documenté plus de 450 structures, datées d’une très large période allant du Néolithique au XVIIe s. Cette opération aura permis de découvrir un habitat palissadé de l’âge du Bronze final, encore inédit en Champagne, et de remonter aux origines médiévales du village de Luyères.

Fig.1 : Fosse de chasse Néolithique final. Le jalon mesure 2 mètres.
Fig. 2 : Plan des vestiges archéologiques (Fond © Google Earth).
Fig. 3 : Évocation d’un bâtiment du Bronze final (© Buchsenschutz et Audouze, 1989)

Au Néolithique, fosses de chasse et coquillages

Les vestiges les plus anciens du site de Luyères sont trois grandes fosses datées de la fin du Néolithique (2800-2500 av. J.-C.). Elles présentent une forme caractéristique dite « en Y », de près de 2,50 m de profondeur, avec une ouverture fortement évasée en surface et une partie basse verticale très étroite (40 cm de large) (fig.1). Si la fonction de ces grands aménagements fait encore débat au sein de la communauté scientifique, on pense qu’ils servaient de pièges de chasse. L’étude des coquilles de mollusques (la malacologie) retrouvées dans les comblements a permis de reconstituer un paysage densément boisé à cette époque : cela permet un peu plus d’imaginer l’utilisation de ces fosses pour la capture des animaux forestiers, notamment des grands herbivores sauvages tels que les cerfs ou les aurochs.

Fig. 4 : Applique de ceinture en alliage cuivreux (Bronze final). Diamètre 15 mm.
Fig.5 : Une archéologue dessine un silo de l’âge du Bronze. Le comblement sombre est bien visible.
Fig. 6 : Gobelet décoré (Bronze final).

Un village palissadé de l’âge du Bronze

Le site de Luyères est ensuite occupé par un habitat du Bronze final, entre 1400 et 800 av. J.-C. (fig. 2). Les archéologues ont reconnu plusieurs grands bâtiments de 25 à 50 m² (5 x 5 m à 5 x 10 m), construits sur 6 à 9 poteaux porteurs. On restitue des habitations à toiture de chaume à deux ou quatre pans (fig. 3). Découverte dans une de ces maisons, une applique de ceinture en bronze a permis de préciser la datation de l’habitat (fig. 4).

Deux des bâtiments se trouvent à l’intérieur d’une grande enceinte ovalaire de près de 7500 m² (fig.2). Son tracé prend la forme d’un fossé ayant accueilli une palissade et, probablement, des sections de murs en terre crue.

À l’extérieur de l’enceinte, on a trouvé plusieurs greniers sur 4 poteaux, ainsi que trois silos ayant servi au stockage enterré des récoltes (fig. 5). L’un d’eux a livré une très grande quantité de céramiques datées de la fin du Bronze final (fig. 6). L’habitat est accompagné de vastes fosses dites « polylobées », résultant de l’extraction des matériaux utilisés pour les maisons ou les céramiques.

Fig. 7 : Restitution d’un bâtiment semi-enterré (© Mémoires archéologiques de Seine-et-Marne n°3, 2009).
Fig. 8 : La base d’un mortier en pierre a été découverte dans un bâtiment.
Fig. 9 : Jeton de Nuremberg (fin xvie s.), trouvé dans un des bâtiments. Diamètre 2 cm.

Le village médiéval et moderne de Luyères

Deux millénaires plus tard, des vestiges datés du XIIIe s. ap. J.-C. (fig. 2) se rattachent à la partie sud du village médiéval de Luyères : treize bâtiments semi-enterrés et six caves, accompagnés de trois silos et de deux petits bâtiments sur poteaux, probablement des greniers surélevés (fig. 7). Certains bâtiments pourraient avoir des fonctions artisanales spécialisées, comme le tissage ou la mouture des grains (fig. 8).  La disposition et l’orientation des constructions, selon un axe ouest-est bien marqué, évoquent la présence de plusieurs rues, qui se raccordaient à l’origine à la rue principale du village de Luyères (rue Louis Doé / D8).

Enfin, à la fin du XVIe s. et au début du XVIIe s. (fig. 9), l’occupation de Luyères se décale vers l’est en direction du ruisseau de la Barbuise. 18 bâtiments semi-excavés ont été découverts. Plus grands qu’à la période précédente, ils sont dotés d’une marche d’angle (fig. 10). Leurs sols sont en craie damée. On trouve aussi une grande carrière d’extraction de matériaux de construction (grave de craie). Pas moins de 18 puits, maçonnés en partie supérieure (fig. 11), de 5 à 8 m de profondeur, ont livré des éléments de bois, dont quelques pièces d’architecture.

Fig. 10 : Bâtiment semi-excavé de la fin du xvie s.
Fig. 11 : Un des puits du site, maçonné en partie supérieure.

Et après ?

À l’issue du chantier, la mairie de Luyères a repris possession du terrain pour la suite de son projet d’aménagement. Côté archéologie, nos experts étudieront l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.) afin de comprendre au mieux l’articulation de toutes ces périodes sur le secteur de Luyères au cours du temps. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

Opération d’archéologie préventive conduite en été 2023 sur la commune de Luyères, au lieu-dit « Le Village », en amont d’un projet de lotissement porté par la mairie de Luyères.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie Grand Est.

Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Luyères

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsables : Arthur Tramon)

Équipe de terrain

  • Arthur TRAMON  (RO)*
  • Laura CARBONE*
  • Guillaume LEPINE*
  • Pierre CARGOUET
  • Gillian FILIZ*
  • Kevin DIXON
  • Chloé PAVEGLIO
  • Annelise JUILLARD LEBOUVIER 
  • Adrien POUMIRAU
  • Sébastien LARATTE*
    * Terrain et Post-Fouille

Équipe de post-fouille

  • Katinka ZIPPER
  • Jonathan SIMON
  • Quentin ROCHET
  • Clément CHAVOT
  • Clément TOURNIER
  • Émilie MERVEILLEUX
  • Julien COLLOMBET
  • Geoffrey LEBLE
  • Sylvain FOUCRAS

Clermont-Ferrand, Les Vergnes : Premiers résultats de la fouille archéologique

Clermont-Ferrand, Les Vergnes

Premiers résultats de la fouille archéologique

C’est à la vaste opération de renouvellement urbain du quartier des Vergnes que l’on doit la réalisation d’une fouille archéologique sur près de 2 hectares aux abords du stade Gabriel-Montpied. Pour l’heure, si les indices récoltés par les archéologues révèlent quatre périodes d’occupation datées entre la Protohistoire et l’Époque moderne, la majorité des 700 structures repérées se rattachent à une occupation rurale du début du premier âge du Fer, entre 800 et 650 avant notre ère (fig. 1).

Vue aérienne du site archéologique
Fig. 1 - Plan masse du site
Fig. 2 - Sépulture à inhumation.

De sépultures vieilles de 4000 ans

Les vestiges les plus anciens sont trois sépultures à inhumation (fig. 2), qui dateraient de la fin du Néolithique ou du début de l’âge du Bronze (début du IIe millénaire avant notre ère). Cette attribution chronologique repose sur la disposition particulière des défunts, inhumés en position foetale, ainsi que sur des comparaisons avec des découvertes locales du même type. Des datations radicoarbones permettront de le vérifier.

Un vaste habitat du premier âge du Fer

C’est un peu plus de mille ans plus tard, entre 800 et 650 avant notre ère (début du premier âge du Fer), que le site est à nouveau occupé, pendant au moins un siècle et demi. Un vaste habitat s’y développe, dont il ne reste que les aménagements fossoyés.

Ces derniers correspondent à plusieurs types vestiges : des trous de poteau en bois dessinant des plans de bâtiments d’habitation ou de stockage construits en terre et en bois (fig. 3) ; des foyers pour la cuisson des aliments (fig. 4) ; des puits et de nombreuses fosses aux fonctions diverses (silo, cave, extraction d’argile, etc.) (fig. 5). Plusieurs de ces structures ont été  reconverties en dépotoirs pour les déchets domestiques (tessons de vases brisés, ossements d’animaux, éléments de mouture, etc.). Cette occupation se distingue par la découverte de plus d’une dizaine de vases exceptionnellement conservés (fig. 6). On distingue deux usages : des vases de stockage enterrés, pour la conservation des denrées, et des vases au fond ou aux parois perforés, réutilisés comme cuvelages de petits puits.

Fig. 3 - Plan d'un bâtiment sur poteaux porteurs édifié au-dessus d'une cave abritant un puits et un silo
Fig. 4 - Foyer à pierres chauffées.
Fig. 5 - Grande fosse "polylobée" en cours de fouille.

La périphérie d’une ferme gauloise ?

Après plusieurs siècles d’abandon, le site est de nouveau occupé à la fin du ier millénaire avant notre ère (second âge du Fer). Deux fossés dessinent l’angle d’un enclos qui se poursuit en dehors de l’emprise de fouille. Cet aménagement, qui livre du mobilier de la deuxième moitié du Ier siècle avant notre ère, pourrait appartenir à une ferme se développant entre la fin de la période gauloise et le début de la période romaine.

Le domaine des « Petites Vergnes »

Il faut attendre la fin de l’Époque moderne, entre le XVIIIe et le XIXe siècle de notre ère, pour retrouver des traces d’une occupation pérenne. Le site est alors traversé par des fossés
parcellaires et des chemins à proximité de la ferme des « Petites Vergnes », un petit domaine agricole dont la partie bâtie se développait à quelques mètres au nord de l’emprise de fouille (fig. 7).

Fig. 6 - Vase au fond d'un puits
Fig. 7 - Vue aérienne des maçonneries de la cour sud du domaine des "Petites Vergnes".
Fig. 8 - Dégagement d'un vase réemployé comme cuvelage de puits.

Et après ?

À l’issue de la fouille, en mai 2025, le patrimoine archéologique aura été sauvegardé, et le réaménagement du quartier se poursuivra. Côté archéologie, les investigations se poursuivront en laboratoire durant deux ans. Les résultats seront rassemblés dans un copieux rapport, remis à l’État avec l’ensemble de la documentation et des objets collectés sur le site.

Opération d’archéologie préventive conduite de novembre 2024 à mai 2025 sur la commune de Clermont-Ferrand, dans le cadre du renouvellement urbain du quartier des Vergnes.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : SPL Clermont Auvergne

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Amaury Collet)

Retrouvez la notice complète du site

Fleurs peintes et feuilles sculptées : Histoire et décors d’une maison du Vieux Lyon

Fleurs peintes et feuilles sculptées

Histoire et décors d’une maison du Vieux Lyon

Le quartier lyonnais du Vieux Lyon porte bien son nom, grâce aux nombreuses maisons  qui contiennent encore des vestiges de l’époque médiévale. Le Service régional de l’archéologie est donc particulièrement attentif à ce secteur et prescrit des études archéologiques lors de chantiers de restauration. C’est ainsi le cas de l’immeuble situé au n°6 de la rue Lainerie, dans le quartier Saint-Paul, qui a été examiné par des spécialistes d’Archeodunum. Avec de nouvelles datations et des découvertes de décors peints, les résultats sont substantiels.

Fig.1 : Plan scénographique de Lyon vers 1550, quartier Saint-Paul, où se trouve la maison de la rue Lainerie, anciennement rue Boucherie-Saint-Paul (©Archives de Lyon).
Fig. 2 : Relevé numérique de l’élévation (Archeodunum) et plan du rez-de-chaussée (©BY Architectes)
Fig. 3 : Réalisation d’un sondage dans l’enduit et enregistrement des données sur tablette

Un plan typique des maisons lyonnaises de la fin du Moyen Âge

La maison, étroite, mesure 8,30 m en façade et s’enfonce dans l’îlot sur 19,60 m de long (fig. 1 et 2). Elle se compose de trois corps de bâtiment agencés autour d’une cour centrale. En élévation, elle se développe sur quatre étages au-dessus des caves et du rez-de-chaussée. Un escalier en vis et des galeries voûtées d’ogives desservent les salles des différents étages.

Après 1462 : des éléments de datation grâce à la dendrochronologie

L’étude archéologique a porté conjointement sur les murs (fig. 3) et sur les planchers de la maison. Des datations dendrochronologiques ont été réalisées sur une sélection de pièces de bois (fig. 4). Il en ressort que les épicéas utilisés pour les planchers de la maison ont été abattus au plus tôt en 1462 : le chantier de construction s’est donc déroulé vers la fin du xve siècle.

Fig. 4 : Grâce à des prélèvements dans les bois, le laboratoire C.E.D.R.E peut procéder à des analyses dendrochronologiques.
Fig. 5 : Culot sculpté avec motif végétal et escargot

Des décors sculptés

La galerie de la maison relie l’escalier en vis et le bâtiment ouest. Elle est couverte par des voûtes d’ogives qui, au 1er et au 2e étage, retombent sur des culots sculptés. Ces derniers arborent des motifs végétaux, dans lesquels se trouvent des escargots (fig. 5).

Des plafonds joliment fleuris

L’étude des bois nous renseigne également sur les décors de la maison. Côté rue, deux salles se distinguent par leur plafond peint. Celui du 1er étage arbore des fleurons qui présentent trois motifs, disposés selon une alternance régulière et scandés par des rinceaux végétaux en sousface des solives (fig. 6). Il semble avoir été fait au pochoir ou à l’aide d’un poncif. Au 2e étage, le plafond, peint à la main, est orné d’un damier composé de deux types de fleur : une à pétales fins (marguerite ?) et une à larges pétales (oeillet ou rose ?) (fig. 7).

Fig. 6 : Décor peint de fleurs en damier sur un plafond
Fig. 7 : Décor peint de fleuron sur un plafond, avec relevé superposé.

Des murs du Moyen Âge central, antérieurs à la maison

Dans les deux longs murs nord et sud, les archéologues ont identifié des maçonneries antérieures à la maison de la fin du Moyen Âge. Faites de moellons de granite liés par un mortier grossier,elles se distinguent des murs plus récents, dont l’appareil est constitué de matériaux calcaires liés par un mortier sableux. Par la méthode du carbone 14, on a pu dater ces mortiers anciens entre 1044 et 1220. La maison a donc été construite entre deux murs préexistants du parcellaire médiéval.

Une maison remaniée par ses occupants

Les murs de la maison conservent aussi les traces de remaniements postérieurs, qui indiquent que la maison a évolué selon les besoins de ses occupants. Dans le bâtiment ouest, au 2e étage, on trouve par exemple les traces de deux cheminées successives (fig. 8). Les pierres en ont été démontées au cours de l’actuel chantier de restauration, faute d’intérêt dans le nouveau projet hôtelier. D’autres modifications de ce type ont été réalisées lors du chantier : ajout ou suppression de baies, reprise des planchers. Cette maison du Vieux Lyon n’a pas fini de se transformer !

Fig. 8 : Mur du 2e étage. On y distingue l’arc en briques d’une première cheminée, ensuite remplacée par une cheminée plus étroite encadrée par des piédroits en pierres dorée moulurées.
Fig. 9 : Étude d’une planche de plafond ornée de fleurons.

Opération d’archéologie préventive conduite de janvier à mai 2023 sur la commune de Lyon 5e, en préalable à la réhabilitation de l’immeuble situé au n°6 rue Lainerie

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : SCI Résidence Saint Paul / SA Celtic Hotel

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsables : Camille Collomb)

Équipe de terrain

  • Camille Collomb (RO)*
  • Alice Borel
  • Laura Darmon
  • Jessy Crochat
  • Émilien Bouticourt
  • Guilhem Turgis
  • Nawelle Trad
    * Terrain et Post-Fouille

Équipe de post-fouille

  • Jean-Baptiste Kowalski

Il était une fois dans le Sud-Ouest : A69, archéologie à Cambon-Lès-Lavaur

Il était une fois dans le Sud-Ouest

A69, archéologie à Cambon-Lès-Lavaur

 

Silos enterrés médiévaux, bâtiments gallo-romains et fossés gaulois : c’est toute une diversité de vestiges qu’une fouille archéologique menée par Archeodunum à Cambon-Lès-Lavaur (31) a permis de dégager (fig. 1). Ces découvertes nous renseignent sur près de 1500 ans de pratiques agricoles anciennes et, plus largement, sur la vie dans la vallée du Girou.

Fig 1 : Batterie de silos enterrés du Moyen âge, apparaissant sous la forme de taches circulaires sombres.
Fig. 2 : Plan général des vestiges.

Avant la route, l’archéologie

L’opération a pris place dans le contexte du projet autoroutier reliant Toulouse à Castres. Le tracé se développe sur 53 km, le long de la vallée du Girou. Les diagnostics archéologiques menés par l’INRAP en 2023 ont couvert une surface d’environ 350 hectares pour la totalité du tracé autoroutier. À Cambon-Lès-Lavaur, la détection de structures des périodes antique et médiévale a motivé la prescription de fouilles par le Service régional de l’archéologie d’Occitanie.

L’opération « En Bardès 1 » a été réalisée par treize archéologues d’Archeodunum.
Plus de 350 vestiges ont été fouillés sur près de deux hectares (fig. 2 et 3). La partie orientale, constamment inondée par la nappe phréatique, n’a pas pu être explorée.

Fig 3 : Au démarrage de la fouille, on retire la terre végétale à l’aide de pelles mécaniques.
Fig. 4 : Le puits a été fouillé selon un protocole spécifique.

Un enclos gaulois ?

L’occupation la plus ancienne identifiée par Anaïs Daumont-Marx et son équipe date probablement de la fin de la période gauloise (Ier siècle av. J.-C.). Il s’agit de puissants fossés dessinant trois côtés d’un vaste enclos, occupant au moins 5 000 m2. Dans un second temps, ces ouvrages ont été comblés et semblent avoir été remplacés par une palissade. Bien qu’aucun élément archéologique en lien avec l’enclos n’ait été reconnu (par exemple des bâtiments), il s’agit probablement des limites d’une ferme, dont on connaît de nombreux exemples par ailleurs. Cette hypothèse est également alimentée par la nature de l’occupation suivante.

Un établissement rural antique

Les vestiges de l’époque antique (Ier-IVe siècle ap. J.-C.) sont plus évocateurs. Plusieurs  bâtiments se répartissent à l’intérieur ou à proximité de l’ancien enclos gaulois, dont ils conservent l’orientation. Les plans variés (pièces en enfilade, pièce semi-circulaire) traduisent  sans doute des fonctions spécifiques. D’autres aménagements, tels qu’un bassin ou un puits  (fig. 4), complètent le tableau. Des matériaux de construction et des objets donnent l’image d’un établissement au statut aisé (fig. 5) : restes de mosaïques polychromes, fragments de marbre, bijoux en bronze, lampes à huile décorées, monnaies, etc. Il s’agit probablement d’une partie d’un domaine rural, sans exclure l’hypothèse d’un relais routier en lien avec d’anciens axes de communication.

Fig. 5 : a. Monnaie romaine en argent à l’effigie de l’empereur Auguste ; b. Fusaïole en terre cuite. Ces disques taillés dans des tessons de poterie sont fixés sur un fuseau pour le filage ; c. Tesselles de mosaïque (Antiquité) ; d. Perle côtelée en pâte de verre (Antiquité) ; e. Fragment de placage en marbre (Antiquité).
Fig. 6 : Silo médiéval. Sa coupe met en évidence son profil et ses dimensions.

Et des aires d’ensilage médiévales

Pour la période médiévale (XIe–XIIIe siècle, à confirmer), ce sont près de 180 silos qui ont été mis au jour, répartis en plusieurs groupes (fig. 1 et 6). De diverses formes (tronconiques, globulaires, piriformes, triangulaires, etc.), ces structures destinées au stockage des céréales sont creusées dans le terrain naturel. Elles ont livré un mobilier abondant et diversifié  (céramique, faune, torchis brûlé, couteaux, meules…). Un silo a même servi de sépulture pour un jeune adolescent (fig. 7).

Fig. 7 : Un silo a servi de tombe pour un adolescent.
Fig. 8 : Vue générale du chantier de fouille.

Et après ?

Le terrain a été rendu à l’aménageur pour la suite des travaux. Côté archéologie, nos spécialistes ont deux ans pour analyser les données recueillies sur le terrain. Les résultats seront compilés dans un copieux rapport, qui sera remis au Service régional de l’archéologie, puis examiné par des experts mandatés par le ministère de la Culture

Opération d’archéologie préventive conduite au printemps 2024 sur la commune de Cambon-Lès-Lavaur au lieu-dit « En Bardès », en préalable à la création de la liaison autoroutière 2×2 voies entre Verfeil et Castres.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Occitanie

Maîtrise d’ouvrage : Atosca

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsables : Anaïs Daumont-Marx)

Équipe de terrain

  • Anaïs DAUMONT-MARX* (RO)
  • Julien COLLOMBET* (RA)
  • Nicolas DUTHOIT* (RS)
  • Noé THEVENOT (RS)
  • Simon PEUCH*
  • Morgane AGLIARDI
  • Florian BALESTRO
  • Manon BERNARD*
  • Bruno BOSC-ZANARDO
  • Lisa BROCCO
  • Elisa CAMBIEN*
  • Arthur GAULTIER*
  • Lucile GUIZARD
  • Célia LOMBERA*
  • Léa LAUNOY*
  • Marine PATELOUT*
  • Léa PERLES
  • Gaël POTTIER*
  • Eva ROHFRITSCH
  • Virginie JOLLY*
    * Terrain et Post-Fouille
  • Jordan LATOURNERIE (Ass. Archéologie Des Puits)
  • Vincent LAURAS (Ass. Archéologie Des Puits)

Équipe de post-fouille

  • Gaëlle MEYNIEUX
  • Marianne ALASCIA MORADO
  • Moussab ALBESSO
  • Rafaëlle ALGOUT
  • Marie-José ANCEL
  • Géraldine CAMAGNE
  • Alexandra CAYRE
  • Clément CHAVOT
  • Camille COLLOMB
  • Aurélie DUCREUX,
  • Priscille DHESSE
  • Loïc GAUDIN
  • Magali GARY
  • Geoffrey LEBLE
  • Alexandre POLINSKY

Traces du Néolithique et des âges des métaux à Algans

Traces du Néolithique et des âges
des métaux à Algans

Archéologie sur la future autoroute A69

 

L’archéologie avant l’autoroute

L’opération d’Algans « Le Riat » a pris place dans le contexte du projet autoroutier reliant Toulouse à Castres. Le tracé se développe sur 53 km, le long de la vallée du Girou, et traverse trois communes de la Haute-Garonne et 17 communes du Tarn. En 2023, l’ensemble du tracé autoroutier a fait l’objet de diagnostics archéologiques, par le biais de tranchées creusées sur 10% d’un terrain d’une superficie d’environ 350 hectares (fig. 1).

Au lieu-dit « Le Riat » à Algans, des anomalies ont été interprétées comme des fosses et des trous de poteau, alors qu’une « nappe » (strate de sédiments) comprenant de nombreux objets, tessons de céramique et outillage en silex, a été attribuée au Néolithique. Ce sont ces vestiges qui ont motivé la prescription d’une fouille archéologique, réalisée par Archeodunum au printemps 2024, avec une équipe comprenant jusqu’à onze personnes (fig. 2). L’emprise explorée, sur une surface de 2,3 hectares, occupe le versant méridional d’un petit plateau formant un point haut dans le paysage

Fig. 1 : Les tranchées de diagnostic révèlent le tracé routier dans le secteur d’Algans. En rouge, la fouille d’Algans « Le Riat » (fond : © Google Earth).

Des structures archéologiques… ou pas

Environ 150 anomalies et plusieurs fossés ont été identifiés sur le terrain. La fouille a montré que la plupart de ces anomalies sont des dépressions naturelles, remplies par des colluvions venant du haut du plateau. Ces phénomènes ont pu déplacer et « piéger » du mobilier archéologique. C’est notamment le cas pour la nappe de mobilier repérée lors du diagnostic, et alors supposée être un sol ancien. En réalité, cette couche contenait un assemblage disparate
d’objets de plusieurs époques – néolithique, protohistorique, antique et moderne – comprenant entre autre de la céramique, du verre et du métal.

Fig. 2 : Le terrassement initial se fait sous la surveillance d’un archéologue.
Fig. 3 : Foyer (1) circulaires vieux de près de 5000 ans.

Des foyers vieux de près de 5000 ans

Deux structures de combustion ont été identifiées sur les parcelles fouillées. Il s’agit de foyers, installés dans des fosses plus ou moins circulaires soigneusement tapissées de couches de pierres, et destinés à la cuisson des aliments (fig. 3 et 4). L’un des deux montre une utilisation sur un temps long, avec plusieurs niveaux superposés de combustion. Grâce à des analyses radiocarbones, ces foyers ont pu être datés du début du IIIe millénaire (entre 2900 et 2600 avant notre ère), durant la période dite du Néolithique final. Le mobilier est rare et comprend de la céramique et du silex.

Quelques structures protohistoriques

Plusieurs vestiges ont livré du mobilier (céramique) et des charbons datés de la protohistoire. Un grand fossé orienté nordouest/sud-est (secteur 2) ainsi qu’une fosse recoupant un foyer néolithique (secteur 1) sont datés de la transition entre l’âge du Bronze final et le premier âge du Fer, entre 1000 et 800 avant notre ère. Un bâtiment sur poteaux est daté un peu plus  tardivement, entre 750 et 400 avant notre ère (fig. 5).

Fig. 4 : Foyer (2) circulaires vieux de près de 5000 ans.
Fig. 5 : Quatre petites fosses (ultimes traces des poteaux) dessinent le plan d’un bâtiment de l’âge du Fer, d’environ 2,40 x 2,15 m.

Traces agraires récentes

En comparant le plan des vestiges avec des photos aériennes, on peut reconnaître des traces d’aménagements récents liés à l’agriculture (fosses de plantation d’arbres ou fossés parcellaires), disparus il y a quelques dizaines d’années (fig. 6).

Et après ?

Le terrain a été rendu à l’aménageur pour la suite des travaux. Côté archéologie, nos spécialistes vont analyser les données recueillies sur le terrain. Les résultats seront compilés dans un rapport final d’opération, qui sera remis au Service régional de l’archéologie, puis examiné par des experts mandatés par le ministère de la Culture.

Fig. 6 : Une probable fosse de plantation.
Fig. 7 : Vue générale de la fouille archéologique.

Opération d’archéologie préventive conduite au printemps 2024 sur la commune d’Algans au lieu-dit « Le Riat », en préalable à la création de la liaison autoroutière 2×2 voies entre Verfeil et Castres.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Occitanie

Maîtrise d’ouvrage : Atosca

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsables : Bruno Bosc-Zanardo)

Équipe de terrain

  • Brno Bosc-Zanardo* (RO)
  • Wilfried Labarthe* (RA)
  • Amandine Réaud (RS)
  • Marine Patelout* (RS)
  • Morgane Agliardi
  • Florian Balestro
  • Arthur Gaultier*
  • Lucile Guizard
  • Léa Launoy*
  • Éva Nony-Rohfritsch
  • Benjamin Carrère (stagiaire)
    * Terrain et Post-Fouille
équipe de fouille (partielle, une partie de l'effectif étant alors partie en renfort sur le chantier de Cambon-les-lavaur)

Équipe de post-fouille

  • Rafaëlle Algoud
  • Géraldine Camagne
  • Lucile Guizard
  • Geoffrey Leblé
  • Amandine Réaud
  • Gaultier Tavernier

Archéologie à Bègues, un village multiséculaire

Archéologie à Bègues, un village multiséculaire

De l’architecture de bois aux murs en pierre

À l’automne 2022, une fouille archéologique s’est déroulée en périphérie du bourg de Bègues, en amont de la construction de maisons individuelles. L’opération a été réalisée par Archeodunum et le SAPDA (Service d’Archéologie Préventive du Département de l’Allier – CD03). Dans des conditions souvent brumeuses ou neigeuses, les archéologues ont découvert de nombreux vestiges témoignant du passé du village, depuis l’époque gauloise jusqu’au Moyen Âge (fig. 1 et 2).

 

Fig.1 : La brume et la neige ont souvent accompagné les archéologues.
Fig. 2 : Plan simplifié des vestiges.

Un village gaulois plus ancien qu’attendu

D’abord place forte gauloise (oppidum) puis agglomération gallo-romaine, le site de Bègues est connu de longue date et fait l’objet de nombreuses recherches. Pour autant, c’est la première fois qu’une fouille préventive est mise en oeuvre sur ce plateau qui domine les gorges de la Sioule (fig. 3).

Si aucun vestige du rempart de l’oppidum n’a été identifié, de nombreuses structures permettent de confirmer l’extension du village dans ce secteur du site. Des trous de poteau et vestiges de fondation témoignent de la présence de bâtiments en bois. En périphérie, des fosses-dépotoirs, un puits et un four de potier (fig. 4) nous renseignent sur les activités domestiques et artisanales pratiquées à la fin de la période gauloise (Ier s. av. J.-C.).

Fait remarquable, deux silos enterrés – initialement destinés au stockage des récoltes – ont livré de nombreux objets datés du IIIe s. av. J.-C. : c’est une période jusque-là inédite sur le site, ce qui permet d’envisager la naissance d’un habitat groupé antérieur à la création de l’oppidum.

Fig. 3 : Dégagement d’une fosse d’extraction, d’une cave et d’un four de potier. Les vestiges se distinguent très nettement sur le substrat rocheux.
Fig. 4 : Four de potier gaulois (ier s. av. J.-C.).

Un secteur périphérique de l’agglomération gallo-romaine

Durant l’Antiquité, l’occupation semble se rétracter sur cette partie du plateau. Peu nombreux, les vestiges gallo-romains ne correspondent pas à l’organisation structurée d’un habitat groupé. Un ancien chemin et deux petites carrières d’extraction de calcaire suggèrent que nous nous  situons en périphérie immédiate du village. Une cave (fig. 5), des fosses-dépotoirs et des trous de poteau de bâtiments matérialisent néanmoins quelques installations pérennes durant les Ier et IIe s. ap. J.-C.

Des souterrains taillés dans le rocher

Dans une zone particulièrement remaniée au fil du temps, Jérôme Besson et son équipe ont découvert un bâtiment semi-excavé gallo-romain, qui donnait accès à deux salles souterraines circulaires creusées dans un banc de calcaire particulièrement dur (fig. 6). D’une hauteur sous plafond de 1,50 m environ, ces deux salles communiquent par le biais d’un resserrement faisant office de porte. Tout porte à croire qu’il s’agit d’espaces destinés au stockage (fig. 7). Durant le haut Moyen Âge (VIIe – Xe siècles ap. J.-C.), le bâtiment est remanié et l’accès des caves souterraines est muré. Plus tard, une seconde entrée sera aménagée au nord au moyen d’un couloir à ciel ouvert taillé dans le calcaire. Cette modification d’accès fait supposer une utilisation de ces espaces souterrains sur un temps relativement long.

Fig. 5 : Dans une cave gallo-romaine, découverte d’un col d’amphore (ier s. ap. J.-C.).
Fig. 6 : Fouille au niveau de l’accès initial des galeries souterraines.

Des bâtiments médiévaux

Par la suite, ces caves sont abandonnées et la seconde entrée est bouchée. Deux bâtiments en pierre (fig. 8) sont construits durant le Moyen Âge (XIIIe – XIVe siècles). Ils disposent de pièces dallées et d’une cheminée. À proximité, plusieurs silos témoignent du maintien d’une activité de stockage.

Un riche patrimoine archéologique

Ces découvertes montrent une fois de plus la richesse du patrimoine archéologique de Bègues. Malgré une surface de fouille relativement restreinte (environ 1 500 m2), les différentes observations permettent d’esquisser l’évolution de l’extension du village au fil du temps, de périodes encore méconnues sur le site (début de la période gauloise) jusqu’au Moyen Âge.

Fig. 7 : Intérieur de l’une des salles souterraines. La morphologie de ces espaces a été documentée à l’aide de relevés laser.
Fig. 8 : Vue du bâti médiéval qui surmonte les anciennes galeries souterraines.

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2022 dans le bourg de Bègues (Allier), en préalable à la construction de logements.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : Particulier

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Jérôme Besson) et Service d’Archéologie Préventive du Département de l’Allier.

Équipe de terrain

  • BESSON Jérôme* (RO)
  • LORPHELIN Auriane* (RA)
  • DIXON Kevin* (RA, SAPDA – CD03)
  • MARTIN Mathilde
  • CARBONE Antony
  • VALLEE Laurent
  • FLEURY Lara (SAPDA – CD03)
  • FAVART Claire (SAPDA – CD03)
  • BESSON Loriane* (SAPDA – CD03)
  • LABALME Maud* (SAPDA – CD03)
  • HEITZMANN Samantha (SAPDA – CD03)
  • GUILLAUD Lucas
  • KOWALSKI Jean-Baptiste (SAPDA – CD03)
  • CROCHAT Jessy (acquisition 3D)
    * Terrain et Post-Fouille

Équipe de post-fouille

  • LALLEMAND David (SAPDA – CD03)
  • LEPINE Guillaume
  • DUCREUX Aurélie
  • LEBLE Geoffrey
  • COLLOMB Camille
  • COLLOMBET Julien
  • FLOTTES Laurie
  • POLINSKI Alexandre
  • ALASCIA MORADO Marianne
  • CHAVOT Clément
  • CAMAGNE Géraldine
  • GILLES Amaury
  • PIGERON Olivier (Groupe Spéléologique Auvergnat)
  • CARAIRE Gabriel (Analyse Géophysique Conseil)

Archeodunum est dans Mission Archéo !

Archeodunum est dans Mission Archéo !

C’est avec un vif plaisir qu’Archeodunum relaie la mise en ligne de l’épisode 7 de Mission Archéo, la web-série sur l’archéologie réalisée par Passé Sauvage. Ce dernier épisode de la saison 1 nous immerge dans un très vaste chantier d’archéologie préventive dirigée par Audrey Blanchard, notre spécialiste du Néolithique venue de notre agence nantaise.

À Nort-sur-Erdre (44), c’est le contournement routier en cours de construction au nord de la ville qui a motivé l’exploration archéologique de 15 hectare. Une surface très conséquente, qui a permis de découvrir des habitats protohistoriques et des occupations romaines et médiévales.

La série Mission Archéo aborde l’archéologie de manière sensible, malicieuse et esthétique. Ici, le film s’ouvre sur une visite des lieux comme si on était à bord d’une sonde spatiale – avec une empreinte de pas qui rappelle celle des premiers hommes sur la Lune. Et, en fin de film, Audrey Blanchard évoque ce que représente pour elle le fait de repasser par des endroits où elle a fouillé, transformés depuis lors par l’aménagement du territoire : nulle nostalgie, mais des souvenirs de belles aventures scientifiques et humaines.

À noter que c’est la première fois que Mission Archéo a pour sujet une opération d’archéologie préventive. Et ce n’est pas la dernière, puisque la saison 2, qui démarrera ce printemps, s’ouvrira par un épisode consacré à une autre aventure d’Archeodunum, au cœur du musée Rolin d’Autun (71).

AFEAF 2023

Colloque sur la guerre à l’âge du Fer

La Guerre et son cortège

47e Colloque international de l’Association Française pour l’Etude de l’Âge du Fer

AFEAF 2023

Cette année, Archeodunum est partenaire du 47e colloque de l’AFEAF qui aura lieu à Lausanne (Vaud, Suisse) du 18 au 20 mai 2023 sur le thème de la guerre.

De multiples communications seront proposées sur les trois jours avec, parmi celles-ci, des présentations de Sylvie Barrier, Matthieu Demierre et Romain Guichon.

Retrouvez le programme détaillé

Nort_fouille

Plus de 4000 ans d’histoire sur les bords de l’Erdre

Plus de 4000 ans d’histoire sur les bords de l’Erdre

Archéologie sur la “déviation nord” de Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique)

Une équipe d’une douzaine d’archéologues a procédé à une vaste fouille archéologique sur la commune de Nort-sur-Erdre tout au long de l’année 2022. Cette opération a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologie. Elle était motivée par la création, par le Département de Loire-Atlantique, d’un axe routier contournant le centre de la ville. Sur près de 15 hectares, les archéologues d’Archeodunum ont mis au jour des vestiges datés de l’âge du Bronze, de l’Antiquité et du Moyen-âge, dont des aménagements de berge le long de l’Erdre.

 

Vue aérienne du site de « La Pancarte » (© Anthony Béranger)
Vue aérienne du site de « La Pancarte » (© Anthony Béranger)
Plan général de l’intervention archéologique
Plan général de l’intervention archéologique

Une vaste surface à explorer aux abord de l’Erdre

Sous la direction d’Audrey Blanchard, l’équipe a travaillé par étapes entre février et novembre 2022. On distingue les lieux-dits dits « Saint-Yves » (ouest), « L’Onglée » (centre) et « La Pancarte » (est). Les archéologues ont mis au jour plus de 3 000 aménagements. Ces vestiges appartiennent à plusieurs phases chronologiques : âge du Bronze ancien, âge du Bronze final, Moyen-âge et Antiquité.

Archéologues au travail
Archéologues au travail
Archéologues au travail (© Anthony Béranger)
Archéologues au travail (© Anthony Béranger)

Sur les plateaux, deux habitats de l’âge du Bronze

Sur les plateaux situés de part et d’autre de l’Erdre, deux occupations humaines de l’âge du Bronze ont été décelées. À l’ouest, sur le site de « Saint-Yves », la fouille a révélé de nombreuses fosses d’ancrage de poteau. Plusieurs alignements permettent de restituer des plans de bâtiments, tous à ossature de bois ancrée dans le sol et dont les parois sont réalisées en matériaux périssables (clayonnage et torchis). Les archéologues ont reconnu des petits greniers à quatre poteaux ou des bâtiments de superficie plus imposante. Des fosses jouxtent ces constructions. Certaines, dites « polylobées » en raison de leur forme complexe, contenaient de nombreux fragments de céramique attribuables à l’âge du Bronze final (1350-800 av. n. è.).

À l’est, sur le site de « La Pancarte », les creusements sont plus arasés, mais permettent également de restituer des plans de bâtiment. Le mobilier céramique, rare, renvoie à une phase plus ancienne : âge du Bonze ancien à moyen (2000-1350 av. n. è). Un fossé circulaire de 10 m de diamètre environ pourrait quant à lui indiquer l’existence d’une architecture funéraire au sud de l’habitat.

Près de la rivière, un enclos gallo-romain

Sur le site de « L’Onglée », à proximité de l’Erdre, l’équipe a découvert un vaste enclos daté de l’Antiquité (Ier– IIIe s. de n. è.). Ce dispositif prend la forme de deux fossés parallèles, qui délimitent un espace habité doté de plusieurs bâtiments quadrangulaires.

 

Vue aérienne d’un fossé circulaire probablement daté de l’âge du Bronze (© Anthony Béranger)
Vue aérienne d’un fossé circulaire probablement daté de l’âge du Bronze (© Anthony Béranger)
Aménagements de berge au bord de l’Erdre (© Anthony Béranger)
Aménagements de berge au bord de l’Erdre (© Anthony Béranger)

Des aménagements au bord de l’eau

Dans la plaine alluviale, à proximité immédiate de l’Erdre, les sondages ont révélé des vestiges d’aménagement de berge : des pieux verticaux et des pièces de bois horizontales forment des caissons quadrangulaires. Le milieu, très humide, a permis une bonne conservation du bois. Les premiers éléments de datation plaident en faveur d’un aménagement médiéval.

Les Nortais à la découverte de leur patrimoine

Près de 260 habitants de Nort-sur-Erdre et des communes alentour ont pu visiter le site archéologique lors des Journées Européennes du Patrimoine, le samedi 17 septembre 2022. Quatre classes de collégiens de la ville ont également fait le déplacement et ont pu bénéficier d’échanges enrichissants avec les archéologues.

Après la fouille …

Au terme de l’intervention de terrain, les investigations se poursuivront en laboratoire durant deux ans. Les archéologues et les spécialistes d’Archeodunum vont exploiter les informations recueillies sur le terrain. Des analyses par le radiocarbone ou par dendrochronologie (pour dater les pièces de bois des berges) permettront d’affiner la datation des différents contextes. Tous les résultats de l’opération seront synthétisés dans un rapport abondamment documenté et argumenté.

En laboratoire, fouille d’un vase prélevé sur le site
En laboratoire, fouille d’un vase prélevé sur le site

Opération d’archéologie préventive durant l’année 2022 sur la commune de Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique), en préalable à la déviation nord de la commune.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie du Pays de la Loire

Maîtrise d’ouvrage : Département de Loire-Atlantique

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Audrey Blanchard)

visite sites gaulois

Visites publiques de deux sites gaulois entre Nantes et Saintes

Visites publiques de deux sites gaulois en cours de fouille

 

Les équipes d’Archeodunum sont en train de fouiller deux sites gaulois à Chaniers et Sèvremoine. Venez les découvrir lors de journées portes-ouvertes les 18 et 21 mai 2022

Visite du site de Chaniers

Découverte archéologique à Chaniers (Charente-Maritime) : une ferme gauloise vieille de plus de 2500 ans.

Visite publique le 18 mai 2022 de 14h à 17h.

Plus d’infos ici

Visite du site de Sèvremoine

Archéologie à Sèvremoine (Maine-et-Loire) : les Gaulois s’invitent sur la future extension de l’ « Actipôle Loire ».

Visite publique le 21 mai 2022 de 10h à 12h et de 13 h 30 à 16 h30

Plus d’infos ici