Archives de catégorie : Protohistoire

Des vestiges de l’âge du Bronze à Oudalle

Des vestiges de l’âge du Bronze à Oudalle

C’est à la pointe nord du village d’Oudalle (Seine-Maritime) que cinq archéologues d’Archeodunum ont réalisé une fouille de 4 500 m², avant l’aménagement du lotissement « La Plaine » par la société AMEX.
L’équipe est intervenue sur prescription du Service régional de l’archéologie de Normandie. Elle a mis au jour les vestiges d’un site de l’âge du Bronze, dont une magnifique hache à talon.

Des vestiges de l’âge du Bronze moyen

Arthur Tramon et son équipe ont découvert des vestiges datés d’une période appelée par les spécialistes « âge du Bronze moyen », soit vers 1500 av. J.-C. Ce sont des restes de fossés, de fosses, de foyers ou de fours. Ils sont disséminés un peu partout sur les 4 500 m² explorés. Plusieurs fosses ont servi de dépotoir.

Terrain (jadis) construit, accès à l’est

Un élément remarquable est un enclos quadrangulaire, dont l’équipe n’a exploré qu’une partie. Ce sont plusieurs fossés qui en dessinent les contours : largeur de 60 m, superficie de plus de 3000 m², avec des subdivisions internes. C’est probablement sur ce terrain que se situaient les habitations, hélas irrémédiablement disparues. Dans l’angle nord-est, une interruption dans le tracé des fossés marque une entrée.
Cet ensemble s’inscrit dans une période où, en Normandie, on passe de petites exploitations agricoles ouvertes à des établissements bien délimités par un fossé souvent profond.

Plan général des vestiges
Plan général des vestiges
Fragments de foyer au fond d’une fosse
Fragments de foyer au fond d’une fosse
Vestiges d’un four
Vestiges d’un four

Une belle surprise !

En dégageant l’accès de l’enclos, nos archéologues ont fait une très belle découverte : une hache en bronze, très peu oxydée et parfaitement conservée après 3 500 ans ! Cet objet est vraisemblablement lié à un dépôt volontaire, réalisé à l’entrée de l’enclos, mais l’hypothèse d’une perte dans cet espace de passage ne peut être totalement écartée à ce jour.
Si cette hache à talon est caractéristique de productions normandes de l’âge du Bronze moyen, c’est un des rares exemplaires régionaux à avoir été trouvé en contexte. D’autres exemples du même type ont notamment été découverts dans le Calvados ou au sud de l’Angleterre.

Et après ?

La société AMEX a désormais récupéré son terrain pour y installer le lotissement « La Plaine ». Côté archéologie, nos experts vont étudier l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.) afin de comprendre au mieux comment on a vécu ici au IIe millénaire avant J.-C. La hache recevra les meilleurs soins au laboratoire Arc’Antique. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

Hache à talon en bronze (vers 1500 avant J.-C.)
Hache à talon en bronze (vers 1500 avant J.-C.)
La hache au moment de sa découverte
La hache au moment de sa découverte
L’équipe au travail
L’équipe au travail

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2020 sur la commune d’Oudalle,
Route de la Plaine et rue de l’église, en préalable à un lotissement.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Normandie.

Maîtrise d’ouvrage : société AMEX

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Arthur Tramon)

Fig. 7 : Les cinq torques de l’âge du Bronze ancien.

A Tomblaine, les colliers sont éternels

A Tomblaine, les colliers sont éternels

Découvertes des âges du Bronze et du Fer dans le bassin de Nancy

Au cours de l’automne 2020, Archeodunum a réalisé une fouille archéologique au lieu-dit « Bois la Dame », sur la commune de Tomblaine (54). Cette opération, prescrite par le Service régional de l’archéologie de Grand Est, était motivée par l’extension de la ZAC « Bois la Dame », pilotée par la société SOLOREM. Sur 30 000 m², Amaury Collet et son équipe ont exploré des vestiges des âges des Métaux, au cours des deux derniers millénaires avant J.-C.

Aux portes de Nancy, un riche environnement archéologique

Le site est localisé à l’est de Nancy, non loin du plateau de Malzéville et du Pain de Sucre. Le contexte archéologique est riche, avec en particulier des sites des âges du Bronze et du Fer, contemporains de ceux trouvés ici.

XIXe – XXe siècles : des drains, des puits, des arbres

Nos archéologues ont commencé la fouille en retirant la terre végétale à l’aide de pelles mécaniques. Au-dessous, ils ont découvert de nombreuses traces de la mise en valeur des terres agricoles entre le XIXe et le XXe siècle. Trois réseaux de drains en terre cuite strient toute la zone (fig. 1-2). Plusieurs puits et des fosses de plantations d’arbres rappellent la présence de jardins ouvriers, créés dans les années 1960.
C’est au milieu de toutes ces traces que se nichent des vestiges nettement plus anciens, puisqu’ils datent des deux derniers millénaires avant J.-C.

 

Fig. 1 : Plan général des vestiges sur vue aérienne (fond © Google Earth)
Fig. 1 : Plan général des vestiges sur vue aérienne (fond © Google Earth)
Fig. 2 : Drains récents.
Fig. 2 : Drains récents.
Fig. 3 : Vestiges des trois bâtiments superposés.
Fig. 3 : Vestiges des trois bâtiments superposés.
Fig. 4 : Plan des trois bâtiments superposés.
Fig. 4 : Plan des trois bâtiments superposés.

IIIe – Ier siècles av. J.-C. : agriculture gauloise

A l’instar des traces plus récentes, ce sont des indices d’exploitation agricole qui émergent. Le sud du site est ainsi parcouru par une série de fossés peu profonds, probables limites de champs ou d’enclos. Ils signalent la proximité d’une ferme des derniers siècles avant J.-C., repérée lors d’une fouille voisine en 2012.

VIe – Ve siècles av. J.-C. : de l’architecture et des poubelles gauloises

La destination agricole des lieux s’ancre dans un passé plus ancien encore. L’équipe a ainsi découvert des éléments architecturaux datés du milieu du premier millénaire avant J.-C. – une période encore mal connue dans la région. Au sud de la fouille, des bâtiments se sont succédé au même emplacement. Leur architecture recourt à des poteaux ancrés dans le sol, dont seuls les emplacements ont été reconnus (fig. 3). Nos archéologues pensent reconnaître trois constructions : deux habitations de 12 à 20 m², et un grenier de 5 m² (fig. 4).
Dans l’environnement de ces bâtiments, trois grandes fosses aux formes irrégulières ont été creusés pour extraire de l’argile – peut-être destinée à la construction (fig. 5). Elles ont ensuite servi de dépotoirs. Dans leur remplissage, toute sorte de déchets qui reflètent la vie domestique – et qui font le bonheur des archéologues : restes de foyer, vases brisés, fragments de meules, ossements animaux (fig. 6).

 

Fig. 5 : Fosse complexe en cours de fouille.
Fig. 5 : Fosse complexe en cours de fouille.
Fig. 6 : Fragments de poterie dans une fosse.
Fig. 6 : Fragments de poterie dans une fosse.

Début du 2e millénaire av. J.-C. : cinq colliers pour un dépôt mystérieux

C’est au sud-est de la fouille qu’Amaury et son équipe ont découvert un lot exceptionnel de cinq colliers en bronze. Ces tours de cou, ou « torques », étaient soigneusement empilés du plus grand au plus petit (fig. 7). Ils sont faits d’un jonc rigide, ouvert, dont les extrémités sont repliées. Leur forme, très courante, permet de les dater à l’âge du Bronze ancien, entre 2000 et 1600 avant J.-C.

Quant à la raison de leur enfouissement, elle reste énigmatique. Les colliers de ce type ont été souvent trouvés dans des tombes, mais telle n’est pas la situation ici. Les autres hypothèses fréquemment avancées par les archéologues sont le stockage de métal en vue de le refondre, des cachettes de marchands, des trésors associés à une personne particulière, ou encore des dépôts rituels.

Fig. 7 : Les cinq torques de l’âge du Bronze ancien.
Fig. 7 : Les cinq torques de l’âge du Bronze ancien.

Et après ?

À l’issue du chantier, la société SOLOREM a repris possession des lieux pour la suite de l’aménagement de la ZAC « Bois la Dame ». Côté archéologie, nos experts étudieront l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.) afin de comprendre au mieux comment on a vécu dans ce secteur du bassin de Nancy durant les derniers millénaires avant J.-C. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

Quant aux cinq colliers métalliques, ils ont été envoyés dans un laboratoire spécialisé. Ils y seront nettoyés et stabilisés, en vue d’une conservation optimale. Les bijoux sont éternels, ou c’est du moins à quoi s’emploient les archéologues et les services de l’Etat.

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2020 sur la commune de Tomblaine,
au lieu-dit « Bois la Dame », en préalable à l’extension d’une ZAC.

Prescription et contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie de Grand-Est

Maîtrise d’ouvrage : SOLOREM

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Amaury Collet)

Fig. 8 : Prélèvement en cours des galets

Jours de fête il a 2800 ans à Corbas (Rhône)

Jours de fête il y a 2800 ans ?

Premiers résultats des fouilles archéologiques à Corbas, Les Grandes Verchères

C’est au nord de Corbas que cinq archéologues d’Archeodunum ont réalisé une fouille en  préalable à un projet immobilier. L’équipe est intervenue en juin et juillet 2020, sur 2 500 m². La découverte principale est un ensemble de six imposants foyers, ultimes vestiges d’un ou de plusieurs repas collectifs, qui se sont tenus il y a environ 2 800 ans.

Un projet de construction à l’origine de la fouille archéologique

La fouille s’est inscrite dans la cadre du projet de construction O’VOL, porté par la société Alila. L’instruction du dossier a déclenché un diagnostic archéologique sur 5 500 m². À la suite de résultats positifs, le Service régional de l’archéologie a prescrit la fouille de 2 500 m² (fig. 1)

Ce qui était attendu : des vestiges de l’âge du Bronze

Des vestiges de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer (vers 800 av. J.-C) étaient déjà connus dans le secteur. Le diagnostic préalable a confirmé cette présence, avec de nombreux fragments de poteries et, surtout, deux grands foyers rectangulaires. Si aucune trace d’habitations n’a été détectée aux alentours, cela restait un point à examiner.

Fig. 1 : Alors que le décapage est toujours en cours, la fouille des foyers débute.
Fig. 1 : Alors que le décapage est toujours en cours, la fouille des foyers débute.
Fig. 2 : Les six foyers
Fig. 2 : Les six foyers

Des foyers alignés, au milieu de nulle part ?

La fouille a duré quatre semaines. L’équipe, dirigée par Clément Moreau, a découvert quatre grands foyers supplémentaires, pour un total de six foyers (fig. 2-3). Fait remarquable, ces six structures sont situées sur une même ligne, orientée nord-sud. En revanche, peu d’indices du contexte dans lequel ils s’insèrent : de nombreux fragments de céramique, mais pas de bâtiment attesté.
De telles batteries de foyers de ce type ne sont pas rares à la fin de l’âge du Bronze, ou à des époques plus anciennes. Il arrive souvent qu’elles soient situées à l’écart de tout aménagement domestique, dans des confins.

Fig. 3 : Fouille en cours de l'alignement de foyers
Fig. 3 : Fouille en cours de l'alignement de foyers
Fig. 4 : Dégagement des galets d’un foyer.
Fig. 4 : Dégagement des galets d’un foyer.

Un peu de Polynésie à Corbas

Un autre élément frappant est la construction standardisée des foyers. Fosses de 2 m x 1,20 m, restes de bûches carbonisées sur le fond, surmontées d’une couche de galets ayant chauffé (fig. 3 et 4, 5). Au total, c’est près de 1,5 tonne de galets qui était conservée dans les six fosses.
Ce type de foyer est bien connu en archéologie. On le qualifie de « four polynésien », en référence à un dispositif de cuisson encore très fréquent en Polynésie, où il est nommé « ahi ma’a ». Le principe est une cuisson à l’étouffée. Le feu en fond de fosse chauffe les pierres qui deviennent brûlantes. On y dépose alors la nourriture, que l’on recouvre de branchages et de terre, et qu’on laisse cuire pendant plusieurs heures.

Fig. 5 : La fosse d’un foyer, avec les bords rougis par le feu et la couche charbonneuse qui apparaît sous les galets
Fig. 5 : La fosse d’un foyer, avec les bords rougis par le feu et la couche charbonneuse qui apparaît sous les galets
Fig. 6 : Sous les galets, les bûches et les charbons.
Fig. 6 : Sous les galets, les bûches et les charbons.

Quelle occasion, quels convives, quel menu ?

Un seul des foyers de Corbas suffit à nourrir un groupe nombreux. Comme on les a vraisemblablement allumés de concert, il est donc séduisant d’imaginer que les six fours aient servi dans des circonstances exceptionnelles (rassemblement, cérémonie, fête, mariage, etc.), qui resteront hélas dans l’ombre.
Qu’y a-t-on mangé ? Isolée à 15 mètres au sud, une jeune vache a été enterrée entière (fig. 7). Outre le fait que l’absence de découpe ne soit guère compatible avec le fonctionnement des foyers, on ne peut pour l’instant pas dire si l’animal en est contemporain. En revanche, par des analyses chimiques des résidus sur les pierres issues des foyers, on tentera d’identifier les restes des aliments réellement consommés.

La suite des évènements

Sur place, le terrain est désormais disponible pour la suite des aménagements. En souvenir des festins de l’âge du Bronze, un barbecue collectif y sera-t-il aménagé ?
Côté archéologie, les investigations se poursuivent en laboratoire. Les spécialistes d’Archeodunum exploitent les informations recueillies sur le terrain (Fig. 8). Pendant plusieurs mois, une quinzaine de personnes vont se relayer pour décrire et analyser au mieux les vestiges. Hormis les analyses chimiques déjà évoquées, on s’intéressera aux bois brûlés, à la fois pour les dater et pour connaître l’environnement boisé du site. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport final abondamment documenté et argumenté.

Fig. 7 : Jeune vache enterrée plus au sud (ne manque que le haut du crâne).
Fig. 7 : Jeune vache enterrée plus au sud (ne manque que le haut du crâne).
Fig. 8 : Prélèvement en cours des galets
Fig. 8 : Prélèvement en cours des galets

Opération d’archéologie préventive conduite en juin et juillet 2020 sur la commune de Corbas, en préalable à la construction de logements

Prescription et contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Alila

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Clément Moreau)

Portes ouvertes à Segonzac (Charente)

Vue d’ensemble de la zone en cours de fouille. © 3DR View pour Archeodunum
Vue d’ensemble de la zone en cours de fouille. © 3DR View pour Archeodunum
Fouille en cours
Fouille en cours
Fouille d’un trou de poteau.
Fouille d’un trou de poteau.
Vase de stockage en place au fond d’une fosse.
Vase de stockage en place au fond d’une fosse.

Venez rencontrer une équipe de fouille en cours de découverte d’un village du Néolithique et de l’âge du Bronze

Les visites guidées auront lieu le mercredi 22 janvier 2020 de 14h à 17h.

Rendez-vous au lieu-dit “les Marcioux” à la sortie nord-ouest de Segonzac (16), au sud de la D24 (Localisation)

Entrée libre, visites commentées par les archéologues de l’équipe de fouille

Prévoir de bonnes chaussures et une tenue adaptée à la météorologie 😉

Segonzac « Les Marcioux » (16)

Un village du 2e millénaire avant J.-C.

Une opération d’archéologie préventive conduite par Archeodunum s’est déroulée entre novembre 2019 et janvier 2020 sur la commune de Segonzac (Charente), au lieu-dit « Les Marcioux ». Prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Nouvelle Aquitaine, cette fouille de 30 000 m2 visait à étudier des vestiges du Néolithique et de l’âge du Bronze, en préalable à l’installation du lotissement « Nouveau Quartier », réalisé par la commune.

Près de 1000 vestiges de l’âge du Bronze

Le décapage mécanique a permis d’ôter 0,30 à 0,70 m de terre végétale. Environ 1000 structures sont apparues. Elles se distinguent sur le calcaire blanc par un comblement sombre. Pour l’essentiel, elles correspondent à des fosses d’ancrage de poteau, initialement destinées à recevoir des pieux de bois. Plusieurs alignements de ces trous de poteau permettent de restituer différents plans de bâtiments, tous à ossature de bois.

Le mobilier recueilli (poterie et silex) renvoie à deux grandes phases d’occupation : un habitat de l’âge du Bronze ancien au sud-est de l’emprise, et un habitat de l’âge du Bronze final au nord-ouest. Après la période du Néolithique, qui a vu la sédentarisation des sociétés humaines et le développement de l’agriculture, l’âge du Bronze correspond à la découverte et à la maîtrise des alliages à base de cuivre. Il est suivi par l’âge du Fer.

Un habitat ouvert de l’âge du Bronze ancien (2200-1600 avant J.-C.)

Plusieurs plans de bâtiments peuvent être attribués à l’âge du Bronze ancien. Deux édifices à 4 poteaux ont été identifiés à l’est de l’emprise. Leur forme carrée et leurs dimensions modestes incitent à y voir des greniers surélevés. La fonction des deux bâtiments rectangulaires à une nef, constitués de 6 ou 8 poteaux, est plus difficile à cerner : habitation, stockage, lieu d’activité agricole, artisanale ? Au sud-est, un édifice quadrangulaire à 2 nefs, de 6 x 5,40 m, pourrait être une habitation. Cet habitat de l’âge du Bronze ancien semble donc ouvert et structuré, avec des zones liées aux activités (sans doute agropastorales) et des zones domestiques.

Des aménagements de l’âge du Bronze final (1400-800 avant J.-C.)

Au nord de l’emprise, plusieurs aménagements marquent l’emplacement d’un habitat de l’âge du Bronze final. Il s’agit notamment d’une palissade sur poteau, orientée est/ouest, et de plusieurs fosses ayant servi de dépotoir. Ces dernières contenaient de grandes quantités de poterie, dont certaines ornées de décors typiques de la fin de l’âge du Bronze.

Dans le même secteur, un bâtiment à 4 poteaux peut être interprété comme un grenier, mais aucun élément ne permet à ce stade de le dater. Il en va de même d’un long fossé curviligne tout proche. Conservé sur seulement 0,05 à 0,15 m d’épaisseur, ce fossé n’a livré que de rares fragments de poterie peu caractéristiques. Sa position, son orientation et sa courbure nous incitent néanmoins à l’associer aux structures précédemment évoquées.

Après la fouille …

Au terme de l’intervention de terrain, les investigations se poursuivront. Un important travail d’étude sera réalisé par les archéologues et les spécialistes de manière à obtenir le maximum d’information. Des datations par le radiocarbone permettront d’affiner la chronologie des différents contextes. Un rapport sera finalement rédigé pour synthétiser l’ensemble des résultats de cette opération.

Audrey Blanchard

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Nos fouilles en vidéo

Dans le courant de 2018, deux de nos opérations ont été filmées sur plusieurs mois, permettant d’observer la progression de la fouille sur le temps long.

Il s’agit de deux fouilles qui ont duré plus de six mois, avec à chaque fois de grandes équipes d’archéologues et de spécialistes, mais pour fouiller deux sites totalement opposés en terme de surface concernée, de type de vestiges, de chronologie et donc de méthodes.

La fouille d’un grand site gaulois

La première d’entre elle concerne la fouille d’un site d’habitat de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer à Saint-Marcel (Saône et Loire). Ici, le décapage mécanique concerne une très grande superficie (plus de 40 000 m²) et les pelles mécaniques enlèvent la terre végétale sur l’ensemble de la surface. Par la suite les archéologues fouillent à la main des centaines de structures en creux, vestiges d’un habitat en terre et bois aujourd’hui disparu. La minipelle vient par la suite aider à la fouille des structures plus importantes tels le fossé d’enclos gaulois et les puits profonds.

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La fouille d’un cimetière dense médiéval et moderne

La seconde opération correspond à la fouille d’un enclos paroissial du XIVe siècle à Epagny-Metz-Tessy (Haute-Savoie). Ici, la surface concernée est beaucoup plus réduite (environ 1500 m²), mais son décapage a mis au jour quelques vestiges de l’église disparue et surtout plus de 400 sépultures provenant du cimetière médiéval et moderne attenant. La fouille de ces structures funéraires prend beaucoup de temps et on peut voir l’avancée des archéologues avec à nouveau l’aide d’une minipelle qui sert ici à redécaper certaines surfaces pour retrouver des sépultures plus profondes.

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Un grand site gaulois au sud de Chalon-sur-Saône

Vue aérienne du chantier (cliché Flore Giraud)
Vue aérienne des puits fouillés au cœur de l'enclos (cliché Flore Giraud)
Fouille du puits n°1
Cuvelage en chêne du puits n°1

Une vaste opération archéologique préventive conduite par une de nos équipes, sous la responsabilité d’Amaury Collet, s’est achevée le 19 octobre dernier sur la commune de Saint-Marcel (Saône-et-Loire). Cette fouille de près de six mois, qui concernait une surface 4,3 ha prescrite par le Service régional de l’Archéologie (DRAC Bourgogne-Franche-Comté), est intervenue préalablement à la création d’une zone de compensation environnementale par la DREAL dans le cadre des travaux de réaménagement de la Route Centre-Europe Atlantique (RCEA).

Les vestiges les plus anciens du site mettent en évidence plusieurs phases d’occupation durant l’âge du Bronze (Bronze final, XIVᵉ-IXᵉ s. avant J.-C.) et au cours du premier âge du Fer (Hallstatt D, VIIᵉ-Vᵉ siècle avant J.-C.). Ces installations sont notamment matérialisées par des alignements de trous de poteau dessinant des plans de bâtiments faits de terre et de bois ainsi que des palissades. Les activités quotidiennes sont représentées par de grandes fosses polylobées destinées à l’extraction d’argiles et des vases silos semi-enterrés servant au stockage des céréales. Les morts sont également présents à proximité de l’habitat au travers de quelques sépultures à crémation isolées.

C’est dans la deuxième moitié du IIIᵉ siècle av. J.-C. que s’installe une vaste ferme gauloise qui va rester en activité jusqu’à la fin du second âge du Fer (milieu du Iᵉʳ siècle av. J.-C.). Le site se développe alors à moins de 2,5 km au sud-est de Cabillonum (l’actuel Chalon-sur-Saône), reconnu comme le port principal du territoire Eduen et un centre majeur pour l’artisanat et le commerce au croisement de plusieurs itinéraires. Cette établissement rural se développe sur près de 20 000 m² et s’organise autour d’un vaste enclos quadrangulaire de 75 m de côté qui se poursuit à l’est en dehors de l’emprise de fouille. L’intérieur de l’enclos, séparé du reste du site par un fossé originellement associé à un talus, abrite plusieurs bâtiments sur poteaux porteurs et des fosses destinées à des usages variés. La présence dans le fossé et dans d’autres structures de nombreux fragments d’amphores à vin, produit coûteux importé d’Italie, ainsi que des restes d’armement et de parures témoignent du statut privilégié d’une partie des occupants du lieu.

La fouille a révélé la présence exceptionnelle au sein de l’enclos gaulois de trois puits d’une profondeur moyenne de 4,50 m, parmi lesquels deux présentaient un cuvelage en bois de chêne dont la partie inférieure nous est parvenue dans un parfait état de conservation. Ces deux cuvelages, qui ont pu être intégralement démontés et prélevés, étaient ainsi conservés depuis le fond des puits sur une hauteur de près de 1,20 m. Le premier puits disposait d’un cuvelage soigné composé de quatre poteaux d’angles rainurés entre lesquels avaient été glissés des planches horizontales superposées, tandis que le cuvelage du deuxième puits était constitué de poutres emboîtées et superposées horizontalement suivant la technique du « blockbau ». Le caractère peu régulier des bois de ce dernier, de même que la présence sur certaines poutres de mortaises, d’encoches et de clous sans fonctions apparentes, suggèrent que son cuvelage a été conçu à l’aide de pièces de bois réemployées.

Grâce au travail des archéologues, aidés d’engins mécaniques indispensables, la fouille minutieuse de ces puits a également permis de retrouver des éléments en matières organiques piégés et conservés en milieu humide au fond des comblements. On peut mentionner la présence dans le premier puits de plusieurs fragments d’une corde et d’une attache de sceau, tandis que le deuxième puits présentait un amas spectaculaire d’éléments en bois parfois brûlés ainsi qu’une amphore et plusieurs vases écrasés. Parmi les éléments déjà identifiés se distinguent notamment une probable faisselle composée d’un demi tronc de chêne évidé et perforé, un manche de herminette (outil utilisé pour le travail du bois),  ainsi que divers éléments architecturés. A ces objets s’ajoute la présence de nombreux autres restes organiques (fruits, feuilles, branchages, graines, microfaune, etc.) qui offrent de nombreuses perspectives d’analyses paléoenvironnementales pour mieux connaître le mode de vie de ces populations.

La fouille de ce grand site gaulois au sud de Chalon-sur-Saône a donc permis la mise au jour de vestiges encore rarement connus pour l’époque. Leur étude en laboratoire débute aujourd’hui et promet encore de riches découvertes.

Amaury Collet

Ce site était ouvert lors des dernières journées du Patrimoine et vous trouverez sur cette page le communiqué de presse et la plaquette de présentation du chantier.

Cuvelage en chêne du puits n°2
Récipient en bois découvert dans le puits n°2
Manche de herminette découvert dans le puits n°2

Retour sur le chantier de Saint-Aubin

Parures celtiques découvertes à Saint-Aubin (Aube) au sein des tombes de la “Gloriette”

Un torque exceptionnel orné de figures humaines (tombe féminine - 4e-3e s. av. J.-C.)
Paire de fibules en bronze ornée de corail
Détail d'un torque issu d'une tombe féminine datée du 4e s. av. J.-C.
Fibules en bronze dont une ornée de corail
Parure issue d'une tombe du 3e s. av. J.-C.

(Crédits photos : A. Mailler/Bibracte pour Archeodunum)

Monuments aux mort.e.s dans le Nogentais

En 2014, une équipe d’archéologues des entreprises Paléotime et Archeodunum a exploré un terrain de plus de deux hectares sur la commune de Saint-Aubin (Aube). Ces travaux se sont inscrits en préalable à l’extension d’un centre de traitement de déchets, pour le compte de la société SITA/Suez.

Le site occupe le flanc d’une petite colline nommée « La Gloriette », qui domine le cours de l’Ardusson, un affluent de la Seine. À cet emplacement, les archéologues ont eu la chance rare de fouiller la totalité d’une nécropole de la fin de l’âge du Bronze puis de l’âge du Fer (9e à 3e siècle av. J.-C.).

Les monuments de l’âge du Bronze et du Premier âge du Fer prennent la forme de vastes tertres circulaires, dont subsistent les fossés périphériques et des tombes à crémation.

Au Second âge du Fer, la pratique de l’inhumation prend le relais. La nécropole de « La Gloriette » abrite une quarantaine de tombes, regroupées en huit enclos quadrangulaires souvent marqués par un fossé. La plupart des défunts étaient inhumés avec de la parure et/ou des armes, dont la très grande qualité révèle le haut statut de leurs propriétaires.

Parmi ces objets, sept torques (tours de cou) en bronze sont des parures féminines. Toutes différentes, leurs ornementations sont d’une remarquable finesse. Plusieurs fibules (broches) associent le bronze et le corail. Nous présentons ici une sélection de cette joaillerie d’exception.

Bien plus tard, aux 9e et 10e siècles apr. J.-C. (époque carolingienne), à 150 m à l’est, un nouveau cimetière regroupe une douzaine d’inhumations. Aucun objet n’a été découvert dans les tombes.

Dans leur ensemble, les traces de ces monuments funéraires renvoient aux diverses manières dont les sociétés humaines se comportent à l’égard de leurs morts : crémations ou inhumations, grands monuments ou caveaux familiaux, abondance ou absence d’objets accompagnant les défunts, en sont quelques aspects.

Les grands monuments de l’âge du Bronze marquent durablement le paysage et semblent inaugurer et conférer, pour plusieurs siècles, un caractère funéraire au site. Peut-être renforcée par une occupation de même nature au sommet de la colline, la position privilégiée de ce petit cimetière structure le paysage, et affirme le prestige des vivants et leur domination sur les alentours.

Enfin, en dépit d’une très mauvaise conservation des squelettes, l’étude fine des ossements a notamment permis d’entrevoir la vie quotidienne. Dans ce domaine et pour la période gauloise, il faut signaler les traces répétées d’une usure atypique des dents, qui renvoie au travail des fibres ou du cuir.

Les élites celtiques de « La Gloriette », tant hommes que femmes, sont donc également (et peut-être avant tout) des artisans. Dans ce sens, il est plaisant de penser qu’à l’image de l’armement et de la joaillerie de qualité, parfois exceptionnelle, qui les accompagnent dans la mort, ces hommes et ces femmes ont été de leur vivant des maîtres dans leur spécialité.


Une sélection du mobilier issu du site de Saint-Aubin « La Gloriette » est présentée dans le cadre de l’exposition « Les Sénons » qui se tient du 19 mai au 29 octobre 2018 au Palais synodal de Sens et au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Troyes. Articulée autour de cinq thèmes (1. Les Sénons avant les Sénons en Europe celtique ; 2. Les Sénons entrent dans l’Histoire ; 3. Croyances religieuses, monde des morts et société ; 4. Territoire, production et consommation ; 5. Les Sénons après la conquête), cette exposition exceptionnelle offre, pour la première fois, un panorama exhaustif sur l’un des peuples les plus fameux de la Gaule, que César classera « parmi les plus puissants et qui jouit parmi les autres d’une grande autorité ».

Commune: Saint-Aubin
Adresse / lieu-dit: La Gloriette
Département / Canton : Aube (10)
Pays: France

Date de l’intervention:
du 25/08/2014 au 31/10/2014

Période(s) concernée(s): Age du Bronze ; Age du Fer ; Moyen-Age ;

Raison de l’intervention:
Extension d’un centre de traitement des déchets

Responsable d’opération: Guillaume VARENNE (Paléotime)
Etude du mobilier métallique: Amaury Collet (Archeodunum)
Etude anthropologique: David Gandia (Archeodunum)


Suivi scientifique:
SRA Grand-Est
Aménageur: SITA Dectra/SUEZ

Carte

Une nécropole et des traces d’artisanat de l’âge du Fer mis au jour à Dax (Landes)

Vue aérienne du site (Cliché Sam John - Archeodunum)
Sépulture à crémation dans une urne du premier âge du Fer (cliché Archeodunum)
Grenier du deuxième âge du Fer / Haut-Empire (cliché Archeodunum)
Fragment de sole perforée de four retrouvée au fond d'une fosse (cliché Archeodunum)

La fouille de Dax, préalable à la construction du premier « village Alzheimer » de France, a débuté le 8 novembre 2017 et s’est achevée le 16 février 2018. Menée par huit archéologues, sous la direction de Alexandre Lemaire et Stéphanie Lemaître, elle a offert un regard diachronique sur l’occupation rurale d’un secteur proche de la ville antique, à travers une fenêtre de 2,5 ha.

Les installations successives ont été conditionnées par la présence, dans l’axe médian de l’emprise de fouille, d’un fond de vallon qui draine encore aujourd’hui les eaux météoriques, conférant au secteur un caractère particulièrement humide tout au long de son histoire. Les vestiges s’étendent sur une aire chronologique qui débute à la période néolithique et s’achève à la période contemporaine, et soulignent les efforts ininterrompus des occupants pour drainer le site.

Deux ensembles fonctionnels se distinguent toutefois : à l’est du thalweg, une petite nécropole à crémations du premier âge du Fer (VIIème-VIème s. a.C.) témoigne probablement de la proximité de l’habitat d’une petite communauté (une quinzaine de tombes). A l’ouest du thalweg, les vestiges tendent à caractériser un secteur artisanal marqué par une demi-douzaine de fours démolis et par les ancrages des structures porteuses d’au moins quatre bâtiments édifiés en terre et bois, dont deux probables greniers. La chronologie et la contemporanéité des ces structures reste à établir, mais une partie des fours semble d’ores-et-déjà orienter l’activité vers la production de sel gemme (présence d’augets rectangulaires à pâte violacée par réaction chimique au contact du sel), susceptible d’ancrer l’origine des salines dacquoises dans une histoire bien plus ancienne que celle qui était jusque-là envisagée.

Alexandre Lemaire


Et retrouvez le reportage effectué pendant la fouille par la société Dia!Films pour la web-tv du département des Landes.

Découvertes néolithiques et protohistoriques autour de Pontivy

Vue du fossé palissadé de Kernaud 1
Vue aérienne de l'épandage à Kernaud 2
Vue d'un des bâtiments néolithiques de Neulliac
Vue aérienne d'un des enclos de l'âge du Bronze de Neulliac

Entre le mois d’octobre 2016 et le mois de juillet 2017, pas moins de trois fouilles ont été réalisées aux abords de l’agglomération de Pontivy (Morbihan) : deux dans le cadre du contournement nord de la ville, et une actuellement en cours pour l’aménagement d’un futur parc d’activités. Ces fouilles réalisées par les équipes d’Audrey Blanchard et Mohamed Sassi ont permis de mettre au jour des occupations du Néolithique, de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer.

Sur la commune même de Pontivy, à Kernaud 1, la fouille d’une surface de 3800 m² en novembre 2016 a permis la mise au jour d’un réseau de fossés daté de la fin du second âge du Fer. Sous la responsabilité de Mohamed Sassi, les archéologues ont identifié la présence d’au moins un système d’enclos fossoyés avec une entrée et sans doute une partition interne de l’espace. En parallèle, au moins quatre bâtiments de petites surfaces (fondations comprises entre 5 et 9 m2) évoquent la présence de greniers et deux structures de combustion complètent cette occupation comprise entre le IIe et le début du Ier siècle av. J.-C d’après l’étude de la céramique. [Accès à la notice complète]

À proximité immédiate, mais sur le territoire de la commune de Cléguérec, le site de Kernaud 2 occupe une surface de 5600 m². Audrey Blanchard et son équipe ont alors repéré 70 structures et un épandage de mobilier datés de l’âge du Bronze final. Des aménagements de pierres ont également été distingués en limite d’emprise et pourraient correspondre aux restes d’un habitat. Un second décapage a permis de repérer une vingtaine de structures supplémentaires, aux abords et sous l’épandage, mais malheureusement le mobilier ne permet pas de les raccorder clairement à une occupation antérieure distincte. [Accès à la notice complète]

Enfin, à cinq kilomètres plus au nord-est, près de cinq hectares sont en cours de fouille avant l’implantation du Parc d’Activités de Saint-Caradec à Neulliac. Cette grande emprise décapée permet la découverte de multiples structures en creux, vestiges d’occupations du Néolithique et de l’âge du Bronze. Audrey Blanchard et Jimmy Ménager y dirigent la fouille de plusieurs bâtiments du Néolithique et d’enclos funéraires de l’âge du Bronze, entre autres témoignages de la Protohistoire. Ces vestiges présagent un apport d’informations importantes pour la connaissance de ces périodes en Bretagne, les bâtiments du Néolithique étant encore largement méconnus. [Accès à la notice complète]

Notons que ces dernières fouilles sont toujours en cours, mais les archéologues font déjà parler d’eux ! [Extrait de l’émission de France Inter : La Récréation du 22 mai 2017]

Du Néolithique à l’âge du Fer aux Mureaux

Vue du site au drone depuis l'ouest
Branche sud de l'enclos Second âge du Fer niveau
Enclos funéraire âge du Bronze avec au centre une sépulture secondaire à crémation
Petit bâtiment circulaire du Néolithique moyen
Grand bâtiment circulaire du Néolithique moyen

Etablissement rural du Second âge du Fer et habitat du Néolithique moyen aux Mureaux (Yvelines)

Aux Mureaux, préalablement aux travaux d’extension de la station d’épuration de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, une équipe d’archéologue de la société Archeodunum a réalisé une fouille archéologique préventive du 27 février au 5 mai 2017. Cette opération portait sur une surface de 15000 m² prescrite par le Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France) suite à un diagnostic mené par le Service Archéologique Départemental des Yvelines en 2015, ce dernier ayant notamment révélé la présence de structures et d’artefacts en rapport avec un probable établissement rural du Second âge du Fer. Le décapage extensif du site a permis de découvrir, outre ces vestiges, les traces d’une occupation du début du Néolithique moyen caractérisée par la présence exceptionnelle de deux bâtiments circulaires.

Le Néolithique

C’est dans la partie centrale de l’emprise, localisée sur la bordure de la plaine de Flins en surplomb de la rive gauche de la Seine, que s’installe l’habitat du début du Néolithique moyen (vers 4500 avant notre ère) matérialisé par les vestiges des deux bâtiments circulaires à proximité desquels se développent des fosses, plusieurs palissades ainsi qu’un four à pierres chauffées probablement contemporain. Le premier bâtiment, qui mesure 7 m de diamètre, est constitué sur son flanc ouest d’un demi-cercle formé de 16 petits trous de poteaux auquel répond en symétrie un trou de poteau de dimensions plus importantes, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne en deux aires inégales d’environ deux tiers et un tiers de la surface. Le second bâtiment est bien plus imposant puisqu’il atteint près de 15 m de diamètre : la construction fait ici intervenir d’une part une tranchée hémicirculaire recevant des poteaux qui délimite la partie ouest du bâtiment, et d’autre part un demi-cercle formé de 6 trous de poteaux qui ferment l’espace à l’est, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne suivant le même principe que pour le premier bâtiment. Moins d’une vingtaine de constructions de ce type sont connues en France, essentiellement dans le Bassin parisien. L’identification de deux habitations circulaires sur le site de la station d’épuration des Mureaux s’avère donc précieuse pour l’analyse de cette forme d’habitat du milieu du Vᵉ millénaire avant notre ère qui semble succéder aux grandes habitations de modèle danubien du Néolithique ancien.

S’ajoute à cet ensemble une série importante de fosses se développant dans la partie septentrionale de l’emprise, à proximité de la Seine, qui pourrait correspondre à une fréquentation des rives du fleuve durant le Néolithique final (entre 3500 et 2200 avant notre ère), datation à confirmer par carbone 14.

La Protohistoire

D’après le mobilier céramique recueilli dans plusieurs structures, la fréquentation du site semble se poursuivre durant l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant notre ère), notamment au cours du Bronze final. C’est probablement à cette période que se situe l’édification d’un petit enclos funéraire ovoïde de 5,5 x 4,5 m de diamètre, localisé à l’extrémité méridionale de l’emprise, qui abritait en son centre une sépulture secondaire à crémation en pleine terre. Une datation carbone 14 sur les ossements brûlés recueillis permettra de caler avec plus de précision la période d’édification de ce monument funéraire isolé.

Les vestiges protohistoriques les plus significatifs datent du Second âge du Fer (entre 500 et 50 avant notre ère) et se développent sur l’ensemble de la partie méridionale du site. Les différents aménagements repérés (trous de poteaux, fosses, foyers, fossés) semblent se rattacher à un établissement rural fréquenté d’après le mobilier recueilli entre La Tène ancienne et le début de La Tène finale. Un grand enclos rectangulaire d’orientation nord-est/sud-ouest (partiellement hors emprise) est délimité par un fossé mesurant plus de 50 m de long d’est en ouest pour 45 m de long du nord au sud. Ce fossé est interrompu sur ses côtés nord et sud afin de ménager des entrées de 3,5 m de large, et il présente la particularité d’être resté ouvert au nord et au sud tandis que son segment oriental, plus modeste, semble avoir été palissadé. Plusieurs exemples de recoupements de structures fossoyés par le fossé de l’enclos pourraient témoigner de la création de ce dernier lors d’une restructuration de l’établissement rural, tandis que le mobilier recueilli dans son remplissage suggère qu’il a été comblé avant l’abandon définitif du site, probablement durant La Tène moyenne. L’espace interne de l’enclos est occupé par au moins six bâtiments sur poteaux qui appartiennent à au moins deux phases de construction successives d’après les recoupements observés. On distingue notamment deux grands bâtiments de plan quadrangulaire complexe occupant 30 et 64 m² de surface au sol, interprétés comme des unités domestiques, tandis que les autres bâtiments pourraient correspondre à des annexes agraires. Quatre autres bâtiments ont été mis au jour au nord de l’enclos, parmi lesquels deux greniers sur six poteaux ainsi qu’un grand bâtiment de plan quadrangulaire complexe. Ce dernier, qui a livré du mobilier céramique de La Tène finale (dont un fragment d’amphore), constitue à ce jour l’élément le plus tardif de l’occupation protohistorique du site.

Par la suite, seul un fossé isolé témoigne d’une fréquentation sporadique du site durant l’antiquité, avant qu’à l’époque moderne le terrain ne fasse l’objet d’une mise en culture avec le creusement de fosses de plantations et de fossés parcellaires.

Les découvertes effectuées sur le site de la station d’épuration des Mureaux permettent d’apporter nombre de données inédites concernant les occupations néolithiques et protohistoriques des rives de la Seine dans le département des Yvelines. Les études actuellement en cours permettront notamment de déterminer avec plus de précision les différentes périodes d’occupation du site et le phasage de l’établissement rural du Second âge du Fer.

Amaury Collet