Archives de catégorie : Protohistoire

Arsenal et vieux poteaux

Une occupation de l’âge du Bronze à Mably

À la périphérie du célèbre arsenal de Roanne, sur la commune de Mably, trois archéologues d’Archeodunum ont mis au jour un très grand bâtiment vieux d’environ 3500 ans (milieu de l’âge du Bronze). Associé à deux petites annexes, cet édifice de près de 160 m2 constitue une découverte tout à fait remarquable pour la région.

 

16 hectares et trois fouilles

L’intervention archéologique a pour origine la création d’une zone d’activité de près de 16 hectares aux abords de l’arsenal de Mably, un vaste projet porté par la communauté Roannais Agglomération. Dès les années 2017, un diagnostic archéologique réalisé par l’Inrap a mis au jour des vestiges anciens, conduisant l’Etat (Service régional de l’archéologie) à prescrire trois fouilles. En septembre 2021, Clément Moreau et son équipe ont pris en charge le Lot 1, d’une surface 3 900 m2. (Un deuxième lot a permis la découverte de vestiges gaulois et antique).

Cent structures et quelques bribes d’arsenal

Après les quatre semaines de décapage et de fouille, près d’une centaine de structures ont pu être étudiées, photographiées, dessinées et fouillées entièrement.

Les vestiges les plus récents appartiennent à des parties démantelées de l’arsenal militaire, installé et développé à partir de 1917. Il s’agit de notamment de plateformes bétonnées au nord de l’emprise, ultimes traces des parties communes des baraquements des ouvriers travaillant pour l’arsenal. 2000 ans auparavant, c’est un fossé parcellaire de l’époque romaine qui traverse le sud de l’emprise.

Plan des vestiges
Plan des vestiges

Du bois au cœur des âges des Métaux

Ce sont toutefois des vestiges de l’âge du Bronze qui ont constitué l’enjeu scientifique principal de la fouille. Comme son nom l’indique, cette première période de la Protohistoire correspond au développement de la métallurgie du bronze, entre 2200 et 800 avant J.-C. Elle voit l’essor d’une société agropastorale de plus en plus hiérarchisée, avec des réseaux d’échanges complexes et un artisanat spécialisé. Les vestiges identifiés à Mably datent a priori de la deuxième moitié de la période, entre 1600 et 800 avant notre ère.

Durant cette période, dans nos régions, les bâtiments sont généralement à ossature de bois, avec des parois en terre habillant des poteaux profondément ancrés dans le sol. Si ces architectures ont disparu depuis longtemps, la fouille permet de retrouver les fosses d’ancrage, voire les négatifs des pièces de bois.

Calibre d’exception

Au sud de l’emprise, deux grandes lignes parallèles de trous de poteau dessinent un très grand bâtiment de 27 m de long pour près de 6 m de large. Sa toiture était probablement à deux pans avec des grandes parois sur petits poteaux et des structures intermédiaires pour soutenir la charpente. Au centre, une interruption de la paroi permet une entrée depuis le nord, avec quelques poteaux qui pourraient dégager la partie centrale de l’édifice. Le reste des poteaux faîtiers a pu être effacé par le fossé antique, qui passe par coïncidence au centre du bâtiment.

La découverte d’un tel bâtiment est très rare, car très peu de plans d’édifices bien conservés sont connus pour l’âge du Bronze. En Rhône-Alpes, c’est encore plus exceptionnel, et des comparaisons seront à rechercher vers d’autres sites archéologiques dans le nord-est de la France et le sud de l’Allemagne.

Fouille en cours des trous de poteau du grand bâtiment
Fouille en cours des trous de poteau du grand bâtiment
Évocation des poteaux du grand bâtiment de l'âge du Bronze

Deux petits bâtiments

Un peu plus au nord, au centre de la surface de fouille, un petit bâtiment est associé à plusieurs autres traces de poteau. Le plan de l’architecture, avec une surface assez réduite de 30 à 40 m², reste difficile à interpréter.

Dans l’angle nord-ouest, une autre concentration de structure a été retrouvée lors de notre fouille. Il s’agit là encore de trous de poteau, qui semblent notamment dessiner une petite structure circulaire de 3 à 4 m de diamètre. À proximité, un vase enterré devait servir de récipient de stockage.

Tous contemporains ?

Nos archéologues ont recueilli quelques charbons et des tessons de céramique caractéristiques de l’âge du Bronze. Ces objets incitent à penser que le grand bâtiment et les petits bâtiments circulaires sont probablement contemporains. Nous serions alors en présence d’une occupation de l’âge du Bronze en bord de Loire, avec sa grande maison, probablement collective et à multiples usages (habitation, étable, lieu de stockage…), et deux annexes domestiques ou agricoles.

Trous de poteau dessinant une petit architecture circulaire
Trous de poteau dessinant une petit architecture circulaire
Fouille d'un vase de stockage enterré
Fouille d'un vase de stockage enterré

Et après ?

Roannais Agglomération a désormais récupéré son terrain, la fouille du deuxième lot vient d’être terminé et une troisième est à venir. Côté archéologie, une dizaine de nos experts va analyser l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.). La céramique va être étudiée pour parvenir à dater et comprendre la fonction du site. Des prélèvements de terre effectués dans certains trous de poteau seront tamisés pour tenter de retrouver d’anciennes graines carbonisées ou des charbons. Ces derniers seront envoyés à un laboratoire pour réaliser des datations radiocarbones. Tous les résultats seront rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté, qui permettra de mieux comprendre pourquoi et comment vivaient les hommes entre 1600 et 800 avant J.-C. en bord de Loire.

Opération d’archéologie préventive conduite en septembre 2021 sur la commune de Mably, en préalable à la création de la zone d’activité Nexter-Valmy (Lot 1).

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Communauté Roannais Agglomération

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Clément Moreau)

Des glands de 3200 ans

Découvertes culinaires de l’âge du Bronze à Livron-sur-Drôme

Fouille en cours

Si le Moyen âge et la période moderne de Livron-sur-Drôme sont bien connus, c’est à un voyage inédit de plusieurs millénaires vers le passé que nous convie la fouille archéologique réalisée par Archeodunum en été 2020, au nord de la commune. Au milieu de vestiges des âges du Bronze et du Fer, des glands de chêne carbonisés sont une véritable curiosité.

Âges des Métaux et pièces d’occasion

C’est l’extension de Géant Pièces Auto 26, une entreprise spécialisée dans la pièce auto d’occasion, qui a motivé l’exploration d’un peu plus de 10 000 m2, sur prescription du Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes. Les vestiges se concentrent sur une légère surélévation du terrain longée par des vallons (thalwegs) très peu marqués. L’occupation principale du site couvre l’âge du Bronze final (1400-800 av. J.-C.) et l’âge du Fer (800-50 av. J.-C.).

Présence gauloise assurée

C’est dans la moitié sud de la zone de fouille qu’Arthur Tramon et son équipe ont reconnu les traces les plus récentes, datées de la période dite de La Tène B-C (400-150 av. J.-C.). Elles se matérialisent par une concentration de structures en creux (trous de poteau, fosses). Aucun plan de bâtiment ne se détecte clairement, mais l’organisation générale suggère une orientation spécifique.

Plan du site (Fond Google Earth)
Plan du site (Fond Google Earth)
Fragment de meule rotative dans une fosse
Fragment de meule rotative dans une fosse

Des bûches et des galets pour cuisiner

On attribue à la transition Bronze final/Premier âge du Fer (vers 800 av. J.-C.) plusieurs aménagements, dont un foyer à pierres chauffantes. Cette structure prend la forme d’une fosse quadrangulaire de 2,10 x 1,10 m. Son fond était tapissé des restes d’une trentaine de bûches carbonisées, surmontées d’une charge constituée de très nombreux galets (651 galets pour un poids de 187 kg !). Le fonctionnement du foyer consistait à activer un feu vif pour chauffer les galets, qui restituaient ensuite la chaleur au cours d’une cuisson à l’étouffée.

Un habitat de l’Âge du Bronze

Les traces les plus anciennes datent de la fin de l’âge du Bronze, vers 1400-1000 av. J.-C. Il s’agit de tout un ensemble d’objets dispersés sur une surface d’environ 60 m2, correspondant selon toute vraisemblance au sol d’un bâtiment disparu : céramiques écrasées, outillage en pierre (éclats de silex, galets, meules à main) ou en terre cuite (fusaïole pour le filage), fragment de bronze.

Foyer à pierres chauffantes : la charge de galets
Foyer à pierres chauffantes : la charge de galets
Foyer à pierres chauffantes : les bûches en fond de structure
Foyer à pierres chauffantes : les bûches en fond de structure

Des restes de glands carbonisés

Elément le plus remarquable de la fouille, le sol du bâtiment était jonché de graines carbonisées, particulièrement autour d’un foyer. Notre spécialiste carpologue (Laurie Flottes) a identifié des glands, conservés depuis près de 3000 ans. Pour cette époque très ancienne, on a donc ici une preuve directe du ramassage (la glandée, qui a donné ensuite le terme péjoratif ‘glandeur’) et de la consommation des fruits du chêne – peut-être sous forme de farine ou de pâte.

Comme des châtaignes ardéchoises ?

Bien que plus tardifs, les textes romains rappellent l’importance de cette ressource alimentaire, souvent sollicitée en cas de disette. Au Ier siècle apr. J.-C., le naturaliste Pline l’Ancien écrit par exemple ceci (HN, VI, V, 1) : « Il est certain que de nos jours encore les glands sont une richesse pour plusieurs nations, même en temps de paix. Les céréales venant à manquer, on sèche les glands, on les moud, et on en pétrit la farine en forme de pain. » Il ajoute que le gland « est plus doux cuit sous la cendre » – ce qui n’est pas sans évoquer la charbonneuse découverte de Livron-sur-Drôme…

Graines carbonisées
Graines carbonisées
Tamisage et étude des graines
Tamisage et étude des graines

Et après ?

Sur le terrain, Géant Pièces Auto 26 a pu poursuivre l’extension de son site. Côté archéologie, nos experts étudient l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets), afin de comprendre au mieux comment on a vécu et mangé dans ce secteur de la vallée du Rhône aux deux derniers millénaires av. J.-C. Tous ces résultats contribuent à éclairer un passé encore mal connu. Ils sont rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

 

Opération d’archéologie préventive conduite à l’été 2020 sur la commune de Livron-sur-Drôme (Drôme), au quartier de la Lauze, en préalable à l’extension du site GPA 26.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Géant Pièces Auto 26

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Arthur Tramon)

Des vestiges de l’âge du Bronze à Oudalle

Des vestiges de l’âge du Bronze à Oudalle

C’est à la pointe nord du village d’Oudalle (Seine-Maritime) que cinq archéologues d’Archeodunum ont réalisé une fouille de 4 500 m², avant l’aménagement du lotissement « La Plaine » par la société AMEX.
L’équipe est intervenue sur prescription du Service régional de l’archéologie de Normandie. Elle a mis au jour les vestiges d’un site de l’âge du Bronze, dont une magnifique hache à talon.

Des vestiges de l’âge du Bronze moyen

Arthur Tramon et son équipe ont découvert des vestiges datés d’une période appelée par les spécialistes « âge du Bronze moyen », soit vers 1500 av. J.-C. Ce sont des restes de fossés, de fosses, de foyers ou de fours. Ils sont disséminés un peu partout sur les 4 500 m² explorés. Plusieurs fosses ont servi de dépotoir.

Terrain (jadis) construit, accès à l’est

Un élément remarquable est un enclos quadrangulaire, dont l’équipe n’a exploré qu’une partie. Ce sont plusieurs fossés qui en dessinent les contours : largeur de 60 m, superficie de plus de 3000 m², avec des subdivisions internes. C’est probablement sur ce terrain que se situaient les habitations, hélas irrémédiablement disparues. Dans l’angle nord-est, une interruption dans le tracé des fossés marque une entrée.
Cet ensemble s’inscrit dans une période où, en Normandie, on passe de petites exploitations agricoles ouvertes à des établissements bien délimités par un fossé souvent profond.

Plan général des vestiges
Plan général des vestiges
Fragments de foyer au fond d’une fosse
Fragments de foyer au fond d’une fosse
Vestiges d’un four
Vestiges d’un four

Une belle surprise !

En dégageant l’accès de l’enclos, nos archéologues ont fait une très belle découverte : une hache en bronze, très peu oxydée et parfaitement conservée après 3 500 ans ! Cet objet est vraisemblablement lié à un dépôt volontaire, réalisé à l’entrée de l’enclos, mais l’hypothèse d’une perte dans cet espace de passage ne peut être totalement écartée à ce jour.
Si cette hache à talon est caractéristique de productions normandes de l’âge du Bronze moyen, c’est un des rares exemplaires régionaux à avoir été trouvé en contexte. D’autres exemples du même type ont notamment été découverts dans le Calvados ou au sud de l’Angleterre.

Et après ?

La société AMEX a désormais récupéré son terrain pour y installer le lotissement « La Plaine ». Côté archéologie, nos experts vont étudier l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.) afin de comprendre au mieux comment on a vécu ici au IIe millénaire avant J.-C. La hache recevra les meilleurs soins au laboratoire Arc’Antique. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

Hache à talon en bronze (vers 1500 avant J.-C.)
Hache à talon en bronze (vers 1500 avant J.-C.)
La hache au moment de sa découverte
La hache au moment de sa découverte
L’équipe au travail
L’équipe au travail

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2020 sur la commune d’Oudalle,
Route de la Plaine et rue de l’église, en préalable à un lotissement.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Normandie.

Maîtrise d’ouvrage : société AMEX

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Arthur Tramon)

Fig. 7 : Les cinq torques de l’âge du Bronze ancien.

A Tomblaine, les colliers sont éternels

A Tomblaine, les colliers sont éternels

Découvertes des âges du Bronze et du Fer dans le bassin de Nancy

Au cours de l’automne 2020, Archeodunum a réalisé une fouille archéologique au lieu-dit « Bois la Dame », sur la commune de Tomblaine (54). Cette opération, prescrite par le Service régional de l’archéologie de Grand Est, était motivée par l’extension de la ZAC « Bois la Dame », pilotée par la société SOLOREM. Sur 30 000 m², Amaury Collet et son équipe ont exploré des vestiges des âges des Métaux, au cours des deux derniers millénaires avant J.-C.

Aux portes de Nancy, un riche environnement archéologique

Le site est localisé à l’est de Nancy, non loin du plateau de Malzéville et du Pain de Sucre. Le contexte archéologique est riche, avec en particulier des sites des âges du Bronze et du Fer, contemporains de ceux trouvés ici.

XIXe – XXe siècles : des drains, des puits, des arbres

Nos archéologues ont commencé la fouille en retirant la terre végétale à l’aide de pelles mécaniques. Au-dessous, ils ont découvert de nombreuses traces de la mise en valeur des terres agricoles entre le XIXe et le XXe siècle. Trois réseaux de drains en terre cuite strient toute la zone (fig. 1-2). Plusieurs puits et des fosses de plantations d’arbres rappellent la présence de jardins ouvriers, créés dans les années 1960.
C’est au milieu de toutes ces traces que se nichent des vestiges nettement plus anciens, puisqu’ils datent des deux derniers millénaires avant J.-C.

 

Fig. 1 : Plan général des vestiges sur vue aérienne (fond © Google Earth)
Fig. 1 : Plan général des vestiges sur vue aérienne (fond © Google Earth)
Fig. 2 : Drains récents.
Fig. 2 : Drains récents.
Fig. 3 : Vestiges des trois bâtiments superposés.
Fig. 3 : Vestiges des trois bâtiments superposés.
Fig. 4 : Plan des trois bâtiments superposés.
Fig. 4 : Plan des trois bâtiments superposés.

IIIe – Ier siècles av. J.-C. : agriculture gauloise

A l’instar des traces plus récentes, ce sont des indices d’exploitation agricole qui émergent. Le sud du site est ainsi parcouru par une série de fossés peu profonds, probables limites de champs ou d’enclos. Ils signalent la proximité d’une ferme des derniers siècles avant J.-C., repérée lors d’une fouille voisine en 2012.

VIe – Ve siècles av. J.-C. : de l’architecture et des poubelles gauloises

La destination agricole des lieux s’ancre dans un passé plus ancien encore. L’équipe a ainsi découvert des éléments architecturaux datés du milieu du premier millénaire avant J.-C. – une période encore mal connue dans la région. Au sud de la fouille, des bâtiments se sont succédé au même emplacement. Leur architecture recourt à des poteaux ancrés dans le sol, dont seuls les emplacements ont été reconnus (fig. 3). Nos archéologues pensent reconnaître trois constructions : deux habitations de 12 à 20 m², et un grenier de 5 m² (fig. 4).
Dans l’environnement de ces bâtiments, trois grandes fosses aux formes irrégulières ont été creusés pour extraire de l’argile – peut-être destinée à la construction (fig. 5). Elles ont ensuite servi de dépotoirs. Dans leur remplissage, toute sorte de déchets qui reflètent la vie domestique – et qui font le bonheur des archéologues : restes de foyer, vases brisés, fragments de meules, ossements animaux (fig. 6).

 

Fig. 5 : Fosse complexe en cours de fouille.
Fig. 5 : Fosse complexe en cours de fouille.
Fig. 6 : Fragments de poterie dans une fosse.
Fig. 6 : Fragments de poterie dans une fosse.

Début du 2e millénaire av. J.-C. : cinq colliers pour un dépôt mystérieux

C’est au sud-est de la fouille qu’Amaury et son équipe ont découvert un lot exceptionnel de cinq colliers en bronze. Ces tours de cou, ou « torques », étaient soigneusement empilés du plus grand au plus petit (fig. 7). Ils sont faits d’un jonc rigide, ouvert, dont les extrémités sont repliées. Leur forme, très courante, permet de les dater à l’âge du Bronze ancien, entre 2000 et 1600 avant J.-C.

Quant à la raison de leur enfouissement, elle reste énigmatique. Les colliers de ce type ont été souvent trouvés dans des tombes, mais telle n’est pas la situation ici. Les autres hypothèses fréquemment avancées par les archéologues sont le stockage de métal en vue de le refondre, des cachettes de marchands, des trésors associés à une personne particulière, ou encore des dépôts rituels.

Fig. 7 : Les cinq torques de l’âge du Bronze ancien.
Fig. 7 : Les cinq torques de l’âge du Bronze ancien.

Et après ?

À l’issue du chantier, la société SOLOREM a repris possession des lieux pour la suite de l’aménagement de la ZAC « Bois la Dame ». Côté archéologie, nos experts étudieront l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.) afin de comprendre au mieux comment on a vécu dans ce secteur du bassin de Nancy durant les derniers millénaires avant J.-C. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

Quant aux cinq colliers métalliques, ils ont été envoyés dans un laboratoire spécialisé. Ils y seront nettoyés et stabilisés, en vue d’une conservation optimale. Les bijoux sont éternels, ou c’est du moins à quoi s’emploient les archéologues et les services de l’Etat.

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2020 sur la commune de Tomblaine,
au lieu-dit « Bois la Dame », en préalable à l’extension d’une ZAC.

Prescription et contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie de Grand-Est

Maîtrise d’ouvrage : SOLOREM

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Amaury Collet)

Fig. 8 : Prélèvement en cours des galets

Jours de fête il a 2800 ans à Corbas (Rhône)

Jours de fête il y a 2800 ans ?

Premiers résultats des fouilles archéologiques à Corbas, Les Grandes Verchères

C’est au nord de Corbas que cinq archéologues d’Archeodunum ont réalisé une fouille en  préalable à un projet immobilier. L’équipe est intervenue en juin et juillet 2020, sur 2 500 m². La découverte principale est un ensemble de six imposants foyers, ultimes vestiges d’un ou de plusieurs repas collectifs, qui se sont tenus il y a environ 2 800 ans.

Un projet de construction à l’origine de la fouille archéologique

La fouille s’est inscrite dans la cadre du projet de construction O’VOL, porté par la société Alila. L’instruction du dossier a déclenché un diagnostic archéologique sur 5 500 m². À la suite de résultats positifs, le Service régional de l’archéologie a prescrit la fouille de 2 500 m² (fig. 1)

Ce qui était attendu : des vestiges de l’âge du Bronze

Des vestiges de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer (vers 800 av. J.-C) étaient déjà connus dans le secteur. Le diagnostic préalable a confirmé cette présence, avec de nombreux fragments de poteries et, surtout, deux grands foyers rectangulaires. Si aucune trace d’habitations n’a été détectée aux alentours, cela restait un point à examiner.

Fig. 1 : Alors que le décapage est toujours en cours, la fouille des foyers débute.
Fig. 1 : Alors que le décapage est toujours en cours, la fouille des foyers débute.
Fig. 2 : Les six foyers
Fig. 2 : Les six foyers

Des foyers alignés, au milieu de nulle part ?

La fouille a duré quatre semaines. L’équipe, dirigée par Clément Moreau, a découvert quatre grands foyers supplémentaires, pour un total de six foyers (fig. 2-3). Fait remarquable, ces six structures sont situées sur une même ligne, orientée nord-sud. En revanche, peu d’indices du contexte dans lequel ils s’insèrent : de nombreux fragments de céramique, mais pas de bâtiment attesté.
De telles batteries de foyers de ce type ne sont pas rares à la fin de l’âge du Bronze, ou à des époques plus anciennes. Il arrive souvent qu’elles soient situées à l’écart de tout aménagement domestique, dans des confins.

Fig. 3 : Fouille en cours de l'alignement de foyers
Fig. 3 : Fouille en cours de l'alignement de foyers
Fig. 4 : Dégagement des galets d’un foyer.
Fig. 4 : Dégagement des galets d’un foyer.

Un peu de Polynésie à Corbas

Un autre élément frappant est la construction standardisée des foyers. Fosses de 2 m x 1,20 m, restes de bûches carbonisées sur le fond, surmontées d’une couche de galets ayant chauffé (fig. 3 et 4, 5). Au total, c’est près de 1,5 tonne de galets qui était conservée dans les six fosses.
Ce type de foyer est bien connu en archéologie. On le qualifie de « four polynésien », en référence à un dispositif de cuisson encore très fréquent en Polynésie, où il est nommé « ahi ma’a ». Le principe est une cuisson à l’étouffée. Le feu en fond de fosse chauffe les pierres qui deviennent brûlantes. On y dépose alors la nourriture, que l’on recouvre de branchages et de terre, et qu’on laisse cuire pendant plusieurs heures.

Fig. 5 : La fosse d’un foyer, avec les bords rougis par le feu et la couche charbonneuse qui apparaît sous les galets
Fig. 5 : La fosse d’un foyer, avec les bords rougis par le feu et la couche charbonneuse qui apparaît sous les galets
Fig. 6 : Sous les galets, les bûches et les charbons.
Fig. 6 : Sous les galets, les bûches et les charbons.

Quelle occasion, quels convives, quel menu ?

Un seul des foyers de Corbas suffit à nourrir un groupe nombreux. Comme on les a vraisemblablement allumés de concert, il est donc séduisant d’imaginer que les six fours aient servi dans des circonstances exceptionnelles (rassemblement, cérémonie, fête, mariage, etc.), qui resteront hélas dans l’ombre.
Qu’y a-t-on mangé ? Isolée à 15 mètres au sud, une jeune vache a été enterrée entière (fig. 7). Outre le fait que l’absence de découpe ne soit guère compatible avec le fonctionnement des foyers, on ne peut pour l’instant pas dire si l’animal en est contemporain. En revanche, par des analyses chimiques des résidus sur les pierres issues des foyers, on tentera d’identifier les restes des aliments réellement consommés.

La suite des évènements

Sur place, le terrain est désormais disponible pour la suite des aménagements. En souvenir des festins de l’âge du Bronze, un barbecue collectif y sera-t-il aménagé ?
Côté archéologie, les investigations se poursuivent en laboratoire. Les spécialistes d’Archeodunum exploitent les informations recueillies sur le terrain (Fig. 8). Pendant plusieurs mois, une quinzaine de personnes vont se relayer pour décrire et analyser au mieux les vestiges. Hormis les analyses chimiques déjà évoquées, on s’intéressera aux bois brûlés, à la fois pour les dater et pour connaître l’environnement boisé du site. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport final abondamment documenté et argumenté.

Fig. 7 : Jeune vache enterrée plus au sud (ne manque que le haut du crâne).
Fig. 7 : Jeune vache enterrée plus au sud (ne manque que le haut du crâne).
Fig. 8 : Prélèvement en cours des galets
Fig. 8 : Prélèvement en cours des galets

Opération d’archéologie préventive conduite en juin et juillet 2020 sur la commune de Corbas, en préalable à la construction de logements

Prescription et contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Alila

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Clément Moreau)

Portes ouvertes à Segonzac (Charente)

Vue d’ensemble de la zone en cours de fouille. © 3DR View pour Archeodunum
Vue d’ensemble de la zone en cours de fouille. © 3DR View pour Archeodunum
Fouille en cours
Fouille en cours
Fouille d’un trou de poteau.
Fouille d’un trou de poteau.
Vase de stockage en place au fond d’une fosse.
Vase de stockage en place au fond d’une fosse.

Venez rencontrer une équipe de fouille en cours de découverte d’un village du Néolithique et de l’âge du Bronze

Les visites guidées auront lieu le mercredi 22 janvier 2020 de 14h à 17h.

Rendez-vous au lieu-dit “les Marcioux” à la sortie nord-ouest de Segonzac (16), au sud de la D24 (Localisation)

Entrée libre, visites commentées par les archéologues de l’équipe de fouille

Prévoir de bonnes chaussures et une tenue adaptée à la météorologie 😉

Segonzac « Les Marcioux » (16)

Un village du 2e millénaire avant J.-C.

Une opération d’archéologie préventive conduite par Archeodunum s’est déroulée entre novembre 2019 et janvier 2020 sur la commune de Segonzac (Charente), au lieu-dit « Les Marcioux ». Prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Nouvelle Aquitaine, cette fouille de 30 000 m2 visait à étudier des vestiges du Néolithique et de l’âge du Bronze, en préalable à l’installation du lotissement « Nouveau Quartier », réalisé par la commune.

Près de 1000 vestiges de l’âge du Bronze

Le décapage mécanique a permis d’ôter 0,30 à 0,70 m de terre végétale. Environ 1000 structures sont apparues. Elles se distinguent sur le calcaire blanc par un comblement sombre. Pour l’essentiel, elles correspondent à des fosses d’ancrage de poteau, initialement destinées à recevoir des pieux de bois. Plusieurs alignements de ces trous de poteau permettent de restituer différents plans de bâtiments, tous à ossature de bois.

Le mobilier recueilli (poterie et silex) renvoie à deux grandes phases d’occupation : un habitat de l’âge du Bronze ancien au sud-est de l’emprise, et un habitat de l’âge du Bronze final au nord-ouest. Après la période du Néolithique, qui a vu la sédentarisation des sociétés humaines et le développement de l’agriculture, l’âge du Bronze correspond à la découverte et à la maîtrise des alliages à base de cuivre. Il est suivi par l’âge du Fer.

Un habitat ouvert de l’âge du Bronze ancien (2200-1600 avant J.-C.)

Plusieurs plans de bâtiments peuvent être attribués à l’âge du Bronze ancien. Deux édifices à 4 poteaux ont été identifiés à l’est de l’emprise. Leur forme carrée et leurs dimensions modestes incitent à y voir des greniers surélevés. La fonction des deux bâtiments rectangulaires à une nef, constitués de 6 ou 8 poteaux, est plus difficile à cerner : habitation, stockage, lieu d’activité agricole, artisanale ? Au sud-est, un édifice quadrangulaire à 2 nefs, de 6 x 5,40 m, pourrait être une habitation. Cet habitat de l’âge du Bronze ancien semble donc ouvert et structuré, avec des zones liées aux activités (sans doute agropastorales) et des zones domestiques.

Des aménagements de l’âge du Bronze final (1400-800 avant J.-C.)

Au nord de l’emprise, plusieurs aménagements marquent l’emplacement d’un habitat de l’âge du Bronze final. Il s’agit notamment d’une palissade sur poteau, orientée est/ouest, et de plusieurs fosses ayant servi de dépotoir. Ces dernières contenaient de grandes quantités de poterie, dont certaines ornées de décors typiques de la fin de l’âge du Bronze.

Dans le même secteur, un bâtiment à 4 poteaux peut être interprété comme un grenier, mais aucun élément ne permet à ce stade de le dater. Il en va de même d’un long fossé curviligne tout proche. Conservé sur seulement 0,05 à 0,15 m d’épaisseur, ce fossé n’a livré que de rares fragments de poterie peu caractéristiques. Sa position, son orientation et sa courbure nous incitent néanmoins à l’associer aux structures précédemment évoquées.

Après la fouille …

Au terme de l’intervention de terrain, les investigations se poursuivront. Un important travail d’étude sera réalisé par les archéologues et les spécialistes de manière à obtenir le maximum d’information. Des datations par le radiocarbone permettront d’affiner la chronologie des différents contextes. Un rapport sera finalement rédigé pour synthétiser l’ensemble des résultats de cette opération.

Audrey Blanchard

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Nos fouilles en vidéo

Dans le courant de 2018, deux de nos opérations ont été filmées sur plusieurs mois, permettant d’observer la progression de la fouille sur le temps long.

Il s’agit de deux fouilles qui ont duré plus de six mois, avec à chaque fois de grandes équipes d’archéologues et de spécialistes, mais pour fouiller deux sites totalement opposés en terme de surface concernée, de type de vestiges, de chronologie et donc de méthodes.

La fouille d’un grand site gaulois

La première d’entre elle concerne la fouille d’un site d’habitat de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer à Saint-Marcel (Saône et Loire). Ici, le décapage mécanique concerne une très grande superficie (plus de 40 000 m²) et les pelles mécaniques enlèvent la terre végétale sur l’ensemble de la surface. Par la suite les archéologues fouillent à la main des centaines de structures en creux, vestiges d’un habitat en terre et bois aujourd’hui disparu. La minipelle vient par la suite aider à la fouille des structures plus importantes tels le fossé d’enclos gaulois et les puits profonds.

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La fouille d’un cimetière dense médiéval et moderne

La seconde opération correspond à la fouille d’un enclos paroissial du XIVe siècle à Epagny-Metz-Tessy (Haute-Savoie). Ici, la surface concernée est beaucoup plus réduite (environ 1500 m²), mais son décapage a mis au jour quelques vestiges de l’église disparue et surtout plus de 400 sépultures provenant du cimetière médiéval et moderne attenant. La fouille de ces structures funéraires prend beaucoup de temps et on peut voir l’avancée des archéologues avec à nouveau l’aide d’une minipelle qui sert ici à redécaper certaines surfaces pour retrouver des sépultures plus profondes.

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Un grand site gaulois au sud de Chalon-sur-Saône

Vue aérienne du chantier (cliché Flore Giraud)
Vue aérienne des puits fouillés au cœur de l'enclos (cliché Flore Giraud)
Fouille du puits n°1
Cuvelage en chêne du puits n°1

Une vaste opération archéologique préventive conduite par une de nos équipes, sous la responsabilité d’Amaury Collet, s’est achevée le 19 octobre dernier sur la commune de Saint-Marcel (Saône-et-Loire). Cette fouille de près de six mois, qui concernait une surface 4,3 ha prescrite par le Service régional de l’Archéologie (DRAC Bourgogne-Franche-Comté), est intervenue préalablement à la création d’une zone de compensation environnementale par la DREAL dans le cadre des travaux de réaménagement de la Route Centre-Europe Atlantique (RCEA).

Les vestiges les plus anciens du site mettent en évidence plusieurs phases d’occupation durant l’âge du Bronze (Bronze final, XIVᵉ-IXᵉ s. avant J.-C.) et au cours du premier âge du Fer (Hallstatt D, VIIᵉ-Vᵉ siècle avant J.-C.). Ces installations sont notamment matérialisées par des alignements de trous de poteau dessinant des plans de bâtiments faits de terre et de bois ainsi que des palissades. Les activités quotidiennes sont représentées par de grandes fosses polylobées destinées à l’extraction d’argiles et des vases silos semi-enterrés servant au stockage des céréales. Les morts sont également présents à proximité de l’habitat au travers de quelques sépultures à crémation isolées.

C’est dans la deuxième moitié du IIIᵉ siècle av. J.-C. que s’installe une vaste ferme gauloise qui va rester en activité jusqu’à la fin du second âge du Fer (milieu du Iᵉʳ siècle av. J.-C.). Le site se développe alors à moins de 2,5 km au sud-est de Cabillonum (l’actuel Chalon-sur-Saône), reconnu comme le port principal du territoire Eduen et un centre majeur pour l’artisanat et le commerce au croisement de plusieurs itinéraires. Cette établissement rural se développe sur près de 20 000 m² et s’organise autour d’un vaste enclos quadrangulaire de 75 m de côté qui se poursuit à l’est en dehors de l’emprise de fouille. L’intérieur de l’enclos, séparé du reste du site par un fossé originellement associé à un talus, abrite plusieurs bâtiments sur poteaux porteurs et des fosses destinées à des usages variés. La présence dans le fossé et dans d’autres structures de nombreux fragments d’amphores à vin, produit coûteux importé d’Italie, ainsi que des restes d’armement et de parures témoignent du statut privilégié d’une partie des occupants du lieu.

La fouille a révélé la présence exceptionnelle au sein de l’enclos gaulois de trois puits d’une profondeur moyenne de 4,50 m, parmi lesquels deux présentaient un cuvelage en bois de chêne dont la partie inférieure nous est parvenue dans un parfait état de conservation. Ces deux cuvelages, qui ont pu être intégralement démontés et prélevés, étaient ainsi conservés depuis le fond des puits sur une hauteur de près de 1,20 m. Le premier puits disposait d’un cuvelage soigné composé de quatre poteaux d’angles rainurés entre lesquels avaient été glissés des planches horizontales superposées, tandis que le cuvelage du deuxième puits était constitué de poutres emboîtées et superposées horizontalement suivant la technique du « blockbau ». Le caractère peu régulier des bois de ce dernier, de même que la présence sur certaines poutres de mortaises, d’encoches et de clous sans fonctions apparentes, suggèrent que son cuvelage a été conçu à l’aide de pièces de bois réemployées.

Grâce au travail des archéologues, aidés d’engins mécaniques indispensables, la fouille minutieuse de ces puits a également permis de retrouver des éléments en matières organiques piégés et conservés en milieu humide au fond des comblements. On peut mentionner la présence dans le premier puits de plusieurs fragments d’une corde et d’une attache de sceau, tandis que le deuxième puits présentait un amas spectaculaire d’éléments en bois parfois brûlés ainsi qu’une amphore et plusieurs vases écrasés. Parmi les éléments déjà identifiés se distinguent notamment une probable faisselle composée d’un demi tronc de chêne évidé et perforé, un manche de herminette (outil utilisé pour le travail du bois),  ainsi que divers éléments architecturés. A ces objets s’ajoute la présence de nombreux autres restes organiques (fruits, feuilles, branchages, graines, microfaune, etc.) qui offrent de nombreuses perspectives d’analyses paléoenvironnementales pour mieux connaître le mode de vie de ces populations.

La fouille de ce grand site gaulois au sud de Chalon-sur-Saône a donc permis la mise au jour de vestiges encore rarement connus pour l’époque. Leur étude en laboratoire débute aujourd’hui et promet encore de riches découvertes.

Amaury Collet

Ce site était ouvert lors des dernières journées du Patrimoine et vous trouverez sur cette page le communiqué de presse et la plaquette de présentation du chantier.

Cuvelage en chêne du puits n°2
Récipient en bois découvert dans le puits n°2
Manche de herminette découvert dans le puits n°2

Retour sur le chantier de Saint-Aubin

Parures celtiques découvertes à Saint-Aubin (Aube) au sein des tombes de la “Gloriette”

Un torque exceptionnel orné de figures humaines (tombe féminine - 4e-3e s. av. J.-C.)
Paire de fibules en bronze ornée de corail
Détail d'un torque issu d'une tombe féminine datée du 4e s. av. J.-C.
Fibules en bronze dont une ornée de corail
Parure issue d'une tombe du 3e s. av. J.-C.

(Crédits photos : A. Mailler/Bibracte pour Archeodunum)

Monuments aux mort.e.s dans le Nogentais

En 2014, une équipe d’archéologues des entreprises Paléotime et Archeodunum a exploré un terrain de plus de deux hectares sur la commune de Saint-Aubin (Aube). Ces travaux se sont inscrits en préalable à l’extension d’un centre de traitement de déchets, pour le compte de la société SITA/Suez.

Le site occupe le flanc d’une petite colline nommée « La Gloriette », qui domine le cours de l’Ardusson, un affluent de la Seine. À cet emplacement, les archéologues ont eu la chance rare de fouiller la totalité d’une nécropole de la fin de l’âge du Bronze puis de l’âge du Fer (9e à 3e siècle av. J.-C.).

Les monuments de l’âge du Bronze et du Premier âge du Fer prennent la forme de vastes tertres circulaires, dont subsistent les fossés périphériques et des tombes à crémation.

Au Second âge du Fer, la pratique de l’inhumation prend le relais. La nécropole de « La Gloriette » abrite une quarantaine de tombes, regroupées en huit enclos quadrangulaires souvent marqués par un fossé. La plupart des défunts étaient inhumés avec de la parure et/ou des armes, dont la très grande qualité révèle le haut statut de leurs propriétaires.

Parmi ces objets, sept torques (tours de cou) en bronze sont des parures féminines. Toutes différentes, leurs ornementations sont d’une remarquable finesse. Plusieurs fibules (broches) associent le bronze et le corail. Nous présentons ici une sélection de cette joaillerie d’exception.

Bien plus tard, aux 9e et 10e siècles apr. J.-C. (époque carolingienne), à 150 m à l’est, un nouveau cimetière regroupe une douzaine d’inhumations. Aucun objet n’a été découvert dans les tombes.

Dans leur ensemble, les traces de ces monuments funéraires renvoient aux diverses manières dont les sociétés humaines se comportent à l’égard de leurs morts : crémations ou inhumations, grands monuments ou caveaux familiaux, abondance ou absence d’objets accompagnant les défunts, en sont quelques aspects.

Les grands monuments de l’âge du Bronze marquent durablement le paysage et semblent inaugurer et conférer, pour plusieurs siècles, un caractère funéraire au site. Peut-être renforcée par une occupation de même nature au sommet de la colline, la position privilégiée de ce petit cimetière structure le paysage, et affirme le prestige des vivants et leur domination sur les alentours.

Enfin, en dépit d’une très mauvaise conservation des squelettes, l’étude fine des ossements a notamment permis d’entrevoir la vie quotidienne. Dans ce domaine et pour la période gauloise, il faut signaler les traces répétées d’une usure atypique des dents, qui renvoie au travail des fibres ou du cuir.

Les élites celtiques de « La Gloriette », tant hommes que femmes, sont donc également (et peut-être avant tout) des artisans. Dans ce sens, il est plaisant de penser qu’à l’image de l’armement et de la joaillerie de qualité, parfois exceptionnelle, qui les accompagnent dans la mort, ces hommes et ces femmes ont été de leur vivant des maîtres dans leur spécialité.


Une sélection du mobilier issu du site de Saint-Aubin « La Gloriette » est présentée dans le cadre de l’exposition « Les Sénons » qui se tient du 19 mai au 29 octobre 2018 au Palais synodal de Sens et au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Troyes. Articulée autour de cinq thèmes (1. Les Sénons avant les Sénons en Europe celtique ; 2. Les Sénons entrent dans l’Histoire ; 3. Croyances religieuses, monde des morts et société ; 4. Territoire, production et consommation ; 5. Les Sénons après la conquête), cette exposition exceptionnelle offre, pour la première fois, un panorama exhaustif sur l’un des peuples les plus fameux de la Gaule, que César classera « parmi les plus puissants et qui jouit parmi les autres d’une grande autorité ».

Commune: Saint-Aubin
Adresse / lieu-dit: La Gloriette
Département / Canton : Aube (10)
Pays: France

Date de l’intervention:
du 25/08/2014 au 31/10/2014

Période(s) concernée(s): Age du Bronze ; Age du Fer ; Moyen-Age ;

Raison de l’intervention:
Extension d’un centre de traitement des déchets

Responsable d’opération: Guillaume VARENNE (Paléotime)
Etude du mobilier métallique: Amaury Collet (Archeodunum)
Etude anthropologique: David Gandia (Archeodunum)


Suivi scientifique:
SRA Grand-Est
Aménageur: SITA Dectra/SUEZ

Carte

Une nécropole et des traces d’artisanat de l’âge du Fer mis au jour à Dax (Landes)

Vue aérienne du site (Cliché Sam John - Archeodunum)
Sépulture à crémation dans une urne du premier âge du Fer (cliché Archeodunum)
Grenier du deuxième âge du Fer / Haut-Empire (cliché Archeodunum)
Fragment de sole perforée de four retrouvée au fond d'une fosse (cliché Archeodunum)

La fouille de Dax, préalable à la construction du premier « village Alzheimer » de France, a débuté le 8 novembre 2017 et s’est achevée le 16 février 2018. Menée par huit archéologues, sous la direction de Alexandre Lemaire et Stéphanie Lemaître, elle a offert un regard diachronique sur l’occupation rurale d’un secteur proche de la ville antique, à travers une fenêtre de 2,5 ha.

Les installations successives ont été conditionnées par la présence, dans l’axe médian de l’emprise de fouille, d’un fond de vallon qui draine encore aujourd’hui les eaux météoriques, conférant au secteur un caractère particulièrement humide tout au long de son histoire. Les vestiges s’étendent sur une aire chronologique qui débute à la période néolithique et s’achève à la période contemporaine, et soulignent les efforts ininterrompus des occupants pour drainer le site.

Deux ensembles fonctionnels se distinguent toutefois : à l’est du thalweg, une petite nécropole à crémations du premier âge du Fer (VIIème-VIème s. a.C.) témoigne probablement de la proximité de l’habitat d’une petite communauté (une quinzaine de tombes). A l’ouest du thalweg, les vestiges tendent à caractériser un secteur artisanal marqué par une demi-douzaine de fours démolis et par les ancrages des structures porteuses d’au moins quatre bâtiments édifiés en terre et bois, dont deux probables greniers. La chronologie et la contemporanéité des ces structures reste à établir, mais une partie des fours semble d’ores-et-déjà orienter l’activité vers la production de sel gemme (présence d’augets rectangulaires à pâte violacée par réaction chimique au contact du sel), susceptible d’ancrer l’origine des salines dacquoises dans une histoire bien plus ancienne que celle qui était jusque-là envisagée.

Alexandre Lemaire


Et retrouvez le reportage effectué pendant la fouille par la société Dia!Films pour la web-tv du département des Landes.