Découverte d’un village du haut Moyen Âge à Genté
Depuis fin janvier 2022, et pour une durée de trois mois et demi, une équipe d’Archeodunum mène une fouille archéologique à l’ouest de Genté (Charente), aux lieux-dits « La Combe des Gourdins » et « Le Fief de la Couture ».
Objet d’une prescription du Service régional de l’archéologie de Nouvelle-Aquitaine motivée par l’agrandissement d’une zone artisanale, la zone à étudier occupe un peu plus de quatre hectares. Les premiers résultats sont spectaculaires : sur un spectre d’occupation couvrant environ 1500 ans, les archéologues ont mis au jour un village du haut Moyen Âge, des bâtiments de l’âge du Fer et des traces d’activités agricoles de ces deux périodes.
Plusieurs centaines de vestiges
La fouille a débuté par le retrait de la terre végétale à l’aide de pelles mécaniques, sous la surveillance de l’équipe et la responsabilité de Michaël Gourvennec. Sous cette couche, les archéologues ont recensé 1317 structures (ou vestiges) creusées dans le sol. Dessinant un enchevêtrement parfois complexe, elles appartiennent à différentes époques et se répartissent en grandes catégories : des trous de poteau formant des plans de bâtiments (ultimes restes de constructions en bois), bâtiments à sols excavés ou fonds de cabane, des fossés et des fosses. Chaque vestige est fouillé manuellement, avec une truelle, photographié, dessiné (en plan et en coupe), minutieusement décrit et le mobilier recueilli est inventorié. L’ensemble des informations ainsi obtenu permettra de mieux comprendre les activités de ces communautés.
Un village du haut Moyen Âge
C’est la période médiévale qui concentre la majorité des vestiges : plus précisément entre le VIe et le VIIe siècle ap. J.-C., selon les premières indications livrées par les objets en poterie . Les vestiges archéologiques permettent d’identifier des plans de bâtiments situés à l’intérieur d’une enceinte fossoyée séparant, tant physiquement que symboliquement, l’espace d’habitation et de stockage de celui de production.
De ces bâtiments, il ne subsiste plus aujourd’hui que les trous de poteau. Ces bâtiments disposaient donc d’une ossature en bois, associant parfois la terre crue pour les murs et la terre cuite pour les toits (tuiles plate type tegulae). Il n’est pas impossible que des toits de chaume aient existé et cohabité avec des toits en tuile mais ils ont disparu sans laisser de traces !
Parmi ces bâtiments on retrouve des bâtiments à quatre poteaux caractéristiques des greniers de la période et des bâtiments plus imposants, à cinq, six voire douze trous de poteaux ! Ceux-ci sont très certainement des bâtiments d’habitation et/ou servant d’étable.
En plus de ces bâtiments sur poteaux, les archéologues ont mis au jours des « fonds de cabane ». Ces vestiges correspondent à des bâtiments dont le sol a été creusé (sur 0,50 m en moyenne) permettant de disposer d’un sol propice à certaines activités artisanales comme le tissage. Ces bâtiments disposaient aussi de poteaux supportant les cloisons et la charpente. Les poteaux peuvent être disposés aux angles du creusement ou bien dans l’axe de celui-ci, les poteaux se trouvant alors en vis-à-vis aux extrémités du creusement.
Au total, on recense 67 bâtiments pouvant appartenir au haut Moyen Âge. Il semble qu’à chaque bâtiment d’habitation corresponde un petit groupe de bâtiment de type grenier. Compte-tenu du nombre de grenier (38 !), l’une des principales activités était l’agriculture. À cela s’ajoute peut-être une activité pastorale et de petites activités artisanales comme en témoigne les « fonds de cabane ». L’ensemble de ces vestiges permettent d’envisager l’existence d’un village durant les VIe-VIIe siècle ap. J.-C.
Une ferme de l’âge du Fer
Bien avant le village du haut Moyen Âge, une petite ferme de l’âge du Fer (800-100 av. J.-C.) occupe le bas de la colline de la Combe des Gourdins. Celle-ci se compose de neuf bâtiments, comprenant des bâtiments d’habitation et des bâtiments de stockage. Comme pour l’occupation du haut Moyen Âge, il semble que cette ferme était enclose. Un fossé, peut-être palissadé, délimitait cette ferme à l’ouest.
Pour la suite…
Au sortir du terrain (vers fin avril), la communauté de commune du Grand-Cognac pourra poursuivre l’agrandissement de la zone artisanale de la Combe des Gourdins. Côté archéologie, les experts d’Archeodunum étudieront l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, graines, pollens, etc.) afin de comprendre au mieux quelle a été la vie des communautés humaines à des époques bien différentes dans ce secteur de la Charente. En particulier, on saisira mieux l’activité agricole et pastorale durant le haut Moyen Âge. Tous les résultats seront rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté. À suivre !
Opération d’archéologie préventive du 24 janvier au 29 avril 2022 sur la commune de Genté (Charente), en préalable à l’agrandissement de la zone d’activité de la Couture.
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Nouvelle-Aquitaine.
Maîtrise d’ouvrage : Grand Cognac Communauté d’Agglomération
Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Michaël Gourvennec)