Découverte d’une église paléochrétienne à Aoste (Isère)
Les fouilles menées sur le site de la ZAC PIDA à Aoste ont été motivées par la découverte, lors de l’opération de diagnostic, de vestiges interprétés alors comme un probable bâtiment antique, associé à des inhumations plus tardives. L’accent était également mis sur la problématique des nombreux paléochenaux qui traversent le site de toute part. Il s’est avéré à la suite du décapage extensif du site qu’il s’agissait en réalité d’une probable église paléochrétienne, effectivement associée à une vingtaine de sépultures à inhumation, mais également à un habitat vraisemblablement contemporain, ou du moins en partie.
Une double enceinte fossoyée, délimitant une surface d’environ 2700 m², accueille outre l’église, plusieurs bâtiments d’habitation (au moins une dizaine) matérialisés par environ 300 trous de poteau, diverses fosses (une douzaine), et un puits. L’organisation de l’espace interne semble se dessiner par quart, avec dans le quart nord-est l’église et les sépultures, dans le quart sud-est, un espace vide dont la fonction n’est pas encore déterminée (place, zone potagère…), dans le quart sud-ouest un puits, des fosses d’extraction et dépotoirs, et probablement deux ou trois bâtiments (vocation agricole ? greniers ?), et dans le quart nord-ouest les bâtiments d’habitation.
Les murs de l’église ont très largement été récupérés à une période encore non définie, ce qui a notamment entrainé des perturbations sur les inhumations. Ces dernières prennent place à l’extérieur et à l’intérieur de l’édifice, elles sont orientées soit nord/sud (tête au nord) soit est/ouest (tête à l’ouest).
En dehors de l’enceinte, quelques greniers sur poteaux ont été mis au jour, ainsi qu’un bâtiment imposant (à l’angle sud-ouest de l’enceinte), qui a livré des poteaux en bois conservés de 0,80 m à 1 m de haut pour une largeur d’environ 0,40 m. On dénombre également quelques fossés et un probable fond de cabane.
Le mobilier archéologique très rare sur ce site, n’a pas permis au moment de la fouille de préciser la chronologie des différents vestiges. La majorité de la céramique rappelle néanmoins le début du haut Moyen-Âge. Une datation 14C a été réalisée sur un charbon provenant d’un des fossés de l’enclos et donne une fourchette comprise entre 560 et 650 apr. J.-C.
Les études étant actuellement en cours, de nombreuses questions restent encore en suspens, notamment concernant la date de sa création et sa durée d’occupation.
Ce site, qui pourrait s’apparenter à un enclos ecclésial, s’avère exceptionnel car il est très rare de pouvoir associer une église à un habitat clairement délimité.
Marie-Josée Ancel