Plouharnel, le Plasker : Fenêtre ouverte sur le Néolithique
C’est en automne 2020 qu’une équipe d’Archeodunum a procédé à une fouille archéologique sur la commune de Plouharnel (Morbihan). Cette opération, prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, était motivée par l’extension du parc d’activités du « Plasker » commandée par la communauté de communes d’Auray Quiberon Terre-Atlantique. Conformément aux attentes, divers vestiges vieux de plusieurs millénaires ont été découverts : cairn, menhirs et foyers.
Au cœur du Morbihan néolithique
Le site est localisé à l’entrée nord de la commune de Plouharnel, sur le littoral sud du Morbihan. Le contexte archéologique est riche, avec de nombreux sites mégalithiques datés du Néolithique, dont les célèbres alignements de Carnac situés à 3 km au sud-est.
L’opération s’est déroulée entre octobre et décembre 2020, sur une surface de 7 100 m². L’équipe, sous la direction d’Audrey Blanchard, a exploré des vestiges de plusieurs natures. Tous appartiennent au Néolithique (du 6e au 3e millénaire av. J.-C.), sans qu’on puisse pour l’instant connaître leur répartition durant cette longue période.
Une tombe monumentale
La fouille a tout d’abord révélé un site à vocation funéraire (au sud-ouest), conservé sur à peine 15 cm d’épaisseur. Il s’agit d’un cairn (masse de pierres couvrant une sépulture) de forme subcirculaire et de 5 mètres de diamètre. Cette architecture de pierre était délimitée par des blocs verticaux fichés dans un petit fossé périphérique. Au centre, un coffre funéraire quadrangulaire était aménagé pour recueillir le ou les défunts. Hélas, comme il est très arasé, aucun vestige mobilier ou osseux n’a été retrouvé ! L’ensemble était recouvert de petits moellons de granite. Tout autour, des pierres (dressées ou couchées), des empierrements et de possibles calages de menhirs devaient contribuer à renforcer son aspect monumental
Vingt-huit foyers à pierres chauffées bien conservés
Audrey et son équipe ont découvert pas moins de vingt-huit structures de combustion. Ces foyers sont installés dans des fosses creusées dans le sol. Ils sont tapissés d’une couche charbonneuse et remplis de nombreuses pierres rougies par la chaleur. Leur fonction demeure pour l’heure énigmatique : cuire des aliments pour des repas collectifs ? ou fournir de l’éclairage ? Nos archéologues comptent sur des analyses pour obtenir des éléments de réponse.
Ces foyers s’organisent en différents ensembles (dont deux batteries de quatre) et se répartissent sur toute la moitié orientale de la zone de fouille. Bien que situés loin des habitations, ces aménagements sont fréquents sur les sites de cette époque, notamment en association avec des mégalithes.
Une ligne de menhirs ?
Dernier élément remarquable, trois grandes fosses s’organisent selon un alignement nord/sud. De forme circulaire, d’un diamètre d’environ 2 mètres, ces fosses sont remplies de blocs pouvant dépasser les 40 kg. On pense que ces structures ont pu accueillir de grandes stèles (menhirs), aujourd’hui disparues.
Les pierres dressées devaient être de dimensions importantes. Elles ont probablement été réutilisées pour la construction de monuments mégalithiques (dolmens notamment). Ce phénomène est fréquent et ces réemplois sont constatés dès le Néolithique, ainsi que l’illustre par exemple le site de La Table des Marchands à Locmariaquer.
Et après ?
La Communauté de communes a désormais récupéré son terrain et poursuit son aménagement. Côté archéologie, nos experts vont étudier l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.). Des analyses par le radiocarbone permettront d’affiner la datation de tous ces aménagements. Tous les résultats seront rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté, qui permettra de mieux comprendre la longue histoire de Plouharnel et de sa région.
Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2020 sur la commune de Plouharnel (Morbihan), en préalable à l’extension du parc d’activités du Plasker
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Bretagne.
Maîtrise d’ouvrage : Communauté de communes Auray Quiberon Terre-Atlantique
Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Audrey Blanchard)